Novembre 1934

Payot, Paris.

Cet ouvrage fournit une excellente « illustration » de ce que nous exposons d’autre part sur les différents genres d’organisations secrètes(*), car on y trouve, réunis sous le vocable « politique », des exemples des principales catégories dont nous indiquons la distinction. En effet, les « Décembristes » en Russie, les diverses sociétés irlandaises, la « Main-Noire » en Serbie et en Bosnie, ne furent très certainement que de simples associations de conspirateurs politiques. Par contre, comme nous l’expliquons dans notre article, on peut voir autre chose dans les « Carbonari », tout au moins quant à leur origine, bien que, dans cet exposé purement historique, il ne soit guère possible de s’en rendre compte que par quelques citations extraites des rituels. La « Société Houng », en Chine, est un vocable, peut-être un peu trop conventionnel, sous lequel on réunit un certain nombre de ces organisations plus ou moins extérieures et temporaires qui, ainsi que nous le disons par ailleurs, procèdent de la tradition taoïste, même si elles ont emprunté parfois des formes en partie bouddhiques, voire chrétiennes comme dans le cas des « Tai-ping ». Enfin, le « Ku-Klux-Klan » n’est qu’une des innombrables caricatures d’organisations initiatiques qui ont vu le jour en Amérique ; mais, tandis que la plupart d’entre elles sont assez inoffensives, celle-là s’est fait connaître sous un jour plutôt sinistre par toute une série de meurtres et d’incendies, ce qui n’empêche que le but principal de ses fondateurs semble bien n’avoir été, comme il arrive presque toujours en pareil cas, que d’en tirer d’appréciables revenus. Nous ne pensons pas que l’auteur lui-même ait eu une conscience très nette de ces distinctions, et on pourrait lui reprocher de tout placer sur le même plan ; son livre n’en constitue pas moins une intéressante contribution à ce qu’on peut appeler l’« histoire souterraine » de notre époque.

Gabriel Beauchesne, Paris.

Nous ferons avant tout à l’auteur une critique qui s’adresserait également à bien d’autres ouvrages du même genre que le sien : les idées profanes qui se sont introduites dans la Maçonnerie, et auxquelles il s’attaque d’ailleurs très justement, ne sont point des « principes maçonniques », elles seraient même bien plutôt tout le contraire, puisqu’elles marquent une dégénérescence de la Maçonnerie comme telle ; et l’on ne saurait attribuer à « la Maçonnerie », plus ou moins personnifiée pour les besoins de la cause, ce qui n’est que le fait de l’incompréhension de la majorité de ses membres actuels. Encore y aurait-il des distinctions à faire, car, s’il y a plus ou moins dégénérescence et incompréhension un peu partout, elles ne se manifestent pas partout sous les mêmes formes ; et, à cet égard, l’effort fait pour assimiler les tendances de la Maçonnerie anglo-saxonne à celles de la Maçonnerie latine donnerait lieu à bien des réserves. Cela dit, nous sommes bien d’accord avec l’auteur dans tout ce que son attitude a de proprement « antimoderne », et aussi pour ce qu’il dit de l’occultisme ; mais nous regrettons de le voir reproduire encore, en ce qui concerne la Kabbale, les notions erronées que nous avons déjà signalées en une précédente occasion.

Albert Messein, Paris.

Ce livre, en dépit de son titre, n’a rien de spécifiquement « occultiste » ; c’est, sous la forme d’une série d’entretiens d’un « Maître » avec ses disciples, un exposé, malheureusement assez confus, des idées particulières de l’auteur sur toutes sortes de questions, depuis les origines de la vie jusqu’à l’ordre social ; il y a là des vues assez curieuses, mais un peu perdues au milieu de considérations sentimentales qui n’ont certes pas valeur d’arguments. Dans la préface, André Lebey présente l’auteur de façon assez amusante ; tout en faisant de sérieuses réserves sur ses idées, il en prend occasion pour affirmer l’existence d’une « Tradition spirituelle » à travers les siècles ; il eût pourtant été à souhaiter que cette affirmation, qui répond pour nous à quelque chose de très « positif », ne restât pas dans un vague… un peu trop « poétique » à notre gré.