L’affaire Chérif pacha
Les tribulations d’Iskender
bey(*)

À la demande de Me André Berthon, M. Drioux signait récemment une ordonnance de mise en liberté provisoire en faveur d’Iskender bey, le policier inculpé à propos de la tentative d’assassinat contre Chérif pacha. Le général turc, immédiatement, formait opposition à cette ordonnance, et la chambre des mises en accusation, appelée hier à se prononcer, confirmait la décision du magistrat.

Mais, sur ces entrefaites, des témoignages nouveaux modifiaient le sentiment du juge, qui délivrait contre Iskender bey un second mandat d’arrêt. L’infortuné policier ne profita même pas une minute de sa liberté.

En effet, Sultanian, ancien secrétaire d’Iskender bey, avait comparu devant M. Drioux et lui avait fait le récit suivant :

À deux reprises, avant l’attentat contre Chérif pacha, Iskender bey rencontra, dans un café du boulevard, le meurtrier, Ali Djevad. Sultanian n’assista point à l’entretien. Mais Iskender bey lui dit en le rejoignant et en désignant Ali Djevad :

— C’est un homme dont on entendra parler. Chérif pacha aura de ses nouvelles.

M. Ismaïl, ancien député ottoman, affirma devant M. Drioux que Sultanian, à Londres, peu de jours après le crime, avait déjà narré ces faits.

(Du Matin, du 14 février 1914.)