Juin 1936
- Roger Glardon. — Le Spiritisme en face de l’histoire, de la
science, de la religion.
P. Rouge et Cie, Lausanne, et Librairie Fischbacher, Paris.
L’auteur est un pasteur protestant, et son livre a été présenté comme thèse à la Faculté de théologie de l’Église libre du canton de Vaud ; c’est dire que le point de vue auquel il se place pour combattre le spiritisme est forcément assez spécial. La partie historique contient de fâcheuses confusions, qui tendraient à donner raison à ceux des spirites qui veulent faire remonter leurs théories et leurs pratiques jusqu’à l’Antiquité ; la documentation en est d’ailleurs bien peu sûre, puisque, pour l’Inde par exemple, l’auteur va jusqu’à accepter certains racontars de Jacolliot. On peut voir là à combien d’équivoques se prête le mot d’« esprits », qui ne signifie rien au fond ; et, d’autre part, prétendre assimiler au spiritisme jusqu’au culte catholique des saints témoigne d’assez singuliers préjugés. L’exposé des faits, qui vient ensuite, vaut certainement mieux ; mais ce n’est pas là qu’est le plus important, car, en réalité, il n’y a pas « de phénomènes spirites », il n’y a de spirite qu’une certaine explication de ces phénomènes. À cet égard, l’auteur s’attache à montrer que les diverses autres hypothèses qu’on peut envisager suivant les cas suffisent pour expliquer tous les faits constatés, de sorte qu’il n’y a aucune nécessité de recourir à l’hypothèse spirite ; cependant, comme il semble malgré tout considérer celle-ci comme une hypothèse possible au même titre que les autres, et qu’en tout cas il n’en montre pas l’absurdité, sa réfutation demeure en somme bien insuffisante et n’a rien de définitif. Quant à la partie proprement religieuse, à part certaines réflexions qui relèvent du simple bon sens et qui font assez bien ressortir le côté ridicule de la soi-disant « religion spirite », il va de soi qu’elle ne peut guère convaincre que les coreligionnaires de l’auteur. Enfin, une dernière partie est consacrée aux dangers du spiritisme ; ici du moins, nous ne pouvons qu’approuver entièrement ; et peut-être même l’auteur aurait-il dû insister un peu plus sur ces considérations, puisque le but même de son étude est, dit-il, « de décourager ceux qui seraient tentés de s’engager sur cette voie, funeste à tous les points de vue ».
- Édouard Arnaud. — Recherche de la Vérité : art, science,
occultisme, religions.
Éditions Leymarie, Paris.
Le plus grand mérite de ce gros volume, c’est sans doute l’évidente sincérité de l’auteur ; celui-ci cherche la vérité (mieux vaudrait peut-être dire « sa » vérité, car il est très « relativiste ») à travers des considérations basées à la fois sur la physique moderne, la « métapsychique » et les diverses variétés de l’occultisme ; il n’y a pas à s’étonner si, dans ces conditions, il n’aboutit qu’à des hypothèses dont la valeur est des plus contestables. Il attribue une particulière importance à la Doctrine Secrète de Mme Blavatsky ; il est vrai qu’il se refuse à tenir compte de ce qui lui paraît par trop « invérifiable », mais il n’en croit pas moins qu’il y a là l’authentique expression d’une « tradition archaïque » ; aussi ses informations sur les doctrines orientales, puisées à une telle source, sont-elles d’une nature éminemment fantaisiste. Ajoutons qu’il apporte à sa recherche une mentalité visiblement influencée à la fois par son éducation protestante et par sa profession d’architecte ; et cela en montre bien encore le caractère purement « individuel », aussi éloigné que possible de l’impersonnalité de la véritable connaissance.
- H. Mamessier. — À la recherche de Forces spirituelles.
Éditions Adyar, Paris.
Cette brochure est un indice, parmi bien d’autres, que, même dans les milieux où l’on fait profession de croire le plus fermement au « progrès », on n’ose plus trouver que l’époque actuelle soit admirable à tous les points de vue ; mais, à part cela, qui est somme toute purement négatif, l’auteur fait surtout preuve d’une haine fanatique contre tout ce qui s’appelle « dogme » et « révélation », et il paraît d’ailleurs ignorer tout à fait la véritable nature du « spirituel », avec lequel ses vues morales et sociales et ses projets de réformes politiques et économiques n’ont assurément pas grand’chose de commun.