L’ARCHÉOMÈTRE
(suite)(*)
Nous devons maintenant considérer l’Archéomètre au point de vue de la division de l’année.
Les deux zones extrêmes contiennent chacune 360 degrés, correspondant à la division du cercle zodiacal. Le point de départ de ces deux zones est au premier degré du Capricorne ; mais la première (en partant du centre) va de droite à gauche par rapport au centre de la figure (sens naturel de rotation, qui marque ici l’ordre dans lequel le Soleil traverse successivement les signes zodiacaux), tandis que la zone extérieure va au contraire de gauche à droite. Ainsi, à partir du 1er degré du Capricorne, qui correspond au zéro pour les deux divisions (et en même temps au chiffre 360, car le point de départ est aussi le point d’arrivée), la division intérieure se dirige vers la gauche, et la division extérieure vers la droite. Par suite de cette disposition en sens inverse, la somme des chiffres placés à des points correspondants dans les deux divisions est toujours égale à 360 ; le milieu, qui correspond dans l’une et l’autre au chiffre 180, est au 1er degré du Cancer(35).
Il n’est pas parfaitement exact de dire, comme nous venons de le faire, que le point d’arrivée du cycle coïncide avec son point de départ, car, en réalité, un cycle n’est jamais fermé ; on doit le considérer comme une spire d’une hélice tracée sur un cylindre, de telle sorte que ses deux extrémités sont situées sur une même génératrice du cylindre. Ces deux points ne sont donc pas en réalité dans un même plan, mais leurs projections sur un plan de base du cylindre sont confondues, de même que les projections de tous les points correspondants de chacune des spires successives de l’hélice(36). La figure de l’Archéomètre peut être regardée ainsi comme la projection d’un cycle (ou de cycles successifs superposés) sur un plan de base, d’ailleurs indéterminé. Par contre, les extrémités du cycle seraient distinctes si la projection de l’hélice était faite sur un plan perpendiculaire au précédent, c’est-à-dire parallèle à l’axe et aux génératrices du cylindre ; elles le sont également lorsque l’on considère la circonférence développée (voir la figure de la p. 214).
Avec cette restriction qu’un cycle évolutif n’est jamais fermé, on peut regarder l’année comme un cercle, sa durée étant déterminée par le temps que met le Soleil à parcourir l’Écliptique ; d’ailleurs, le mot annus signifie étymologiquement cercle ou cycle, et ce sens s’est conservé dans le diminutif annulus, anneau, qui en est dérivé. Ce mot annus désignait primitivement un cycle temporel quelconque, mais il a pris ensuite un sens plus restreint, il est devenu la désignation d’un cycle particulier, celui que, aujourd’hui encore, nous appelons l’année.
Le nombre 360 se rapporte à la durée de l’année, qui, chez les Égyptiens, se composait de 12 mois de 30 jours, plus 5 jours supplémentaires, appelés par les Grecs jours épagomènes(37).
La durée de l’année physique de la Terre est d’environ 365 jours ¼(38) ; les jours épagomènes, au lieu d’être rejetés à la fin de l’année, sont distribués maintenant dans les différents mois, qui ont par suite des durées inégales. Remarquons que le nombre 365 est le nombre total des Éons ou émanations d’après Basilide ; ce nombre est donné par la valeur numérique des lettres du mot Ἀϐραξας ou Ἀϐρασαξ, qui se trouve sur un grand nombre de figures gnostiques(39) :
Α | = | 1 |
Β | = | 2 |
Ρ | = | 100 |
Α | = | 1 |
Σ | = | 200 |
Α | = | 1 |
Ξ | = | 60 |
365 |
Si nous exprimons maintenant le même nombre 365 en caractères hébraïques, nous aurons les lettres suivantes :
ש | = | 300 |
ס | = | 60 |
ה | = | 5 |
365 |
La lettre ש représente un principe de feu, אש ; ס, par sa forme circulaire, figure le serpent qui se mord la queue, Οὐροϐόρος, qui était, chez les Égyptiens, le symbole du cycle temporel en général, et en particulier du cycle qui contient tous les autres, et qui marque la durée d’un monde. Ce cycle, qui est appelé en sanscrit Kalpa, peut être regardé comme une durée indéfinie ; mais il est cependant une période limitée, aussi bien que ses diverses subdivisions (Manvântaras et Mahâ-Yougas), sur lesquelles nous aurons à revenir dans la suite. L’ensemble de ces deux lettres ש et ס signifie donc Feu-Serpent, ce qui est le sens du mot sanscrit Koundalini, un des noms du Serpent Astral(40). La lettre ה, symbole de la vie, indique que le Serpent Astral est le principe vital du Monde : c’est l’Anima Mundi, l’Asoth des alchimistes(41) ; le mot הוה, qui signifie la Vie universelle, désignait aussi le serpent en langue égyptienne.
