Francmaçonnerie
et Sociétés Secrètes
(suite)
VIII(*)

Druides (Complément)

Désireux de contribuer à combler une lacune regrettable qui déflore, dans notre étude, sur la Franc-maçonnerie et les Sociétés Secrètes, le passage consacré au Druidisme, l’un de nos amis nous adresse un opuscule : Vercingétorix et l’Indépendance Gauloise ; religion et institutions celtiques, par Francis Monnier, publié en 1874 à la librairie académique Didier et Cie, Libraires-Éditeurs, 35, quai des Augustins, à Paris, et nous signale, obligeamment, le chapitre IV :

Druidisme. – Origine aryenne de la race et de la religion celtiques. – Marche des Gaulois à travers l’Europe. Lente formation du Druidisme. Dieux gaulois : Ésus et Taranis, Bélénos, Bélésama, Camoul. Nom celtique du Dis Pater gaulois, Teutatès. – Véritable doctrine des Druides sur l’immortalité de l’âme. Les cercles cosmogoniques. Rôle et décadence des druides pendant la guerre de l’Indépendance.

Ici on se demande quel fut le rôle des druides pendant les neuf années de la guerre de l’Indépendance et en particulier pendant la campagne de 52. À prendre la description des mœurs des Gaulois et des Germains que César a brusquement intercalée dans son sixième livre(1), les druides sont les maîtres de la Gaule ; si l’on s’en tient au récit des événements, ils ne paraissent nulle part. Ceci nous conduit à examiner quelle fut l’origine du Druidisme, la morale et les dieux qu’il enseignait, les causes de sa grandeur et de sa décadence, et comment après avoir élevé si haut les Celtes parmi les peuples de l’ancien monde, il les laissa dans un si entier abaissement, au milieu duquel il finit par s’effacer lui-même et disparaître.

Les Celtes, en abandonnant sans retour la contrée située entre les vallées de l’Oxus et de l’Iaxartes (Djihoun et Si-houn), pour émigrer vers les régions occidentales, conservèrent, dans leurs pérégrinations lointaines, les germes de l’antique et pure religion des Aryas(2), mais ces germes se développèrent dans d’autres contrées, et sous l’influence d’autres idées religieuses.

Arrivés sur le Bas-Danube, où ils fondèrent des villes jusqu’en Thrace, ils se trouvèrent en rapport avec les Pélasges. Ils connurent alors et le Zeus pélasgique(3) qui devint leur Ésus, comme il avait été le Dyaus de leurs pères en Arye, et la doctrine de la vie future, expliquée dans les Mystères, et l’œuf orphique d’où sortait une cosmogonie, et enfin le culte du chêne, symbole du Zeus pélasgique dans les forêts de Dodone, comme il le fut de l’Ésus Celtique dans les forêts de la Gaule. Dès lors, on peut le croire, les anciens Sanchonias ou prêtres Aryas, placés, dans les tribus de l’Arye, à côté du patriarche ou père de famille, se formèrent en caste sous le nom de druides, hommes du chêne. Du moins, on voit dans Hérodote que toute la région montagneuse et boisée qui s’étend en ligne droite de Dodone et du lac Hella jusqu’au Danube, en passant par les Caltigènes ou Galligènes, était peuplée de Celtes(4). Pythagore de Samos, qui avait été initié aux Mystères de l’Égypte et de l’Asie, mais surtout à ceux de Samothrace, y avait trouvé non seulement le dogme de l’immortalité de l’âme par des transmigrations, mais l’ébauche de celui des cercles où s’accomplissaient ces transmigrations, ce qui était le point particulier de la doctrine des druides. Ce qu’il y a de plus curieux encore, c’est que l’un de ces cercles s’appelait cercle de la Nécessité(5), en celte angen, ce qui était aux yeux des druides l’un des caractères du cercle d’Abred, le monde actuel. La seule divinité des Aryas qui se conserva tout entière, au milieu de tant de changements, fut Yama, le Dis Pater dont parle César, qui était à la fois le dieu des morts et du temps, mais qui était aussi, dernière transformation, le père des Celtes. Ajoutons cependant, que l’on trouve encore des traces de l’ancien naturalisme des Aryas dans le culte rendu aux montagnes et aux eaux en Gaule, comme en Arye.

(À suivre.)