INDE
Le Serment
des « Frères du
Service »(*)

Nous avons déjà parlé, dans la France Antimaçonnique (27e année, no 38, pp. 453-455), de l’Ordre de Service de la Société Théosophique. Une branche de cet Ordre a été organisée récemment dans l’Inde, « parmi les membres les plus dévoués de la Société Théosophique », soi-disant « pour faire entrer la Théosophie dans la pratique de la vie, et pour associer la Théosophie à la solution des réformes sociales ». Voici, d’après le Bulletin Théosophique de décembre 1913, le texte du serment que doivent prêter les adhérents à cette nouvelle branche, appelés Frères du Service :

« Estimant que l’intérêt primordial de l’Inde est de se développer librement sous le pavillon britannique, de s’affranchir de toute coutume qui puisse nuire à l’union de tous les habitants, et de rendre à l’Hindouïsme un peu de flexibilité sociale et de fraternisme vécu, je promets :

« 1o De ne tenir aucun compte des différences de caste ;

« 2o De ne pas marier mes fils tant qu’ils sont mineurs, ni mes filles avant qu’elles aient atteint leur dix-septième année ;

« 3o De donner l’instruction à ma femme et à mes filles, ainsi qu’aux autres femmes de ma famille, autant qu’elles s’y prêteront ; d’encourager l’instruction des filles et de m’opposer à la réclusion de la femme ;

« 4o D’encourager l’instruction du peuple autant que cela me sera possible ;

« 5o De ne tenir aucun compte, dans la vie sociale et politique, des différences de couleur et de race ; de faire ce que je pourrai pour favoriser l’entrée libre des races de couleur dans tous les pays, sur le même pied que les émigrants blancs ;

« 6o De combattre activement tout ostracisme social en ce qui concerne les veuves qui se remarient ;

« 7o D’encourager l’union des travailleurs dans tous les domaines de progrès spirituel, éducatif, social et politique, sous la direction du Congrès National Hindou. »

Comme on le voit, il s’agit bien de véritables Frères du Service… de l’Impérialisme britannique ! Certes, ce n’est pas une telle organisation, avec un pareil serment, qui donnera, même si la chose était possible, un peu de prestige à la Théosophie aux yeux des vrais Hindous. Ceux-ci, fort heureusement pour eux, ne croient guère à toutes ces billevesées de « fraternisme » et de « progrès » ; ils se soucient fort peu de faire de leurs femmes et de leurs filles des « suffragettes », et ils ne consentiront jamais à « s’assimiler » à leurs oppresseurs étrangers, en foulant aux pieds toutes leurs coutumes les plus sacrées. Ils comprennent tout autrement « l’intérêt primordial de l’Inde »… sans le pavillon britannique.

La S\ Annie Besant et ses acolytes feraient bien de méditer un peu l’aveu échappé, dans un moment de franchise… et de découragement, à cet autre « impérialiste » notoire qu’est le F/ Rudyard Kipling : « East is East and West is West, and the two shall never meet. » (« L’Orient est l’Orient et l’Occident est l’Occident, et les deux ne se rencontreront jamais. »)