Si du nombre 365 on retranche 10 = י, on a 355, représenté en hébreu par les lettres suivantes :
ש | = | 300 |
נ | = | 50 |
ה | = | 5 |
355 |
Ces trois lettres forment le mot שנה (Shanah), qui signifie précisément l’année en hébreu, la durée de l’année hébraïque normale étant en effet de 355 jours(42). En transportant la lettre ש du commencement de ce mot à la fin, et en remplaçant ה par ח, qui représente la vie élémentaire, חוּה, l’existence matérielle, soumise au travail et à l’effort(43), on a le mot נחש (Nah’ash), qui est le nom du Serpent de la Genèse.
Revenons à la division de l’année. Nous avons vu précédemment que les quatre trigones correspondent aux douze signes zodiacaux pris trois par trois. Chaque signe zodiacal occupe sur la circonférence un intervalle de 30 degrés, qui sont les 30 jours du mois solaire(44). Les quatre branches de la croix centrale correspondent aux solstices et aux équinoxes, et les grandes fêtes liturgiques sont réparties de la façon suivante dans les douze signes zodiacaux :
Au triangle de Terre, dont le sommet est au solstice d’Hiver, correspondent :
1o Le Capricorne, et Saturne N. — Noël et Saint-Jean d’Hiver.
2o Le Taureau, et Vénus N. — Ascension et Pentecôte.
3o La Vierge, et Mercure N. — Assomption.
Au triangle d’Eau, dont le sommet est au solstice d’Été, correspondent :
1o Le Cancer, et la Lune. — Fête-Dieu et Saint-Jean d’Été.
2o Le Scorpion, et Mars N. — Toussaint et Jour des Morts.
3o Les Poissons, et Jupiter N. — Purification et Cendres.
Au triangle de Feu, dont le sommet est à l’équinoxe de Printemps, correspondent :
1o Le Bélier, et Mars D. — Annonciation et Pâques.
2o Le Lion, et le Soleil. — Visitation.
3o Le Sagittaire, et Jupiter D. — Immaculée Conception.
Au triangle d’Air, dont le sommet est à l’équinoxe d’Automne, correspondent :
1o La Balance, et Vénus D. — Nativité de la Vierge et Fête des SS. Anges.
2o Le Verseau, et Saturne D. — Épiphanie et Baptême de N. S.
3o Les Gémeaux, et Mercure D. — Trinité.
Pour plus de simplicité, nous avons conservé à ces fêtes les noms qu’elles portent dans la liturgie catholique ; mais il importe de remarquer que leur origine remonte à une antiquité beaucoup plus reculée, et qu’on les retrouve chez presque tous les peuples, sous des noms divers, mais avec un symbolisme identique(45).
Nous indiquerons en particulier dans la suite la signification de chacune de ces fêtes et ses rapports avec le signe zodiacal correspondant ; pour le moment, nous nous bornerons à faire remarquer la présence, aux deux solstices, des deux Saint-Jean d’Hiver et d’Eté(46). Saint Jean remplace ici le Janus latin, dont les deux visages représentaient les deux moitiés de l’année, qu’il ouvrait et fermait avec ses deux clefs(47). Ces clefs, placées en croix, forment une figure analogue à celle du Swastika, emblème du Ganésha hindou, dont le nom doit aussi être rapproché de celui de Janus, et dont le symbolisme, que nous aurons à étudier plus tard, se rapporte également à l’année.
Au point de vue astronomique, les deux branches du Swastika représentent l’axe des solstices et celui des équinoxes ; en tournant autour de son centre, dans le sens indiqué par la direction des extrémités de ses branches, la croix engendre par sa révolution le cercle de l’année.
L’année ayant son commencement au solstice d’Hiver, qui correspond au Nord, et son milieu au solstice d’Été, qui correspond au Midi, l’équinoxe de Printemps doit correspondre à l’Orient, et l’équinoxe d’Automne à l’Occident(48). Dans la figure de l’Archéomètre, par rapport à l’axe Nord-Sud, l’Orient se trouve donc à gauche, et l’Occident à droite, ce qui est l’inverse de la disposition ordinaire ; mais il faut remarquer que la partie du Zodiaque qui correspond au Nord dans l’année est celle qui est située au Sud de l’Équateur, et que, réciproquement, la partie qui correspond au Sud est celle qui est située au Nord de l’Équateur, ce qui inverse toutes les correspondances par rapport à la sphère terrestre.
Nous avons indiqué précédemment les correspondances des lettres zodiacales et planétaires ; au sommet, c’est-à-dire au solstice d’Hiver, point de départ de l’année, se trouvent la zodiacale du Capricorne (Ph) et la planétaire de Saturne (Sh) ; la première est spéciale au nom du Verbe (IPhO), et la seconde au nom de Jésus (IShO) ; la somme des valeurs numériques de ces deux lettres donne le nombre 380 (Ph = 80, Sh = 300).
