Un côté peu connu
de l’Œuvre de
Dante(*)

On sait qu’il existe une médaille sur laquelle l’effigie de Dante est accompagnée des lettres F. S. K. F. T. On a essayé de donner de ces initiales des interprétations diverses, mais la plus vraisemblable est la suivante, qui se rapproche beaucoup de celle qu’a indiquée Aroux(1), si elle ne lui est même tout à fait identique : « Fidei Sanctæ Kadoch, Frater Templarius ». En effet, l’association « della Fede Santa », à laquelle appartenait le poète, était un Tiers-Ordre de filiation templière, et était assez analogue, à cette époque, à ce que fut plus tard la « Fraternité de la Rose-Croix ».

Au début de sa Divina Commedia, Dante raconte qu’il descendit aux enfers le Vendredi-Saint de l’an 1300, à l’âge de Trente-trois ans ; c’est l’âge du Rose-Croix, qui reprend aussi ses Travaux, symboliquement, le vendredi à trois heures après-midi, et qui, au cours de son initiation, doit traverser d’abord la « Chambre infernale ». Dante parcourut tous les cercles infernaux en vingt-quatre heures, et atteignit alors le centre de la Terre, qu’il traversa en contournant le corps de Lucifer.

N’y aurait-il pas quelque rapport entre ce corps de Lucifer, placé au centre de la Terre, c’est-à-dire au centre même de la pesanteur, « symbolisant l’attrait inverse de la nature »(2), et celui d’Hiram, placé de même au centre de la « Chambre du Milieu », et qu’il faut aussi franchir pour parvenir à la Maîtrise ? La connaissance de ce rapport mystérieux ne pourrait-elle pas aider à découvrir la véritable signification de la lettre G/ ?

Nous rappellerons seulement d’autre part, sans y insister, la Croix que vit Dante dans la Sphère de Mars, ainsi que l’Aigle dans la Sphère de Jupiter et l’Échelle mystique dans celle de Saturne. Cette Croix ne doit-elle pas être rapprochée de celle qui sert encore d’emblème à plusieurs grades maçonniques, dont certaines légendes veulent rattacher l’origine aux Croisades ? Quant aux deux autres symboles, il est trop facile d’y reconnaître ceux du « Kadosch Templier » : on parvient au pied de l’Échelle mystique par la « Justice » (Tsedakah), et à son sommet par la « Foi » (Emounah).

Ceux qui se livreraient à des recherches approfondies sur ce côté trop peu connu de l’œuvre de Dante y feraient certainement de bien curieuses découvertes. Une étude de ce genre pourrait peut-être intéresser MM. Copin-Albancelli et Louis Dasté, qui se consacrent particulièrement à la reconstitution de l’histoire des Sociétés secrètes en général, et à la découverte des liens qui les unissent à travers le temps et l’espace ?