Francmaçonnerie
et Sociétés Secrètes
(suite)
VII(*)

« Les frères se reconnaissaient au moyen d’un dialogue dont voici un extrait :

Dieu vous garde !

Et vous également.

Voici un beau jour !

Un meilleur va luire.

La route est mauvaise.

Elle sera réparée.

Avec quoi ?

Avec les os des protestants.

Votre profession de foi ?

L’anéantissement des Philistins.

Quelle est la longueur de votre bâton ?

Il est assez long pour les atteindre.

Quel tronc l’a produit ?

Un tronc français ; mais il a fleuri en Amérique, et maintenant la tige ombrage les fils de la verte Érin.

Qu’y-a-t-il entre nous ?

Amour, patrie, vérité.

Comment reposez-vous ?

En paix, pour me lever en guerre.

Courage !

Persévérance !

« Les orangistes, dont il est question dans le serment que nous venons de rapporter, sont les membres d’une association fondée en Angleterre à la fin de 1798, sous le titre de société orangiste. Le but qu’elle se proposait en 1820 était de soutenir et de défendre le roi Georges IV, la constitution de l’Angleterre et la succession au trône dans la maison régnante, autant que les membres en seraient protestants. Elle avait aussi pour objet la perpétuité de la vraie religion, c’est-à-dire le maintien exclusif de l’anglicanisme. Cette société qui subsiste toujours et paraît avoir juré la ruine du catholicisme, qui, par conséquent, est l’ennemie la plus implacable de l’émancipation irlandaise, a fait de nombreux prosélytes dans toutes les classes, et, de préférence, dans les rangs inférieurs de l’armée. Elle a étendu ses ramifications jusque dans les colonies anglaises et particulièrement dans le haut Canada, où elle est extrêmement répandue, et tient même des assemblées publiques. Le duc de Cumberland, aujourd’hui roi de Hanovre, en était le grand-maître en 1832. Les formes qu’elle a adoptées sont calquées sur celles de la franc-maçonnerie. »

Canada. – « Pendant les troubles qu’agitèrent le haut et le bas Canada en 1837 et 1838, il se forma parmi les patriotes une société secrète qui prenait le titre de société des chasseurs. L’organisation en était à peu près la même que celle du carbonarisme français. Il y avait quatre rangs hiérarchiques donnant lieu chacun à une initiation séparée. Le degré le plus élevé était celui d’aigle ; il répondait au grade de colonel. Le degré immédiatement inférieur était celui de castor, qui équivalait au grade de capitaine. Chaque castor avait sous ses ordres six raquettes, sorte de sergents qui commandaient à neuf chasseurs, ou initiés du premier degré. Les lieux de réunion se nommaient loges, et les loges ne pouvaient être composées de moins de neuf membres, sous la présidence d’une raquette. La société avait pour but de soustraire les Canada à la domination anglaise. Elle se propagea dans les provinces supérieure et inférieure et dans les États septentrionaux de l’Union-Américaine, tels que le Michigan, le New-York, le Vermont, le New-Hampshire et le Maine. Elle eut même des affiliés en France, dans le parti républicain. »

Et le F/ Clavel conclut :

« Des faits que nous avons relatés dans ce livre, nous ne tirons que cette simple conclusion, qui, d’ailleurs, en ressort avec la plus complète évidence : il a existé des sociétés secrètes à toutes les époques et dans tous les pays ; et ces sociétés, quelque fussent leurs dénominations et leurs objets divers, dérivaient d’une source unique, les mystères égyptiens. »

(À suivre.)