Notice sur les diverses Sociétés Secrètes américaines
qui ne sont pas officiellement rattachées à la Maçonnerie
(suite)(*)

(Voir La France Antimaçonnique, 26e année, nos 24 et 26,
et 27e année, nos 25, 28 et 30.)

Ordre Militaire du Serpent

Cet Ordre, qui paraît d’un caractère peu sérieux, est une société secrète qui fut fondée à Cleveland, Ohio, le 1er janvier 1904. Il comprend un Repaire Suprême, et un certain nombre de Grands Repaires, autour desquels se groupent des Repaires locaux. Le chef suprême national porte le titre de Suprême Gu-Gu ; les autres officiers nationaux sont le Suprême Trois fois Infâme Gu-Gu Inférieur et le Suprême Seigneur Haut Gardien de l’Amphore Sacrée. L’insigne est une croix des Philippines portant les armes des États-Unis.

Cet Ordre ne prétend enseigner aucun principe, ni viser à aucun idéal ; sa seule raison d’être est de conserver, sous une forme burlesque, l’ancienne société qui existait sous le nom de Khatee Puna aux Philippines, et c’est aux indigènes de ces îles que sont empruntés ses costumes et ses cérémonies. On n’admet dans l’Ordre que des soldats qui ont quitté l’armée avec de bonnes notes, et des marins qui ont servi dans la guerre contre l’Espagne ou dans l’expédition envoyée au secours des ambassades européennes cernées à Pékin par les Boxers. Il paraît que des Catholiques pratiquants font partie de cet Ordre. (The Fortnightly Review, no du 15 mars 1913, pp. 178-179, et Revue Internationale des Sociétés Secrètes, no du 20 avril 1913, p. 1124.)

Le Khatee Puna ou Katipunan fut très actif aux Philippines de 1892 à 1896, et, avec diverses autres sociétés secrètes, il contribua à fomenter la révolte contre l’Espagne. Par sa forme et son organisation, cette société se proclamait maçonnique ; elle ne connaissait que deux crimes, la désobéissance et la trahison, et elle les punissait de mort. Il ne semble pas que de telles sanctions se soient maintenues dans l’Ordre Militaire du Serpent, qui déclare d’ailleurs n’avoir qu’un « intérêt historique » ; mais il paraît qu’il existe encore aux Philippines de véritables Katipuneros, et qu’ils ont gardé une grande influence sur les masses populaires. (Revue internationale des Sociétés Secrètes, no du 20 mai 1913, p. 1708.)

La France Antimaçonnique a publié, autrefois, un cliché représentant le tablier porté par les membres du Khatee Puna ; sur ce tablier, on voit un poignard et une tête ensanglantée.

Ordre Indépendant des Forestiers

Cet Ordre, très répandu au Canada, paraît issu d’une branche de l’Ancien Ordre des Forestiers (voir La France Antimaçonnique, 26e année, no 24, pp. 254-255) ; il comptait environ 140.000 membres en 1911. Sous sa forme actuelle, il paraît se réduire à peu près exclusivement à une association de secours mutuels et d’assurances sur la vie. « En outre des primes en cas de décès, toutes les polices contiennent des dispositifs en faveur des membres qui deviennent totalement incapables de travailler ou qui atteignent l’âge de 70 ans ; il peut aussi être alloué des indemnités de maladie variant de 3 à 10 dollars par semaine. L’Ordre prend soin des enfants orphelins de ses membres et s’occupe de leur éducation ; il possède un sanatorium pour le traitement de ses membres atteints de tuberculose. » Au 1er janvier 1913, le fond social s’élevait à plus de 20 millions de dollars.

Suprême Chef Forestier, Elliott G. Stevenson ; Suprême Secrétaire-Trésorier, R. Mathison. — Adresse : Temple Building, Toronto, Canada.

Ajoutons, à ce propos, qu’il existe également aux États-Unis des sociétés d’assurances exclusivement réservées aux Maçons : telle est la Masonic Casualty Company de l’État de Massachusetts, fondée en 1895, qui assure à ses souscripteurs des indemnités en cas de maladie, d’accident ou de décès. Son siège est 120, Fremont Street, Boston ; ses « officiers » sont : Herbert S. Eldredge, président ; Levi W. Moore, vice-président ; William H. Knapp, secrétaire-trésorier.

