Juin 1929

Krur est, sous un nouveau nom, la continuation de la revue italienne Ur, dirigée par J. Evola. Pourquoi faut-il que nous trouvions, encartée dans le second numéro, une attaque à la fois violente et perfide contre un ancien collaborateur ? De tels procédés sont bien fâcheux, et ils pourraient même faire douter de la valeur initiatique de certains enseignements ; en effet, c’est plutôt dans le monde profane qu’on est habitué à voir des choses de ce genre, et il conviendrait de les lui laisser. Cela est d’autant plus regrettable que cette revue contient toujours des études réellement intéressantes, quoique orientées dans un sens « magique » un peu spécial, et malgré les réserves qu’il y a lieu de faire sur l’existence d’une « tradition méditerranéenne » qui nous paraît fort hypothétique.

— Par une rencontre assez curieuse, nous relevons dans le numéro de mars d’Atlantis un article signé Philèbe, où se trouve, comme dans Krur, l’affirmation de l’« individualisme » comme caractéristique de l’Occident. De l’Occident moderne, cela n’est pas douteux ; mais peut-il en être de même lorsqu’il s’agit de doctrines traditionnelles ? Et puis, pourquoi vouloir à toute force qu’il y ait opposition entre l’Orient et l’Occident, alors que, si on laisse de côté les déviations, il ne peut au contraire y avoir qu’harmonie ? Quelles que soient les différences de forme, toutes les traditions véritables, qu’elles soient d’Orient ou d’Occident, s’accordent nécessairement sur le fond, elles sont même identiques en leur essence. La Vérité est une, si les voies qui y conduisent sont multiples et diverses ; mais cette multiplicité des voies est requise par les différences mêmes de nature qui existent entre les hommes, et c’est pourquoi on ne doit en exclure aucune ; l’« exclusivisme » est toujours l’effet d’une certaine incompréhension, et ceux qui en font preuve n’ont sûrement pas le « don des langues ».

La Science Nouvelle, qui paraît en Belgique depuis le début de cette année, semble surtout destinée à répandre les théories de M. Georges Ravasini, qui a inventé, entre autres choses, une nouvelle science désignée par le nom quelque peu barbare de « sexosociologie ». Les collaborateurs de cette revue devraient bien tout au moins, d’une façon générale, s’efforcer d’écrire en un français un peu plus correct.

Le Messager de la Nouvelle Église, organe swedenborgien, contient, dans son numéro de février, un article sur les phénomènes de stigmatisation de Thérèse Neumann. Nous y notons cette idée très juste, que les phénomènes, même « miraculeux », ne prouvent absolument rien quant à la vérité d’une doctrine. D’autre part, nous y apprenons l’existence en Allemagne d’une secte dite « lorbérienne », dont le fondateur, Jakob Lorber, se présente, paraît-il, comme un émule de Swedenborg.

— Dans le Grand Lodge Bulletin, organe de la Grande Loge d’Iowa (no de février), une étude sur Pythagore et la 47e proposition d’Euclide (théorème du carré de l’hypoténuse), dont la conclusion, malheureusement, demeure quelque peu dans le vague. Il y aurait eu cependant beaucoup à dire sur le « triangle sacré » 3-4-5 et sur bien d’autres questions connexes ; mais c’est réduire le symbolisme maçonnique à bien peu de chose que de ne vouloir y voir, comme c’est le cas ici, qu’une signification exclusivement morale et sociale ; qu’en penseraient les anciens Maçons « opératifs » ?

Gnosi (no de mars-avril) annonce la mort du professeur Otto Penzig, ancien secrétaire général de la Société Théosophique Italienne.

— La Revue Internationale des Sociétés Secrètes (partie occultiste, no du 1er avril) publie un article sur la Question juive, dans lequel M. de Guillebert prétend opposer la « Cabale » (qu’il s’obstine d’ailleurs à confondre avec le Talmud) à la « Tradition », comme si ce dernier mot n’était pas la traduction pure et simple de l’autre ; et il affirme que la « Cabale » est « l’interprétation matérielle de la Bible », alors qu’elle est précisément tout le contraire ! Avant de se risquer à traiter certains sujets, on devrait tout de même chercher à savoir de quoi il s’agit, à moins que… Mais nous ne voulons pas supposer que ce soit sciemment que, pour les besoins d’une thèse, on déforme à ce point la vérité. — Dans le no du 14 avril de la même revue, nous trouvons les échos d’une étrange querelle avec les Études des Pères Jésuites, à propos d’un livre récent intitulé L’Élue du Dragon, sur lequel nous aurons peut-être l’occasion de revenir(*).