Novembre 1935

Adrien Maisonneuve, Paris.

Ce petit livre est un exposé plutôt élémentaire, avec une tendance assez marquée à tout « rationaliser », et une préoccupation constante de choisir uniquement ce qu’on estime utilisable pour des Occidentaux. Nous apprécions peu, d’une façon générale, ce genre d’« adaptation » ; du moins celle-ci paraît-elle, somme toute, assez inoffensive, surtout si on la compare aux méthodes « d’entraînement psychique » préconisées par les théosophistes et autres écoles similaires. Il y a lieu de regretter certaines négligences de langage, des anglicismes surtout, et aussi une disposition typographique dont l’effet n’est pas des plus heureux.

Paul Geuthner, Paris.

Ce volume contient, comme le dit l’auteur, des « impressions » recueillies au cours de plusieurs voyages dans des régions diverses : Palestine, Syrie, Mésopotamie, Ceylan, Inde, Indo-Chine, Chine, Corée, Japon ; impressions sans prétention, mais qui se lisent très agréablement, et qui témoignent d’une incontestable sympathie, franchement avouée, pour les choses de l’Orient. Fort heureusement, cette sympathie n’a point été étouffée par les lectures « orientalistes » indiquées à la fin ; il est vrai qu’il ne s’agissait point d’« érudition », non plus que de « reportage », et, certes, cela vaut beaucoup mieux ainsi à tout point de vue.

Extrait des Mélanges Louis Arnould, Société française d’édition et de librairie, Poitiers.

Dans cette très intéressante brochure, M. Charbonneau-Lassay étudie le symbolisme de l’« Œuf du Monde » dans les différentes traditions antiques, puis sa représentation chez les Druides par l’« œuf de serpent », ovum anguinum, qui s’identifie en fait à l’oursin fossile ; il explique par là la présence de cet oursin dans certains tombeaux et même, chose plus remarquable, à l’intérieur de tumulus qui ne contenaient rien d’autre (on pourrait sans doute y voir le tertre représentatif de la « montagne sacrée ») ; et, pour terminer, il envisage les traces de ce symbolisme qui ont subsisté à l’époque chrétienne, notamment dans certaines doctrines se rattachant plus ou moins directement à l’hermétisme.

Casa Editrice « Ausonia », Roma.

Les deux conférences réunies dans ce volume ne donnent de Virgile qu’une idée bien « exotérique » : dans ce poète qu’on nous présente comme partagé entre de naturelles aspirations religieuses et l’influence de la philosophie épicurienne, nous avons peine à reconnaître celui qui mit dans ses œuvres tant de données initiatiques, celui que, pour cette raison même, Dante prit pour guide de son mystérieux voyage ; et voir dans l’Enéide le « poème de la douleur » est une interprétation « psychologique » qui, comme toutes celles du même ordre, ne saurait aller bien loin ni rien expliquer au fond ; ce n’est certes pas en prêtant aux anciens les préoccupations spéciales des modernes qu’on arrivera jamais à les comprendre vraiment.

Casa Editrice « Ausonia », Roma.

Il ne s’agit ici que d’un essai de reconstitution de certains passages plus ou moins altérés dans les manuscrits ; il n’en résulte en somme aucun éclaircissement quant à la pensée même de Sénèque, mais c’est un exemple de la difficulté qu’il y a parfois à retrouver le texte exact des auteurs anciens ; comment, dans ces conditions, tant de gens peuvent-ils oser vanter la prétendue supériorité de l’écriture sur la transmission orale pour éviter toute déformation ?

Nous nous souvenons d’avoir vu précédemment le contenu de cette brochure publié en articles, dans des revues à tendances plus ou moins théosophistes, sous la signature d’un « Thibétain » anonyme ; celui-ci ne ferait-il donc qu’un avec Mrs Bailey elle-même, ou, ce qui revient sans doute au même, n’aurait-il qu’une existence purement « astrale » ? À vrai dire, nous n’en sommes pas tout à fait sûr, car il présente bien aussi, par ailleurs, quelques ressemblances avec un personnage dont on nous a signalé de divers côtés les manifestations variées… Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un plan qui aurait été établi par une « Hiérarchie » hypothétique dans laquelle il n’est pas difficile de reconnaître la trop fameuse « Grande Loge Blanche » ; celle-ci, désignée curieusement comme une « Compagnie d’Intellects éclairés », aurait fondé, pour réaliser ce « plan », un « Groupe des Artisans de l’Ère nouvelle », dont les membres seraient mis en relation entre eux « subjectivement, intuitivement et parfois télépathiquement », et dont l’activité, d’après ce qui est dit, s’exercerait dans les domaines les plus profanes : on y trouverait jusqu’à des politiciens et des hommes d’affaires ! Tout cela ne présente certes pas un bien grand intérêt en soi ; si nous nous y arrêtons, c’est pour montrer une fois de plus combien toutes ces histoires fantastiques se répandent actuellement ; et, comme nous l’avons déjà dit bien souvent, il y a là un danger certain ; ceux qui les inspirent (nous ne disons pas ceux qui les propagent) ont sûrement quelque dessein suspect, et, de la « contre-initiation » à la « pseudo-initiation », il y a peut-être plus d’« infiltrations » qu’on ne serait tenté de le croire…