Considérons un cycle de 19 ans, très employé dès la plus haute antiquité, et auquel les Kaldéens ont donné le nom de Saros ; ce cycle, ainsi que nous l’avons fait remarquer précédemment (p. 213 [note 23]), concorde avec les 19 lettres (12 zodiacales et 7 planétaires) utilisées dans l’Archéomètre. En 19 ans, l’année de 365 jours ¼ donne 6939 jours ¾ ; or, 14 années harmoniques de 360 jours plus 5 de 380 (formant la période du Saros) donnent :
360 | × | 14 | = | 5040 | |
380 | × | 5 | = | 1900 | |
19 ans | = | 6940 | jours |
L’année de 365 jours ¼ était donc parfaitement connue de l’Université Patriarcale Adamique et Antédiluvienne à laquelle il faut faire remonter l’origine de l’Archéomètre. La légère différence entre 6939 jours ¾ et 6940 jours indiquerait la diminution de l’année solaire(49) ; en même temps, elle permettrait aux astronomes de déterminer la date de l’année antédiluvienne(50). La durée de celle-ci, d’après les données précédentes, aurait été de ( 6940 ) / 19 = 365 j., 26315, ou 365 j. 6 h. 18 m. 56 s. ; or la durée de l’année sidérale actuelle est de 365 j. 6 h. 9 m. 11 s. ; notre année serait donc plus courte de 9 m. 45 s.
D’autre part, en multipliant l’un par l’autre les deux nombres 80 et 300, on a le cycle harmonique de 24000 ans, la Grande Année de toutes les anciennes Universités asiatiques ; ce cycle se rapporte à la précession des équinoxes, c’est-à-dire au temps que met l’axe terrestre à reprendre la même position après avoir décrit, d’Orient en Occident, un cône dont la trace sur la sphère céleste est un petit cercle ayant pour pôle géométrique le pôle de l’Écliptique, et pour rayon un arc de 23°27′ ; pendant cette période, toutes les étoiles situées sur ce petit cercle jouent successivement le rôle d’étoile polaire(51). Il y avait encore d’autres nombres employés à la mesure de la Grande Année, par exemple le Van des anciennes Universités tartares, 180, qui, multiplié par le carré de 12, soit 144, donne 25920, l’un des chiffres indiqués par les modernes ; les autres sont 25765 et 26000(52).
Dans l’Archéomètre, le point de départ de l’année est situé à Noël et au solstice d’Hiver, et les planètes sont placées au 15e degré de leurs maisons diurnes et nocturnes ; chacune des douze maisons correspond à l’espace occupé par un signe zodiacal, espace qui est par conséquent de 30 degrés. Ce n’est que plus tard que l’année commença en mars (dans le signe du Bélier), à l’équinoxe de Printemps, lorsque Krishna, pour mettre fin à l’anarchie dont l’Empire Universel des Patriarches était alors ébranlé (schisme d’Irshou et début du Kali-Youga), inversa toute l’Archéométrie primordiale(53) ; c’est de cette époque que date, sous sa forme actuelle, la Trimourti des Brahmes(54). Krishna donna satisfaction aux Naturalistes en subversant la Trinité du Principe, celle du Verbe, IPhO, celle de Jésus-Roi, IShWa-Ra, au profit du deuxième trigone, MaRiaH, qu’il lut avec la planétaire lunaire BRaHMâ(55), tandis que IShWa devenait ShIVa, le Transformateur, et, lu dans l’autre sens, VIShnou, le Conservateur de l’Univers(56).
Le plus ancien calendrier des Grecs, qui est certainement venu de l’Asie par les Phéniciens (à la suite du schisme d’Irshou), place les points cardinaux du ciel au 15e degré des constellations, ainsi qu’on peut le voir dans Hipparque, Eudoxe, Achille Tatius, et divers autres auteurs. Le solstice d’Hiver y est au 15e degré du Capricorne, le solstice d’Été au 15e degré du Cancer, l’équinoxe de Printemps au 15e degré du Bélier, l’équinoxe d’Automne au 15e degré de la Balance. Les Suédois antiques faisaient partir leur année solaire du solstice d’Hiver, les Chinois également ; il correspond chez les Hindous à la fête de Krishna.
Or le Soleil au 15e degré du Capricorne ne répondait au commencement de l’année astronomique qu’en 1353 avant notre ère. Il n’est pas admissible que l’Archéomètre ait été inventé à cette époque, où l’on trouve, au contraire, toute la Science et toutes les données archéométriques bouleversées partout. Donc, si cet instrument plus qu’humain de la Synthèse des Organicités et des Harmonicités Universelles, rattachées au Verbe Créateur, a jamais été révélé aux hommes dans son intégrité, il faut tourner la roue de la Grande Année au moins une fois, ce qui donne 25353 avant notre ère si on fixe la durée de ce cycle à 24000 ans, 27118 si on la fixe à 25765 ans, 27273 si on la fixe à 25920 ans, 27353 si on la fixe à 26000 ans. Ainsi, on peut attribuer à l’Archéomètre une antiquité de 25000 à 30000 ans, ce qui nous reporte à l’époque de la civilisation des Atlantes, ainsi que nous le verrons plus tard. Il est donc à peu près prouvé par ces dates, et d’ailleurs nous avons encore d’autres raisons de l’affirmer, que l’Archéomètre se rattache à la tradition de la race rouge, que nous pouvons regarder comme la plus importante pour nous, non que les autres traditions n’aient pas en elles-mêmes une aussi grande valeur, mais parce que c’est celle à laquelle nous nous rattachons le plus naturellement et le plus directement.
(À suivre.)