Ordre des Maîtres Coloniaux

Cet Ordre a été créé tout récemment, le 30 décembre 1912, à Halifax, dans la Caroline du Nord ; il a pour Grand-Maître le F/ Harry W. Gowen. Il n’admet comme membres que les Vénérables (Masters) et anciens Vénérables (Past Masters) des 56 Loges maçonniques des États-Unis dont la fondation est antérieure à 1776. Ces Loges étaient, à l’origine, constituées sous les auspices de la Grande Loge d’Angleterre ; de là vient la dénomination de Loges Coloniales qu’elles ont conservée dans la suite. Le début du rituel en usage dans l’Ordre présente l’ouverture de la Loge au lever du soleil, ainsi que cela se pratiquait autrefois dans ces Loges Coloniales.

Club de l’Horrible Conspiration

Un certain nombre de Maçons appartenant à la Mystic Lodge, de Pittsfield, Massachusetts, ont organisé un club auquel ils ont donné le nom bizarre de Horrible Conspiration Park Club. Cette société est née le 19 mars 1913, et le nombre de ses membres est limité à 27, parce que le nombre 27 est sacré, et qu’il est multiple de 9, nombre des Muses. (Revue Internationale des Sociétés Secrètes, no du 20 mai 1913, p. 1604.)

Ancien Ordre des Hiberniens

(Voir La France Antimaçonnique,
26e année, no 24, p. 255.)

Cet Ordre, qui, se qualifie d’Institution Catholique et se recrute surtout parmi les Irlandais d’origine, possède un organe intitulé The National Hibernian. Cette publication dit dans son no du 15 janvier dernier : « Il y aura, dans la prochaine Chambre des Représentants, un nombre assez grand de nos membres pour former une division complète. On va tenter un effort pour organiser dans les mois prochains une division au Congrès. Certains des orateurs les plus réputés des deux côtés de la Chambre sont fiers d’appartenir à l’Ancien Ordre des Hiberniens : tels sont Conroy, de New-York ; Curley, de Boston ; Taggart, de Kansas. » (Revue Internationale des Sociétés Secrètes, no du 20 mai 1913, p. 1603.)

Cette information montre l’importance politique qu’a acquise, aux États-Unis, la société secrète dont il s’agit.

Association Maçonnique de Secours
des États-Unis et du Canada

Cette Association date de 1885 ; suivant une revue maçonnique américaine, elle n’est point, comme on pourrait le croire d’après son titre, une association d’assurances dans le genre de celles dont nous avons parlé plus haut (voir Ordre Indépendant des Forestiers), mais bien une association maçonnique de protection, une « organisation centrale » formée dans le but de relier entre eux les divers bureaux locaux de bienfaisance maçonnique, et de faciliter la découverte et la dénonciation des personnes qui parcourent le pays en exploitant cette bienfaisance. (Revue Internationale des Sociétés Secrètes, no du 20 mai 1913, p. 1606.)

Association Protectrice Américaine

C’est une coalition sectaire dirigée contre le Catholicisme ; elle est habituellement désignée sous le nom de mouvement apaïste, dérivé des initiales A. P. A. (American Protection Association). Cette association a pour organe le journal The Menace, publié à Aurora, Missouri. (Revue Internationale des Sociétés Secrètes, no du 20 mai 1913, pp. 1687-1688.)

Les projets de loi relatifs à l’inspection des convents, présentés récemment aux Corps législatifs du Missouri et de l’Arkansas, sont le résultat d’une agitation inspirée par cet organe, The Menace, qui, il y a quelque temps, répandit une brochure réclamant une telle mesure et proposant un texte de loi identique en substance aux deux projets en question. (The Fortnightly Review, no du 1er mai 1913, pp. 279-280.)

La Grange

La Grange, société secrète modelée sur la Maçonnerie et composée de cultivateurs, est la grande organisation agricole des États-Unis et du Canada. Dans l’Ontario et l’Ouest Canadien, ses membres, les Grangers, très nombreux, sont une puissance avec laquelle les pouvoirs publics doivent compter. Dans l’Ouest des États-Unis, ils sont, avec les Grain Grovers (« Producteurs de grain », nom des membres d’une autre association analogue), la masse de la classe agricole. L’objet de la société est louable en tant qu’elle travaille à l’amélioration de la condition des cultivateurs, mais les moyens qu’elle emploie peuvent ne pas l’être. (Revue Internationale des Sociétés Secrètes, no du 20 mai 1913, p. 1705.)

Les Granges locales sont subordonnées aux Granges d’États, et celles-ci le sont à la Grange Nationale. Le T/ Ill/ F/ Samuel Emery Adams, Lieutenant Grand Commandeur du Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté pour la Juridiction Sud des États-Unis, mort l’an dernier à Minneapolis, était un membre éminent de la Société des Grangers : il fut Maître de la Grange de l’État de Minnesota pendant huit ans, de 1876 à 1884, et, dans le cours de cette même période, Grand-Maître de la Grange Nationale pendant deux ans.

(À suivre.)