Octobre 1928

Éditions de la Revue Extrême-Asie, Saïgon.

Ce livre est curieux en ce qu’il montre bien ce qu’un esprit imbu des préjugés occidentaux peut comprendre, ou plutôt ne pas comprendre, même avec une certaine bonne volonté qui n’est pas douteuse, lorsqu’il se trouve transporté dans un milieu oriental. Le Bouddhisme n’est guère ici qu’un prétexte à des réflexions assez disparates, où prédominent tour à tour le « scientisme » et le « sentimentalisme » ; il y a un peu de tout là-dedans, jusqu’à des récits d’expériences « métapsychiques » ! Le Bouddhisme n’a rien de commun avec tout cela, ni avec des conceptions philosophiques comme celles de Spinoza, de Kant ou même de Schopenhauer, non plus qu’avec l’« évolutionnisme », le « relativisme », et les hypothèses de la physique contemporaine. Cependant, l’auteur ne semble pas satisfait du développement purement matériel de la civilisation occidentale moderne ; par quel étrange illogisme continue-t-il donc à accepter des idées qui sont exclusivement propres à cette même civilisation ? D’autre part, il y a une erreur que nous avons rencontrée à la fois dans cet ouvrage et dans celui de M. de Henseler dont nous avons rendu compte ici récemment (mai 1928)(*), et qu’il est nécessaire de relever : il n’y a, quoi qu’on en puisse dire, aucune assimilation possible entre le Vêdânta, ou plus généralement le Brâhmanisme, et le Bouddhisme ; leur rapport n’est et ne peut être que celui d’une doctrine orthodoxe et d’une hérésie qui en est sortie ; il est donc assez comparable à ce qu’est, à un point de vue d’ailleurs très différent, celui du Catholicisme et du Protestantisme dans le monde occidental.