Juillet 1929

— Le Mercure de France du 15 mai contient une remarquable étude de M. Paul Vulliaud sur Gioberti et l’Impérialisme italien.

— Dans le Lotus Bleu d’avril, M. J. Marquès-Rivière continue une série d’articles fort intéressants ; il traite cette fois de La « Roue de la Vie » bouddhique selon les traditions thibétaines. Cela fait un singulier contraste avec les historiettes de M. Leadbeater !

— Dans Atlantis (no du 21 avril), M. Paul Le Cour poursuit ses recherches sur le symbole des trois enceintes ; il reproduit un curieux document figurant, malheureusement sans indication de provenance, dans l’ouvrage du chanoine Edme Thomas sur la cathédrale d’Autun, et qui est donné comme représentant la cité gauloise des Éduens. Dans le même article sont citées quelques réflexions de M. Charbonneau-Lassay, qui dit notamment qu’il ne serait pas surpris que les Chrétiens aient fait de ce symbole une image de la Jérusalem céleste. Or, dans l’article que nous avons consacré ici à cette question le mois dernier(*), nous indiquions précisément de notre côté quelques rapprochements dans le même sens, et nous rappelions qu’une autre disposition des trois carrés constitue une des figures les plus habituelles de la Jérusalem céleste. Nous sommes heureux de signaler cette rencontre, qui d’ailleurs ne nous surprend pas, car il est déjà arrivé bien souvent que M. Charbonneau-Lassay et nous-même ayons abouti, indépendamment et par des voies différentes, aux mêmes conclusions sur beaucoup de points concernant le symbolisme.

Le Compagnonnage (no de mai) continue la publication d’une étude sur l’Origine préhistorique du Compagnonnage ; il y aurait beaucoup à dire pour et contre. Notons-y seulement, pour le moment tout au moins, un point qui soulève une question intéressante : il s’agit du « bâton de commandement », dont la signification symbolique et initiatique serait en effet à étudier de plus près, à l’aide des analogies qu’on pourrait trouver dans de nombreuses formes traditionnelles d’époques et de contrées fort diverses.

— Dans La Rose-Croix (avril-mai-juin), M. Jollivet-Castelot donne la suite d’un travail dans lequel il oppose « théodicée » à « théologie » ; sans entrer dans le fond du sujet, nous nous permettrons cette simple remarque : pourquoi dire que « la théodicée » enseigne telle ou telle chose, alors que, en fait, il s’agit uniquement des conceptions personnelles de l’auteur ?

Espiral est l’organe de la branche mexicaine de l’A. M. O. R. C. (Ancient Mystic Order of the Rosy Cross), une des nombreuses organisations américaines à étiquette rosicrucienne. Nous nous souvenons que cette même organisation avait essayé de fonder aussi une branche en France il y a quelques années, mais elle semble n’y avoir rencontré que fort peu de succès.

— Dans Rays from the Rose Cross (no de mai), organe d’une autre association plus ou moins similaire (Rosicrucian Fellowship), nous relevons une interprétation d’un passage biblique où quelques mots hébraïques sont assez malencontreusement déformés, sans parler de certains contresens encore plus fâcheux (ainsi, iam signifie « mer », et non pas « sel », qui se dit melah), et aussi une étude sur la planète Neptune et la quatrième dimension, qui n’est pas dépourvue d’une certaine fantaisie.

— Le Grand Lodge Bulletin d’Iowa (no de mars) contient plusieurs notices intéressantes au point de vue symbolique et surtout historique ; l’une d’elles concerne les modifications successives du tablier dans la Maçonnerie anglaise. Dans un autre article, nous voyons que les Maçons américains s’étonnent de la liberté avec laquelle des publications « d’outre-mer » traitent de questions se rapportant à des parties « ésotériques » du rituel.

— La mentalité des Maçons américains, et aussi anglais, est en effet très particulière à bien des égards ; dans Le Symbolisme (no d’avril), un article d’Oswald Wirth, intitulé L’Église maçonnique anglo-saxonne, apporte de curieuses précisions à ce sujet. D’après une information contenue dans la même revue, il vient de se constituer à Berlin une « Loge mystico-magique » intitulée Fraternitas Saturni, qui semble se rattacher plus ou moins directement aux anciennes organisations de Theodor Reuss, fondateur de l’O. T. O. (Ordo Templi Orientis).

— Précisément, la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (partie occultiste, no du 1er mai) publie quelques documents sur cet O. T. O., dont le chef actuel, tout au moins pour les pays de langue anglaise, semble être Sir Aleister Crowley, récemment expulsé de France (et qui, d’autre part, a dû aussi recueillir antérieurement l’héritage de l’Ordre S. S. S. et de la Fraternité Z. Z. R. R. Z. Z., dont la R. I. S. S. paraît ignorer l’existence). Ces documents sont naturellement accompagnés d’un commentaire tendancieux, où l’O. T. O. est présenté comme une « Haute Loge » et Aleister Crowley comme un successeur des « Illuminés » dont il est question dans L’Élue du Dragon ; c’est faire beaucoup d’honneur aux fantaisies plus ou moins suspectes de quelques individualités sans mandat et sans autorité ! Mais il est évident que la chose perdrait beaucoup de son intérêt, au point de vue très spécial où se place cette revue, si l’on devait reconnaître qu’il ne s’agit que d’une simple fumisterie ; pourtant, comment qualifier autrement une organisation dans laquelle n’importe qui, à la seule condition de payer une somme de 20 dollars, se trouve immédiatement admis au troisième degré ? — Dans la note que nous avons consacrée à L’Élue du Dragon et qu’on aura lue d’autre part, nous faisions allusion aux gens qui croient encore aux histoires fantastiques de Léo Taxil ; or, après avoir rédigé cette note, nous avons trouvé dans la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (no du 19 mai) un article dont le but est justement de donner à penser que c’est en s’accusant de mensonge que Taxil a menti ! Nous avons bien connu certaines des personnes dont il est question à cette occasion, et nous avons même en notre possession divers documents se rapportant à cette affaire ; nous pourrions donc, nous aussi, dire quelque chose là-dessus si nous le jugions à propos, mais, pour le moment, nous n’en voyons pas la nécessité. Nous suggérerons seulement à la R. I. S. S. une idée qui nous paraît fort susceptible de rentrer dans son programme : pourquoi ne publierait-elle pas un jour les documents de l’Ordre du Labarum ?