Quelques documents inédits
sur l’Ordre des Élus Coëns
(suite)(*)

Instructions sur la Création universelle matérielle temporelle
et le nombre sénaire qui la produit
et ses Rapports avec l’homme

1ère Instruction(1)

Le Créateur voulant former cet Univers phisique de matière apparente pour la manifestation de sa Puissance, de sa Justice et de sa Gloire, le plan qu’il en conçut se présenta à son imagination divine sous une forme triangulaire, à peu près comme le plan ou le dessein d’un tableau se présente à l’imagination du peintre qui l’entreprend avant de commencer l’exécution. Ce plan étant triangulaire, l’ouvrage qui en est provenu devait en porter l’empreinte et être triangulaire ou ternaire comme luy, et il l’est en effet(2).

Je dis que la Création universelle matérielle a été opérée par la Créateur pour la manifestation de sa Puissance, de sa Justice et de sa Gloire ; sa Puissance s’est manifestée en effet par l’acte même de la Création qui a été produitte de rien par sa seule volonté ; sa Justice l’a été par la punition des premiers esprits prévaricateurs qu’il a chassés de sa présence. Le Créateur étant immuable dans ses décrets n’a pu les priver des vertus et puissances qui étaient innées en eux par leur principe d’émanation divine, mais il a changé leur Loix d’action spirituelle, il a formé cet Univers matériel où il les a relégué pour être un lieu de privation et pour qu’ils y exerçassent pendant une éternité leur action, Puissance et Volonté mauvaise dans les Bornes qu’il leur a fixé ; de cette manifestation de Puissance et de Justice du Créateur résulte sans contredit celle de sa Gloire, cet Univers devait encore servir pour la manifestation de sa Bonté infinie et de sa miséricorde, ce qui sera expliqué dans son tems.

C’est par le nombre sénaire que la Création Universelle a été opérée, ainsi que Moyze le donne à entendre par les six jours dont il parle dans la Genèze, qui ne sont qu’un voile qu’il a employé pour exprimer ce qu’il voulait dire. Le Créateur est un esprit pur, le simple éternel qui ne peut être sujet au tems, d’ailleurs le tems n’a commencé qu’à la Création universelle dont nous parlons, tout ce qui l’a précédé ne pouvait être temporel. Ce ne peut donc être de six jours ni d’aucun Laps de tems déterminé que Moyze a voulu parler, mais bien plutôt des six pensées divines qui ont réellement opéré la Création ; nous apprenons à les connaître par l’addition mistérieuse que l’Ordre enseigne des trois facultés divines qui sont la pensée, la volonté et l’action, ou dans un autre sens que nous expliquerons quand il en sera tems, l’intention, le Verbe et l’opération.

La Pensée est une, simple, indivisible comme l’Esprit qui la produit, elle est le principe de tout acte spirituel libre et par là tient le premier rang entre les trois facultés spirituelles dont nous parlons ; c’est pourquoy nous la comptons 1. Elle engendre la Volonté sans laquelle toute pensée serait nulle et ne produirait rien ; par son rang binaire elle vaut Deux, et en y joignant la pensée dont elle provient, nous la comptons 3, ce qui complète(3) le premier ternaire spirituel. Mais la pensée et la Volonté seraient nulles et ne produiraient aucun effet si elles n’étaient mises en acte. C’est cette faculté productrice de l’effet que nous nommons action ; cette action par son rang ternaire vaut 3, et en y ajoutant le ternaire précédent de la pensée et de la Volonté dont elle procède, elle complète le nombre senaire qui a opéré la Création universelle.

Le tableau des trois facultés puissantes innées dans le Créateur nous donne en même tems une idée du mistère incompréhensible de la Trinité, la Pensée donnée au Père 1, le Verbe ou l’intention attribuée au Fils 2, et l’opération attribuée à l’Esprit 3. Comme la volonté suit la Pensée, et que l’action est le résultat de la pensée et de la volonté, de même le Verbe procède de la Pensée, et l’opération procède de la pensée et du Verbe, dont l’addition mistérieuse de ces trois nombres donne également le nombre senaire principe de toute Création temporelle. Vous reconnaissez par cet examen trois facultés réellement distinctes et procédantes les unes des autres et produisantes des résultats différens, et cependant toutes réunies dans le seul, le même être unique et indivisible.

