Renseignements complémentaires
sur la Maçonnerie
et les divers Ordres
qui y sont
rattachés(*)

(Voir La France Antimaçonnique,
26e année, no 23, pp. 241-251.)

Maçonnerie Cryptique

Rite de hauts grades, considéré comme un complément de la Maçonnerie de Royal Arch. Ses Ateliers s’intitulent « Conseils des Maîtres Royaux et Choisis ». Le titre du président d’un Conseil est « Trois fois Illustre Maître ».

Les degrés conférés sont au nombre de trois : Royal Master (Maître Royal), Select Master (Maître Choisi), et Super-Excellent Master (Super-Excellent Maître).

Le Rite est gouverné par un Grand Conseil Général pour les États-Unis, et des Grands Conseils pour chaque État.

Ordre Royal d’Écosse

La Grande Loge Provinciale qui étend sa juridiction sur tous les États-Unis fut instituée en 1878, avec le F/ Albert Pike comme Grand-Maître Provincial. Elle n’a pas de corps subordonnés, et le nombre de ses membres est très restreint. Elle tient sa charte de la Grande Loge de l’Ordre Royal d’Écosse, à Edimbourg. Le Grand-Maître Provincial actuel est le F/ James D. Richardson ; le Grand Secrétaire Provincial est le F/ Wm. Oscar Roome, 1826, 14th Street N. W., Washington, D. C.

[Portrait.] H. P. BLAVATSKY, dans sa jeunesse

N’oublions pas, à propos du F/ Albert Pike, Souverain Grand Commandeur Grand Maître de la Juridiction Sud des États-Unis d’Amérique du Rite Écossais Ancien Accepté, de rappeler que Madame H. P. Blavatsky essaya, vainement, de rattacher la Théosophie à la Maçonnerie Écossaise. Cet essai fut repris et mené à bonne fin par Madame Annie Besant qui devint 33e et membre du Suprême Conseil Universel Mixte le Droit Humain. Le F/ Pike, qui passait à juste titre pour ne pas manquer de flair, avait-il jugé, à son aune, Madame H. P. Blavatsky et les farceurs qui l’entouraient ?

[Portrait.] Le F/ Albert PIKE
Souverain Grand Commandeur Grand Maître
de la Juridiction Sud des États-Unis d’Amérique
du Rite Écossais Ancien Accepté.

Chevaliers de la Croix Rouge de Constantin

(Voir 26e année, no 24, p. 256.)

La devise de cet Ordre est : Initium Sapientiæ Amor Domini, modification de cette parole de l’Écriture Sainte : Initium Sapientiæ Timor Domini, pour indiquer la substitution de la Nouvelle Loi à l’Ancienne.

L’insigne est une croix émaillée en rouge sur fond d’or avec les initiales I. H. S. V. (In Hoc Signo Vinces), qui se porte suspendue au cou par un ruban rouge.

Cet Ordre et ceux qui y sont rattachés, de même que l’Ordre du Temple et celui des Chevaliers de Malte, se qualifient de «  Trinitaires et Chrétiens ».

Ordre du Saint-Sépulcre

Cet Ordre aurait été, suivant sa tradition, institué en l’an 326 de l’ère chrétienne par sainte Hélène, la mère de Constantin, en commémoration de ses découvertes en Terre Sainte. Son institution fut, dit-on, approuvée par Constantin et confirmée par le Pontife Marcellin. Les Chevaliers furent choisis dans l’Ordre de la Croix Rouge, et, à l’origine, leur investiture se faisait à Jérusalem ; ils prononçaient leurs vœux à genoux devant le Saint-Sépulcre. Les deux Ordres ont toujours été intimement reliés l’un à l’autre, et sont sous le même gouvernement depuis 1190 ; l’histoire du Saint-Sépulcre à partir de cette époque est donc identique à celle de la Croix Rouge.

Ordre de Pierre l’Ermite

Cet Ordre est une organisation de Chevaliers de la Croix Rouge ; l’uniforme de ses membres se compose d’une robe grise avec une cagoule de moine, et d’un bâton de pèlerin avec une palme.

Le centre de cette organisation est à Philadelphie.

Ordre de Saint-Jean de Jérusalem

L’histoire traditionnelle de cet Ordre est assez semblable à celle des Ordres du Temple et de Malte et des divers autres Ordres de Chevalerie.

