Juin 1932
- S. U. Zanne. — Les Origines : l’Atlantide.
Les Éditions Cosmosophiques.
Cet ouvrage posthume se fait surtout remarquer par l’exubérante fantaisie linguistique qui était habituelle à son auteur, et que nous avons signalée déjà à propos de La Langue Sacrée(*). L’Atlantide y est surtout un prétexte à l’exposé de théories cosmogoniques plus ou moins bizarres et assez peu claires ; quant au système d’« éducative initiation » qui aurait été institué « en atlantide Matriarchat », nous pensons qu’il ne faut guère y voir qu’une de ces « utopies » sociales que certains rêveurs se plaisent parfois à situer ainsi en quelque point inaccessible de l’espace ou du temps. Au surplus, la chronologie de l’auteur paraît, elle aussi, quelque peu fantaisiste ; et est-ce pour se singulariser que, au rebours de toute donnée traditionnelle, il fait vivre la race noire (qui, paraît-il, serait autre que la race nègre) dans l’Atlantide, et la race rouge dans la Lémurie (qu’il place en outre dans l’Océan Pacifique) ? Plusieurs cartes figurent à la fin du volume ; il serait curieux de savoir par quels moyens elles ont été dressées, mais aucune indication n’est donnée là-dessus, ce qui, on en conviendra, n’est pas fait pour inspirer une excessive confiance en leur exactitude.
- Henri-Jean Bolle. — Le Temple, Ordre initiatique du moyen âge.
Association Maçonnique Internationale, Genève.
Cette brochure donne d’abord un bref aperçu de l’histoire de l’Ordre du Temple, après quoi l’auteur cherche à déterminer ce que pouvait être sa doctrine, afin de voir « dans quelle mesure il s’apparente, soit par filiation historique, soit spirituellement, à la Maçonnerie qui, selon plusieurs de ses systèmes, le considère comme l’un de ses ancêtres ». La conclusion est que, même si elle n’est que légendaire, « cette tradition a du moins le mérite de ne pas être anachronique », qu’« elle est de plus fort belle et pleine d’un sens profond », et que son défaut de fondement historique, si même il était prouvé, « ne saurait constituer un argument contre les hauts grades ». Il y a là bien des insuffisances à certains égards (et nous ne parlons pas seulement de lacunes inévitables en pareil sujet), car l’auteur ne se rend peut-être pas très bien compte de ce qu’est l’initiation véritable, qui implique bien autre chose que des idées de « tolérance » ou de « liberté de conscience » ; mais, tel qu’il est, ce travail n’en témoigne pas moins de préoccupations que, étant donnée son origine, il est intéressant de signaler.
- Léon de Poncins. — Refusé par la Presse.
Éditions Alexis Redier.
Ce volume fait suite à un autre intitulé Les Forces secrètes de la Révolution, dont nous avons rendu compte ici en son temps(**) ; son titre s’explique par le fait que les chapitres qui le composent, présentés d’abord comme articles séparés à divers journaux ou revues, ne furent acceptés par aucun d’eux. Nous aurions mauvaise grâce à critiquer un ouvrage où nous sommes longuement cité, en tout ce qui concerne la « crise du monde moderne » et les questions qui s’y rattachent, et qui porte même en épigraphe une phrase de notre Théosophisme. Nous dirons seulement que les préoccupations spéciales de l’auteur, trop exclusivement politiques à notre gré, lui font parfois présenter certains textes dans une intention qui n’est pas exactement celle où nous les avons écrits : ainsi, dans le passage qu’il cite au ch. IV, § 10, ce n’est point du tout la Maçonnerie que nous avions en vue… Mais il n’en est pas moins vrai que ces citations faites avec sympathie nous changent agréablement des insultes et des manifestations haineuses de certains autres « anti-maçons » !