Avril-mai 1949
- Cyrille Wilczkowski. — L’Homme et le Zodiaque. Essai de synthèse
typologique.
Éditions du Griffon d’Or, Paris.
L’auteur reconnaît lui-même que cet ouvrage a un « caractère hybride », et en effet, bien qu’il pense que les deux parties en lesquelles il est divisé se complètent, elles n’ont en réalité que peu de rapport entre elles. Dans la première, il s’est proposé avant tout de « définir la position de l’astrologie devant la conscience moderne », ce qui implique forcément de bien fâcheuses concessions ; il faudrait se rendre compte de ceci : ou bien l’astrologie est une science traditionnelle, et alors elle est évidemment opposée à l’esprit moderne et n’a pas à se préoccuper de chercher un accord impossible ; ou bien il s’agit d’une soi-disant « astrologie scientifique » qui n’est qu’une science profane comme les autres et qui n’a plus guère que le nom de commun avec la véritable astrologie ; en tout cas, il faudrait choisir et ne jamais mélanger ces deux conceptions totalement différentes. Or, dans la seconde partie, qui est consacrée au symbolisme zodiacal, il est fait surtout appel aux « doctrines anciennes », bien qu’il y soit aussi question de « recherches récentes » dont les résultats nous paraissent d’ailleurs plutôt hypothétiques ; en ce qui concerne les données traditionnelles, il faut bien dire aussi que, malheureusement, les renseignements qui s’y rapportent ne sont pas toujours puisés à des sources parfaitement sûres. De plus, l’exposé manque parfois de clarté : ainsi, nous n’avons pas pu réussir à comprendre exactement ce qu’il faut entendre par les « images-clefs du Zodiaque » ; l’interprétation de certains mythes est souvent confuse ou vague, et on ne voit pas toujours qu’ils aient une relation très directe avec tel ou tel signe zodiacal. Malgré tout, il y a là-dedans des considérations qui sont assurément loin d’être dépourvues d’intérêt, et il serait seulement à souhaiter que l’auteur les reprenne en leur donnant plus de netteté et en les dégageant des éléments hétérogènes provenant de l’influence des idées modernes ; ajoutons qu’il faut lui savoir gré d’attacher fort peu d’importance au côté « prédictions » de l’astrologie, et aussi de déclarer expressément que son étude n’a rien à voir avec l’occultisme.
- Georges Barbarin. — Je et Moi ou le dédoublement spirituel.
Librairie Astra, Paris.
M. Barbarin écrit beaucoup, peut-être trop, car ce qu’il trouve à dire n’a souvent qu’un intérêt assez restreint, et, en cela comme en toutes choses, nous préférerions pour notre part la qualité à la quantité. Ce nouveau volume se présente, au moins dans ses premiers chapitres, sous la forme d’une sorte d’autobiographie psychologique : il pense avoir découvert en lui deux éléments distincts et même plus ou moins opposés, qu’il appelle « Je » et « Moi », et qu’il fait d’ailleurs correspondre respectivement à l’« individualité » et à la « personnalité », en intervertissant le sens normal de ces deux mots conformément à la terminologie théosophiste. Sa principale originalité est donc ici d’appeler « Je », on ne sait trop pourquoi, ce que d’autres appellent « Soi » ; mais, à vrai dire, il s’illusionne grandement sur la portée de ses constatations, car tout cela est certainement d’ordre beaucoup plus psychique que spirituel, et, en fait, on n’y voit rien qui dépasse le niveau individuel humain, de sorte qu’il semble bien s’agir tout simplement de deux parties du « Moi », et que, en tout cas, nous restons bien loin de ce principe transcendant qui est le véritable « Soi », qui du reste ne saurait aucunement se prêter à de telles analyses. L’auteur généralise ensuite ses découvertes en en faisant l’application aux collectivités humaines, puis il en arrive à l’« Homme-Dieu » ; les pages où il interprète à sa façon la double nature du Christ sont encore plus contestables que tout le reste, bien qu’il prétende les appuyer sur certains textes évangéliques dont il essaie finalement de tirer ce qu’il appelle une « Charte de l’Unité ». Au fond, tout cela est plutôt « simpliste » et ne peut guère que contribuer à entretenir certaines confusions dans l’esprit de nos contemporains, déjà trop portés à s’imaginer trouver de la « spiritualité » là où il n’y en a même pas l’ombre ; les banalités psychologiques et sentimentales sont, hélas ! beaucoup plus « à la portée de tout le monde » que la véritable spiritualité.
- Déodat Roché. — Le Catharisme.
Institut d’Études Occitanes, Toulouse.
Ce petit livre est surtout intéressant par les renseignements historiques qui s’y trouvent réunis ; pour ce qui est de la façon dont y est interprétée la doctrine des Cathares, ou du moins le peu qu’on en connaît, elle appelle les plus sérieuses réserves, car elle est fortement influencée par les conceptions de Rudolf Steiner et par les idées réincarnationnistes de l’auteur. D’autre part, l’identité du Catharisme avec le Manichéisme n’est peut-être pas aussi certaine qu’on veut bien le dire, et, en tout cas, il resterait à savoir ce que fut réellement le Manichéisme, car c’est là encore une question qui est loin d’être complètement éclaircie. Quoi qu’il en soit, nous ne voyons pas très bien comment l’affirmation que les Cathares étaient des Manichéens peut s’accorder avec celle qu’ils étaient « purement chrétiens », ni avec celle que leur doctrine était « une expression du platonisme »… Dans les appendices de l’ouvrage, on trouve la reproduction de l’article sur un plat cathare dont nous avons déjà parlé précédemment (no d’octobre-novembre 1945) ; nous signalerons aussi des notes sur des croix manichéennes ou considérées comme telles et sur des symboles mithriaques ; et, à ce propos, nous ne pouvons nous empêcher de trouver assez étonnante l’assertion suivant laquelle « le chrisme était tout d’abord mithriaque » ; n’y aurait-il pas là quelque confusion entre un symbole qui appartient en réalité à la tradition universelle et une forme qui en est dérivée, mais qui présente un caractère beaucoup plus particularisé ? Cela n’a rien d’impossible ; mais, quand nous voyons affirmer en un autre endroit, d’une façon encore plus précise, et sans la moindre preuve à l’appui, que « le labarum de Constantin était antérieurement un étendard mithriaque », nous finissons par craindre que l’auteur ne se défie pas toujours suffisamment de son imagination.