Cf. The Rise and Progress of the Knights of St-John of Jerusalem (Origine et Développement des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem), Pro utilitate hominum, par Elizabeth Surtees-Allnatt ; New-York, 1882.

Rite Ancien et Primitif de Memphis

(Voir 26e année, no 23, pp. 245-246.)

Au Canada, ce Rite est appelé « Maçonnerie Royale et Orientale » ; il s’intitule aussi « Rite Égyptien Ancien et Accepté de Memphis ». En 1880, un corps fut organisé à Utica, N. J., sous le nom de « Rite Oriental Ancien et Primitif de Misraïm ». Un autre corps fut organisé en 1881 à Boston, Mass., sous le titre de « Rite Maçonnique Égyptien de Memphis, pour le Cosmos ». Depuis 1893, il existe encore à New-York un autre corps du même Rite, portant le nom de « Rite Oriental Ancien et Primitif de Memphis et Misraïm ».

Rite de la Late Observance

Quand le Rite Templier Allemand connu sous le nom de « Stricte Observance » fut établi, vers 1754, par le baron de Hund, celui-ci et ses adhérents désignèrent le Rite Anglais sous le nom de « Late Observance ». Nous sommes sûrs qu’il existe encore, dans un des États de l’Ouest, une Loge de la Late Observance en activité.

La Stricte Observance comprend six degrés, qui sont les trois degrés symboliques, et ceux de Maître Écossais, de Novice et de Chevalier Templier. Après 1754, il s’y ajouta un septième degré, celui de Chevalier Profès.

Rite de Swedenborg

Ce Rite comprend six degrés, qui sont : les trois degrés symboliques du Rite d’York ; 4e Maçon Illuminé, ou Frère Vert ; 5e Sublime Maçon, ou Frère Bleu ; 6e Parfait Maçon, ou Frère Rouge.

Une Loge fut organisée à New-York en février 1859, et continua ses travaux, jusqu’en 1863. Les plus hauts officiers sont tous membres de l’Église Swedenborgienne, mais les trois degrés supérieurs sont ouverts à tous les Maçons de mérite, sans distinction de croyances religieuses.

Ce Rite s’intitule « Rite Primitif et Originel de la Maçonnerie Symbolique ». Il est pratiqué au Canada comme un Rite distinct.

Corps Maçonniques irréguliers

Il existe, aux États-Unis, une organisation qui cause bien des ennuis à la Maçonnerie régulière : c’est la Fédération Maçonnique Américaine, qui a établi dans ces quatre dernières années des Loges en différentes localités de l’Union. Elle a pourtant une généalogie digne de respect, car elle a été pourvue d’une charte par la Grande Loge Inter-Montana (Rite Écossais Ancien et Accepté), qui tenait la sienne du Suprême Conseil 33e de Louisiane, lequel, à son tour, tenait la sienne du Grand Conseil des Rites d’Écosse.

Un autre sujet d’ennuis pour la Maçonnerie américaine, c’est l’Ordre Indépendant de la Franc-Maçonnerie Universelle, qui a son centre à Cleveland, dans l’État d’Ohio. Le périodique qui sert d’organe à ce Corps irrégulier ne semble pas faire de grands frais de rédaction : à part un article sur les Carbonari, fait de fragments qui n’ont rien d’inédit, il se borne à reproduire les articles de ses confrères, les Masonic Tidings, quelques pages de la Secret Doctrine de H.-P. Blavatsky, du F/ Ragon, et d’une traduction faite par le Tyler-Keystone d’un article de l’Acacia (de Paris).

Il y a dans le Kentucky un autre Corps clandestin dont le chef, Joseph Pomfret, confère tous les grades, du 1er au 33e. Enfin, il suffit de mentionner Darius Wilson qui distribue des grades à qui en demande, et qui, dit-on, a eu plus d’une fois affaire à d’autres tribunaux que ceux de la Maçonnerie ; on l’accuse même, mais cela n’est pas prouvé, de faire des adeptes par la voie de la poste, en recourant aux annonces, en offrant des tarifs réduits, etc.

(Revue Internationale des Sociétés Secrètes, no du 20 Mai 1912, pp. 1596-1597 et 1600).