Il vous est enseigné que l’homme fut créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Le Créateur étant pur esprit, ce n’est pas par sa forme corporelle que l’homme peut être son image et sa ressemblance, que ce ne peut donc être que par ses facultés spirituelles, puisque l’être spirituel mineur ou l’homme est une émanation de la divinité et doit participer à l’essence même de cette divinité et à ses facultés. Nous en avons une bien faible image mais sensible dans la reproduction journalière de tous les êtres temporels, mais l’être produit, quoiqu’en similitude de l’être producteur et participant à sa nature, n’est pas pour cela l’être producteur luy-même ; de même l’homme vient de Dieu, participe à son essence et à ses facultés sans être Dieu luy-même ; sans détruire l’image et la ressemblance qui lient l’un à l’autre, il y aura toujours l’immense différence qui doit être entre le Créateur et la Créature. Ainsy donc comme l’homme sens en luy la Puissance ou les facultés distinctes de la Pensée, de la Volonté et de l’action, nous pouvons dire avec vérité qu’il est réellement par ces trois facultés spirituelles qui sont unies en luy la vraye image du Créateur, comme il en est la ressemblance par les trois facultés puissantes qui sont de même innées en luy, la Pensée, le Verbe ou l’intention, et l’opération, dont nous parlerons dans un autre tems et qu’il ne faut pas confondre avec la pensée, la volonté et l’action.

Après avoir expliqué le nombre sénaire par la vertu duquel s’est opérée la Création, je vais parler du nombre ternaire producteur des formes et du nombre neuvaire que nous attribuons à la matière, car il ne faut pas confondre non plus cette matière apparente et palpable qui frappe nos sens avec les principes impalpables qui la constituent ; c’est l’union de ces principes mis en action qui composent les corps.

Notes des choses traitées dans la première instruction
en assemblée générale du 7 janvier
1774(4)

Sur la Création Universelle matérielle temporelle opérée par la vertu du nombre senaire des pensée divines voilées dans la Genèze par les six jours de Moyze.

Addittion mistérieuse des trois facultés divines, Pensée, Volonté, Action.

Plan de la Création présente à l’imagination du Créateur sous une forme ∇ e.

Empreinte de ce triangle dans tous les produits de la Création.

Nombre ternaire des essences spiritueuses productrices des formes appellées mistérieusement soufre, sel et mercure.

Essences principes des élémens, élémens principes des corps.

Produittes par les esprits de l’axe, feu central ou feu incréé.

Essences spiritueuses en respect les unes des autres.

Dans leur état d’indifférence ayant leur vitriol inné sans action formoient le Cahos.

Enveloppe du Cahos formé par les esprits de l’axe.

Vieillards dans l’enfance, leur être spirituel quelquefois occupé ailleurs.

Cercle sensible terrestre à l’ouest, visuel au nord, rationel au sud, sensible au sein de la mère, visible pendant la vie, rationnel pendant la Réintégration, sensible de la terre à la lune, visuel de la lune au Soleil, rationel du Soleil à Saturne.

Êtres spirituels mineurs conduits et actionnés par les majeurs dans ces trois cercles.

Libre arbitre détruit par la fonction du majeur, felix culpa.

Esprits mineurs ternaires sont corporels sans intelligence.

L’axe ordinaire est la ligne horizontale qui soutient et traverse la Création.

L’axe feu incréé est tout à la fois l’enveloppe, le soutien et le centre de la Création, et est incréé parce que les esprits ternaires qui le produisent sont émanés et non créés.

L’homme destiné à la molestation des esprits pervers.

Il dérange l’œuvre du Créateur en attentant à sa vie, en faisant des excès. Son corps est un temple. Les jeûnes affaiblissent les attaques de l’ennemi. Les cinq sens sont les portes de l’ennemi et du gardien.

L’âme corporelle ou véhicule réside dans le sang, l’âme spirituelle de même et actionne sur le sang ou véhicule adhéré(5).

(À suivre.)