Curieuse Coïncidence(*)

On sait que les occultistes de diverses écoles prétendent trouver dans les écrits de certains mystiques une continuation de leurs propres doctrines. Il en est ainsi, notamment, pour les visions d’Anne-Catherine Emmerich, dont les théosophistes s’occupent, depuis quelque temps, avec une insistance vraiment remarquable. En effet, Le Théosophe a publié à ce sujet, les 16 février et 1er mars 1912, deux articles de M. Louis Revel intitulés Anne-Catherine Emmerich et les Maîtres de la Sagesse et Une Occultiste catholique. Dans le même journal, nous trouvons encore, le 16 août 1913, un nouvel article, signé J. Wittemans, sur Les Prophéties d’Anne-Catherine Emmerich.

Dans quelques-unes de ses visions, cette religieuse, qui vécut en Westphalie de 1774 à 1824, décrit un lieu qu’elle appelle la Montagne des Prophètes, lieu que les théosophistes s’efforcent naturellement d’identifier avec le mystérieux séjour de leurs soi-disant Mahâtmâs ou Maîtres de Sagesse, situé en quelque région inaccessible du Thibet.

Parmi les extraits du récit de la voyante qui sont cités dans le dernier article, nous signalerons celui-ci :

« Je vis que les eaux qui descendent de la montagne déployaient au-dessus de la terre comme une tenture de crêpe transparente et de couleurs variées. J’eus aussi une vision de l’Esprit-Saint : c’était comme une figure ailée dans une surface triangulaire, avec une effusion de lumière de sept couleurs. Je vis comment cette lumière se répandait sur l’Église spirituelle planant en l’air et sur ceux qui se trouvaient en relation avec elle. Dans cette vision sur l’effusion du Saint-Esprit, j’eus l’impression qu’elle avait aussi une action sur la nature. »

Or, voici ce que nous lisons, d’autre part, dans l’ouvrage posthume de Saint-Yves d’Alveydre, La Mission de l’Inde (pp. 119-120) :

« De tous les points du globe, le jour comme la nuit, tout initié de l’Agarttha (c’est-à-dire du Sanctuaire métropolitain du Cycle de Ram) voit le Corps spirituel de cette Association comme un immense Triangle de Lumière, ou, si l’on veut, une Pyramide de feu se dressant dans l’Espace éthéré.

« Cette vision est devant les yeux de tout initié, parce que cette Association synarchique à trois angles est l’image, dans l’Éther même, de la Création spirituelle et de l’Ordre trinitaire maintenu par le concours et la concorde de toutes ces bonnes volontés (des initiés de l’Agarttha).

« Le Signe d’Alliance donné par la Divinité au Corps synarchique spirituel, formé à nouveau par Ram, il y a neuf mille ans, et visible aujourd’hui pour tous ses initiés, est un immense Anneau de Lumière cosmique aux couleurs chromatiques enveloppant de son arc fluidique fermé la base du tiers supérieur du Triangle. »

Nous ne faisons qu’indiquer ce curieux rapprochement, sans vouloir en tirer la moindre conclusion ; mais il est bien difficile, en comparant les deux passages, de ne pas se poser cette simple question : Saint-Yves n’aurait-il pas connu, lui aussi, les visions d’Anne-Catherine Emmerich ? Cela n’a rien d’impossible, assurément, et pourtant il y a des gens qui préféreront admettre que la religieuse de Westphalie fut peut-être, sans le savoir, une initiée de l’Agarttha… Certaines amitiés sont parfois si mal inspirées !