Juillet 1933
- Henri Valentino. — Le voyage d’un pèlerin chinois dans l’Inde
des Bouddhas.
Éditions G. P. Maisonneuve, Paris.
C’est le récit du célèbre voyage accompli par Hiuen-tsang au viie siècle de l’ère chrétienne, récit arrangé d’après les traductions de Stanislas Julien, ce qui n’est pas une garantie de parfaite exactitude, et autour duquel, en outre, il semble bien qu’on ait mis quelque peu de « littérature » ; quoi qu’il en soit, cela se lit assez agréablement. Malheureusement, l’ouvrage est « précédé d’un exposé des doctrines de l’Inde antique sur la vie et la mort », c’est-à-dire, en réalité, d’une sorte de résumé de tout ce qu’il a plu aux orientalistes de raconter là-dessus ; il faut voir ces interprétations ainsi présentées « en raccourci », si l’on peut dire, pour en apprécier toute l’incroyable fantaisie ; même quand on y est habitué, on ne peut se défendre d’un certain étonnement devant l’accumulation de toutes les étiquettes en « isme » inventées par les Occidentaux pour leur propre usage, et appliquées à tort et à travers à ce à quoi elles ne conviennent nullement, ou encore devant les innombrables confusions produites par l’emploi de l’unique mot « âme » pour désigner indistinctement les éléments les plus disparates de l’être humain. Du reste, toute question de détail étant mise à part, il suffit, pour apprécier l’esprit dans lequel est fait cet exposé, de dire que la notion même de tradition en est totalement absente, que l’hétérodoxie y est mise sur le même pied que l’orthodoxie, le tout étant traité comme un ensemble de « spéculations » purement humaines, qui se sont « formées » à telle ou telle époque, qui ont « évolué », et ainsi de suite ; entre une telle façon de voir et celle qui est conforme à la vérité, nul compromis n’est possible, et peut-être ce livre n’a-t-il pas de plus grande utilité que de le faire apparaître si clairement.
- Charles Blech. — Contribution à l’histoire de la Société
Théosophique en France.
Éditions Adyar, Paris.
C’est un recueil de documents, les uns inédits, les autres devenus à peu près introuvables, sur les débuts de la Société Théosophique en France ; ils sont d’ailleurs présentés avec un certain désordre et de fâcheuses fautes d’impression (beaucoup de noms propres, notamment, sont entièrement défigurés). Ces documents sont fort édifiants : il n’y est question de rien d’autre que des démêlés de Mme Blavatsky avec les premiers membres français de la S. T. (recrutés en grande partie parmi les spirites) et des querelles de ces membres entre eux : cela permet d’apprécier encore une fois le singulier genre de « fraternité » qui a toujours régné dans ce milieu… Mais quel malicieux « élémental » a bien pu pousser le « Secrétaire général de la S. T. en France » à faire ainsi un étalage en quelque sorte « officiel » de toutes ces vieilles histoires ? Si nous ne craignions de heurter ses convictions, nous recommanderions volontiers sa « contribution » comme un complément à notre propre livre sur le Théosophisme !