L’Église Catholique Française(*)(1)

Notre dernier article sur l’Église Catholique Française était à peine paru, que nous recevions communication du numéro de mars-juin 1914 de la Religion Universelle ; cette revue, qui se publie à Nantes, est, comme l’on sait, l’organe de M. P. Verdad-Lessard. Or ce numéro contient précisément une note intitulée « Une nouvelle Église catholique française », que nous croyons devoir reproduire ici intégralement :

« Quelques journaux réactionnaires font grand bruit avec une nouvelle tentative (dans le genre de celle de Mgr Villatte) de groupement catholique gallican. Nous connaissions, à Paris, l’Église française de l’abbé Volet (un prêtre, celui-là, de valeur, d’une très grande pureté de mœurs, et d’une érudition rare). Nous avons dit maintes fois la sympathie que nous avions pour l’abbé Volet et recommandé toujours son Église près de nos amis catholiques. Nous le faisons encore aujourd’hui. L’Église de l’abbé Volet mérite d’être soutenue, et il n’est pas un chrétien libéral, un peu aisé, qui ne devrait nous écouter. Mais qu’est-ce que cette nouvelle Église catholique française, à la tête de laquelle Mgr A.-H. Mathieu se serait placé provisoirement ? Nous en savons trop peu de choses pour la recommander à nos amis philosophes. Elle nous paraît d’ailleurs débuter aussi mal que celle de Mgr Villatte, et n’avoir en vue que de petites et mesquines vengeances cléricales, de la part de prêtres sortis de Rome, ou pour le cotillon, ou pour des orgueils et des ambitions déçues. C’est très insuffisant, et trop peu édifiant, pour que cela serve sérieusement un mouvement religieux nouveau au sein du catholicisme et, par le catholicisme réformé, dans notre chère patrie française. Cette Église a, paraît-il, établi son siège à Paris, rue du Pré-aux-Clercs. Elle aurait pour chef, après Mgr Mathieu, un archevêque non consacré, Mgr de Lignières, et le culte serait célébré, 12, passage Élysée des Beaux-Arts(2), tous les dimanches, le matin et l’après-midi. Nos amis peuvent y aller voir. C’est ainsi qu’ils pourront se renseigner convenablement de ce que vaut l’œuvre nouvelle, et quelle confiance peuvent inspirer ceux qui s’en sont établis les promoteurs. Nous souhaitons que Dieu soit avec eux, et que leurs pensées soient droites. Mais, à notre sens, il y a tout un peuple qui est à évangéliser et à ramener à Dieu, et à la vraie religion du Christ ; et nous ne croyons pas que l’on prenne le chemin qu’il faudrait pour rencontrer ce peuple et s’établir son consolateur et son instructeur. Ce n’est point en sollicitant l’appui des maires qui ne s’entendent pas avec les curés de nos campagnes(3) que l’on parviendra à trouver un troupeau de fidèles catholiques désireux de marcher avec l’esprit humain, dans lequel de plus en plus se trouve l’esprit de Dieu (?!). Une Église catholique nouvelle est dans l’air et finira par apparaître aux yeux de tous (et ce sera la fin de l’ancienne Église sectaire, haineuse et persécutrice). Mais les prêtres qui doivent la rendre visible un jour ne se montrent pas encore. Appelons-les de tous nos vœux ; dans nos sanctuaires cachés préparons le sacerdoce régénérateur et transformateur, mais gardons-nous de prêter la main aux tentatives qui, répétons-le, ne sont que des moyens de servir des haines et des ambitions déçues. L’œuvre de Dieu ne peut se faire qu’avec l’amour du peuple et le désir d’un Jubilé universel dans le monde religieux. »

Ainsi, M. Verdad-Lessard ne semble pas disposé à se rallier à la nouvelle Église Gallicane,… mais peut-être, cette fois encore, le nommera-t-on évêque malgré lui ! En attendant, que va penser de cela son Patriarche Jean II Bricaud ?

Il paraît, d’après ce qu’on vient de lire, que la nouvelle Église se trouve en concurrence avec une autre du même genre, dirigée par un certain abbé Volet. Qu’est-ce encore que cette autre organisation ? de quand date-t-elle, et quelle en est l’origine ? Nous serions heureux si quelqu’un de nos lecteurs voulait bien nous renseigner là-dessus.