Janvier 1930

Krur (no 9-10-11) contient, entre autres choses, la suite de l’étude sur la Tradition hermétique que nous avons déjà signalée, et un article intitulé Catholicisme et ésotérisme, où sont exprimées beaucoup de vues justes. Un autre article, à propos de notre récent livre, Autorité spirituelle et pouvoir temporel, marque une divergence sur un point essentiel, en affirmant la « non-subordination », si l’on peut dire, des Kshatriyas vis-à-vis des Brâhmanes ; c’est là une question sur laquelle, avec la meilleure volonté du monde, il ne nous est pas possible de nous montrer conciliant.

— Les Annales Initiatiques (juillet-août-septembre) reproduisent une conférence de S. U. Zanne sur la Médiumnité, qui, si nous ne nous trompons, avait paru autrefois dans l’Initiation ; ce n’est guère plus clair que le livre du même auteur dont nous avons rendu compte dernièrement(*).

L’Astrosophie donne le début d’une étude de M. Marc Semenoff intitulée Blavastky, la Bible, les Védas et le Christ ; ce titre produit une impression de confusion qui n’est pas démentie par l’article lui-même ; il y a notamment là-dedans des citations de textes vêdiques qui sont « arrangés » de telle façon qu’on croirait plutôt lire des extraits de la trop fameuse « tradition cosmique ».

Atlantis (no de septembre-octobre) contient une très intéressante lettre de M. Charbonneau-Lassay sur le symbole de la « triple enceinte », envisagé plus spécialement dans l’emblématique chrétienne.

— Dans la Revue Internationale des Sociétés Secrètes, la suite des articles concernant les Mémoires de Diana Vaughan (10 novembre et 1er décembre) ne nous fait pas modifier en quoi que ce soit les réflexions que nous avons formulées précédemment à ce sujet. Dans le dernier, il y a une méprise assez curieuse : citant un passage où est mentionné le « traité de la Génération et de la Corruption », qui est un ouvrage d’Aristote, l’auteur de l’article a cru qu’il s’agissait d’une « théorie imaginée par Robert Fludd » ! — Autre curiosité relevée dans le compte rendu d’une fête compagnonnique (10 novembre) : il y est dit que « la désignation C/, pour Compagnon, trahit ouvertement l’accointance maçonnique ». Or l’usage des trois points dans les abréviations est au contraire d’origine purement corporative ; c’est de là qu’il est passé dans certaines branches de la Maçonnerie « spéculative », mais il en est d’autres, notamment dans les pays anglo-saxons, qui l’ignorent totalement. — Les nos des 17 et 24 novembre contiennent une étude historique sur le Rite de Misraïm, qui, malheureusement, n’éclaircit guère la question assez obscure de ses origines. — Dans la « partie occultiste » (1er novembre), M. A. Tarannes se contente cette fois de reproduire, sans grands commentaires, un certain nombre de signes compagnonniques (marques de tailleurs de pierres) relevés à l’église Saint-Ouen de Rouen. — Un autre collaborateur de la revue traite, à sa façon, de La Musique et l’Ésotérisme ; il semble avoir découvert un peu tardivement le numéro spécial du Voile d’Isis consacré à ce sujet, et il prête à ses rédacteurs les intentions les plus invraisemblables. D’autre part, nous ne nous serions jamais douté qu’une « propagande » pût avoir un caractère ésotérique, ce qui nous paraît une contradiction dans les termes, ni qu’il y eût une « foi à l’ésotérisme », celui-ci étant essentiellement et exclusivement affaire de connaissance. — Notons enfin, dans le même numéro, la seconde des Trois lettres du R. P. Harald Richard, S. J., sur l’Occultisme contemporain ; il est question cette fois des sourciers, qui sont dénoncés tout simplement comme des suppôts du diable ; et c’est l’occasion de faire remarquer charitablement qu’« il y a aujourd’hui beaucoup trop de curés et de religieux qui se sont faits sourciers ». Il est aussi parlé dans cette lettre « du pendule de Chevreuil (sic), nom d’un chef spirite vivant, qu’il ne faut pas confondre avec Chevreul, le savant mort centenaire en 1896 » ; le malheur est que c’est bien du pendule de Chevreul qu’il s’agit, et que le spirite Chevreuil, son quasi-homonyme, n’est absolument pour rien là-dedans.