L’Antoinisme
et les
Théosophistes(*)

Sous le titre : « Une religion spirituelle » (!), nous lisons dans Le Théosophe (numéro du 1er décembre 1913), l’article suivant, signé M. Largeris :

« Je suis allé il y a quelques jours visiter le gentil temple antoiniste de la rue Vergniaud, et j’ai été frappé par la simplicité de l’aménagement intérieur. Une dame m’a remis un numéro gratuit du Bulletin mensuel, qui a pour titre L’Unitif, et m’a fourni quelques renseignements sur cette nouvelle religion. Ayant posé quelques questions, il m’a été répondu : 1o Sur Dieu : les Antoinistes ne donnent pas au mot Dieu le même sens que les Chrétiens (sic). Pour eux, Dieu est présent dans tous les êtres et, en aimant tous les êtres, nous aimons Dieu. Il me semble que cette conception est tout à fait théosophique et laisse entendre que l’idée d’un Dieu personnel ne fait pas partie de l’enseignement du Père, ainsi que disent les Antoinistes. 2o Sur la prière : Pour eux, la prière est inutile, l’Amour seul compte. 3o Sur la vie future : Les Antoinistes croient à la réincarnation, mais il ne m’a pas été possible de savoir s’ils admettent la réincarnation immédiate ou différée. Le Père Antoine établit une distinction entre la croyance et la Foi. Je crois comprendre que pour lui croyance est synonyme de crédulité, tandis que la Foi est une force spirituelle intérieure qui, prenant son appui sur l’Amour, est capable de produire des guérisons. C’est en somme la Christian Science. Il n’existe aucune cérémonie, aucun ritualisme. Tout le culte consiste dans la lecture de l’enseignement du Père et rien d’autre. M’étant étonné que le portrait du Père ne figurât pas dans le temple, dont les murs sont entièrement nus, il m’a été répondu que ceci serait du matérialisme, car, pour les Antoinistes, la Matière et Forme n’ont aucune espèce de valeur : l’Esprit seul est tout.

« La Théosophie ayant une portée à la fois morale, métaphysique, scientifique et ésotérique, il n’est pas permis de dire que les enseignements théosophiques et antoinistes sont identiques ; mais on peut affirmer que la morale antoiniste et la morale théosophique présentent entre elles de très nombreux points de contact. Le Père, d’ailleurs, ne prétend que rénover l’enseignement de Jésus de Nazareth trop matérialisé à notre époque par les religions qui se réclament de ce grand Être (sic). »

Ainsi ce sont les Théosophistes eux-mêmes qui se plaisent à établir de tels rapprochements, que d’aucuns pourraient trouver peu flatteurs, même au point de vue simplement « moral ». On sait que l’« Antoinisme » n’est au fond qu’une sorte de spiritisme protestant ; le « Père Antoine », qui n’était qu’un « guérisseur » comme il en existe beaucoup, n’en fut pas moins considéré par certains occultistes comme « un des douze Grands Maîtres Inconnus de la Rose-Croix » ! Pourquoi n’arriverait-on pas à en faire une sorte de Mahâtmâ ?