Ce serait, d’ailleurs, une erreur de croire que les procédés de recrutement attribués à Darius Wilson sont tout à fait spéciaux à l’Amérique : n’avons-nous pas vu à diverses reprises, affichés sur les murs de Paris, les appels de la Loge L’Idéal Social, créée il y a quelques années par le F/ Cyvoct, et placée par lui sous les auspices de la Franc-Maçonnerie Moderne ? Nous savons aussi, d’autre part, que l’« initiation par correspondance » est un procédé d’usage courant dans un certain nombre d’Ordres ou Fraternités occultistes existant en Europe et même en France.

Maçonnerie de Prince Hall

Le nom de Prince Hall Craft (Maçonnerie de Prince Hall) est celui que l’on donne habituellement, aux États-Unis et au Canada, à la Maçonnerie des Nègres et des gens de couleur, pour la distinguer de la Maçonnerie des Blancs. (Sur ce Corps Maçonnique de couleur, voir La France Antimaçonnique, 26e année, no 23, p. 245.)

Nous lisons dans la revue maçonnique italienne Acacia, no de mai 1913, un article sur ce sujet, signé du F/ Harry A. Williamson, Grand Secrétaire de la Grande Loge de Prince Hall de l’État de New-York ; nous empruntons à cet article des détails suivants.

L’African Loge no 459, établie par le F/ Prince Hall avec une patente de la Grande Loge d’Angleterre, porta plus tard le no 370 sur le registre anglais. C’est de cette African Lodge que sont dérivées toutes les Loges connues sons le nom de Prince Hall Craft.

Quand la Grande Loge (de Blancs) de l’État de Massachusetts fut formée, les membres de l’African Lodge, n’ayant pas été invités à en faire partie, demandèrent aux Loges de Blancs réunies en assemblée la permission de s’y joindre, mais cette demande ne fut pas accueillie. Depuis ce temps, les Nègres américains n’ont plus été admis dans les Loges américaines de Blancs, et cela uniquement à cause de leur couleur ; ils ont donc été obligés d’organiser leurs propres Loges et Grandes Loges.

Pour être logiques, les Grandes Loges américaines de Blancs non seulement persistèrent à ne pas vouloir reconnaître les Grandes Loges américaines de Noirs, mais, pour justifier leur façon d’agir, elles promulguèrent ce qu’on a appelé la « Doctrine Américaine », d’après laquelle il ne peut exister deux Grandes Loges en même temps sur le même territoire. Les Blancs considèrent donc les Noirs comme irréguliers (mais non clandestins ou bogus, comme on le dit parfois à tort), parce que leurs Loges ne sont pas autorisées par la Grande Loge des Blancs, lesquels refusent de conférer les grades maçonniques aux citoyens de couleur ; et pourtant la filiation des deux organisations est identique.

Il y a quelques années, on en vint cependant à discuter la question de la reconnaissance des Maçons nègres par les Loges de Blancs, mais les autorités consultées, tout en admettant forcément que le F/ Prince Hall avait reçu la « Lumière » de leur propre source, pensèrent que le temps où une telle reconnaissance serait possible n’était pas encore venu. Depuis lors, on a fait courir à diverses reprises le bruit d’un accord entre les deux Grandes Loges de l’État de New-York ; ce qu’il y a de certain, c’est que les Blancs se montrèrent à un moment disposés à accepter les Noirs, mais à la condition que ceux-ci renonçassent à toutes leurs dignités maçonniques. Les Noirs s’y refusèrent énergiquement, soutenant que, si leur Maçonnerie était régulière, elle devait être digne des honneurs de la Grande Loge : reconnaître l’une équivalait à reconnaître les autres.

Les Loges de Prince Hall reçoivent des hommes de toutes professions et de toutes conditions. Dans certains États, en particulier dans celui de New-York, si les Loges de Blancs ne veulent pas accepter les Nègres, par contre, beaucoup de Loges de Nègres acceptent comme membres des Blancs.

L’auteur cite quelques faits qui prouvent que, malgré l’absence de relations officielles entre Maçons blancs et nègres, des relations individuelles peuvent cependant s’établir, et même que des Maçons de Prince Hall ont parfois été admis comme visiteurs dans des Loges de Blancs.

La situation financière de la Maçonnerie de Prince Hall est aussi bonne que celle des autres organisations. Beaucoup de Grandes Loges et même de Loges subordonnées ont des édifices à elles. Plusieurs Grandes Loges nègres ont des associations de bienfaisance maçonnique, qui distribuent quelques milliers de dollars chaque année.