Octobre 1930

La Torre (nos 8 à 10) contient une bonne critique de divers mouvements « néo-spiritualistes » ou connexes : spiritisme, métapsychisme, psychanalyse, théosophisme. Signalons aussi, dans le no 10, un article sur La grande et la petite guerre sainte, venu à la suite de celui que nous avons donné ici sur le même sujet(*), mais qui se place à un point de vue un peu différent. Il est fâcheux que, d’autre part, on accorde, dans cette revue, aux fantaisies pseudo-historiques de Bachofen une importance bien exagérée.

Espiral, organe de la branche mexicaine de l’A. M. O. R. C. (une des nombreuses organisations américaines à prétentions rosicruciennes), a jugé bon de donner, sans aucune autorisation, des extraits de la traduction de Paracelse par M. Grillot de Givry ; de tels procédés sont toujours regrettables.

— La nouvelle revue allemande Hain der Isis (nos d’avril à juillet) continue à s’occuper surtout de magie et à faire une grande place aux écrits du trop fameux Aleister Crowley.

Atlantis consacre son no d’avril-mai à Virgile et le Messianisme. À propos d’une note contenue dans ce même numéro, nous nous trouvons dans l’obligation de faire remarquer : 1o que, dans le Voile d’Isis de mars (p. 212), nous n’avons pas écrit : « Je ne m’occupe pas d’hermétisme, mais seulement de tradition orientale » (nous n’avons d’ailleurs jamais commis l’incorrection d’écrire à la première personne du singulier), mais : « Nos ouvrages ne traitent pas d’hermétisme, mais de traditions orientales », ce qui est très différent ; 2o que, du fait que quelqu’un ne parle pas d’une chose, nul n’a le droit d’inférer que cette chose est « inconnue » de lui.

— Dans le Symbolisme (no de mai), un article de M. Armand Bédarride, intitulé Un problème de méthode, fait ressortir quelques-unes des différences qui existent entre l’enseignement initiatique et l’enseignement profane. — Dans le no de juin, Oswald Wirth envisage un Dédoublement de la Franc-Maçonnerie : il y aurait « des Maçons selon la lettre et d’autres selon l’esprit » ; l’intention est assurément excellente, mais, étant donné l’état actuel de la Maçonnerie, elle nous paraît bien difficilement réalisable. — Dans le no de juillet, autre article d’Oswald Wirth sur L’Hérésie biblique (à propos de la Maçonnerie anglo-saxonne), qui procède d’un point de vue bien extérieur : la méconnaissance du véritable caractère des Livres sacrés, quels qu’ils soient d’ailleurs, chez des hommes qui se recommandent d’une tradition initiatique, nous cause toujours quelque étonnement.

— Le Grand Lodge Bulletin d’Iowa termine dans son no de mai l’étude sur le symbolisme de la ruche. — Le no de juin contient quelques indications intéressantes sur des livres anciens dans lesquels il est fait mention de la Maçonnerie.

— Dans la « partie occultiste » de la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (no du 1er mai), M. de Guillebert, dans un article intitulé Science et Magie, s’imagine découvrir des intentions « ésotériques » dans les théories les plus « profanes » de la science contemporaine. Il continue dans un autre article intitulé Occultisme scientifique (no du 1er juin), où il s’en prend plus spécialement à MM. Maxwell, Jollivet-Castelot et Paul Choisnard, en qui il voit les agents d’une tentative d’annexion de la science officielle par l’« occultisme » ! Il est d’ailleurs obligé, en ce qui concerne M. Choisnard, de se rétracter dans le numéro suivant (no du 1er juillet), en post-scriptum à un article sur Jacob Boehme inspiré par le numéro spécial du Voile d’Isis, et rédigé de telle façon qu’il est à peu près impossible de distinguer ce qui est un compte rendu de celui-ci et ce qui est réflexions personnelles de l’auteur. Notons-y seulement l’extraordinaire affirmation que Jacob Boehme était juif ; c’est une véritable hantise ! — Dans les nos du 1er mai et du 1er juillet, nous trouvons aussi la fin de l’étude sur Bô Yin Râ que nous avons mentionnée précédemment, et, dans celui du 1er juin, une réponse à une réponse de M. Henri Durville au sujet de L’Ordre Eudiaque. Au fond, M. Durville devrait être flatté de se voir considéré comme une « Autorité Supérieure », donnant une « Initiation Supérieure », et plus proche des « Hautes Puissances Occultes » que la Maçonnerie ! Cette querelle ne nous intéresse pas, mais nous devons relever une erreur de fait : les livres d’Éliphas Lévi n’ont jamais été « mis en interdit par l’Église » (cf. P. Chacornac, Éliphas Lévi, p. 184, où cette question est mise au point). — En dehors de la « partie occultiste », signalons un article intitulé Les Porte-lumière des Ténèbres (no du 6 juillet), à propos d’un récent livre anglais consacré à la Stella Matutina, continuation de l’ancienne Golden Dawn, et à quelques autres organisations dépendant plus ou moins d’Aleister Crowley. — Enfin, pour terminer, une chose amusante que nous avons trouvée dans un article sur Un Congrès universel des religions contre la guerre (no du 20 juillet) : décrivant la couverture du compte rendu des travaux du « Comité préparatoire », on y signale « une inscription espérantiste (ou ido, ou autre chose) : Santi Pax Salaam ». Or cette inscription, c’est tout simplement le mot « Paix » en sanscrit, en latin et en arabe ; quels admirables linguistes que les rédacteurs de la R. I. S. S. !