Avril 1931

Atlantis (no de janvier-février) annonce son intention de se consacrer davantage que par le passé à l’étude du symbolisme. Un article de M. Ph. Lebesgue, intitulé La naissance des symboles, s’inspire largement du Barddas paru récemment ici même. Dans un autre article, M. Paul Le Cour parle du swastika, dans lequel il veut voir le « symbole de la force » ; ne prend-il pas au sérieux l’usage qu’en font les « racistes allemands » ?

— Dans Eudia (nos de janvier et de février), M. Jollivet-Castelot intitule Étude positive de la magie une série de réflexions sur les arcanes du Tarot ; il assure que « la vraie magie se confond avec la vraie science et la vraie philosophie », qu’il conçoit de façon toute moderne, et il ajoute qu’« aujourd’hui elle s’est démocratisée » ; il y paraît, hélas ! — À côté d’Eudia, M. Henri Durville publie depuis octobre dernier un autre organe intitulé Les Forces spirituelles pour la protection et la guérison, qui se présente d’ailleurs comme une simple feuille de « vulgarisation ».

— Dans le Symbolisme (no de janvier), sous le titre Le Devoir latin, Oswald Wirth continue à s’en prendre à la Maçonnerie anglo-saxonne ; il lui reproche d’être infidèle à l’esprit des Constitutions de 1723, en lesquelles il veut voir l’expression de la « Maçonnerie traditionnelle », alors qu’elles représentent plutôt une rupture avec la tradition. — Le numéro de février de la même revue est occupé en grande partie par des discussions sur la Bible ; chacun veut dire son mot sur cette question, et il s’en dégage une impression passablement chaotique ; nous doutons fort que du choc de toutes ces idées disparates jaillisse la moindre lumière.

— La Revue Caodaïste publie un « message de l’esprit d’Allan Kardec » (numéro de novembre) et un article sur L’existence de Dieu rempli de considérations « scientistes » sur la radioactivité et autres choses de ce genre (numéro de décembre) ; tout cela confirme bien l’inspiration occidentale de la nouvelle religion dont cette revue est l’organe.

— Les Amis du Bouddhisme publient la traduction d’une brochure intitulée Kamma (Karma), par Bhikkhu Silacara, simple opuscule de propagande, qui rectifie cependant incidemment quelques conceptions erronées ayant cours parmi les Occidentaux.

— Dans La Flèche (no du 15 janvier), nous trouvons, à côté d’une conférence sur le Satanisme, un article qui se termine par cette affirmation péremptoire : « C’est l’Occident qui sait la vérité et c’est de l’Occident que viendra le salut. » Il ne nous déplaît pas que de telles choses soient dites en un pareil lieu ; voilà des recrues bien compromettantes pour les « défenseurs de l’Occident » !

— Dans la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (« partie occultiste », no du 1er février), le Dr G. Mariani intitule Philosophie, Religion, Magie une sorte de sommaire dont il serait bien difficile de tirer la moindre notion précise, et dont l’intention même n’apparaît pas très clairement. Sous le titre Les Revues, M. H. de Guillebert s’occupe surtout du Voile d’Isis, et plus spécialement de nos articles et comptes-rendus ; il demeure fidèle à sa méthode des citations tronquées, pour ne pas dire truquées (nous voulons croire que les fautes qui les dénaturent ne sont dues qu’à la négligence des imprimeurs ou des correcteurs) ; et le plus drôle est que c’est à nous qu’il reproche de « tronquer ou truquer les textes des chroniques incriminées, pour en rendre la correction plus facile » ! Cela nous fait penser à l’histoire évangélique de la paille et de la poutre ; peut-être M. de Guillebert voudrait-il nous voir reproduire « in extenso » tous les articles que nous mentionnons, ou tout au moins les siens… Il est pourtant un point sur lequel nous sommes entièrement d’accord avec lui, à savoir que « la discussion n’est pas toujours le meilleur moyen de faire jaillir la lumière » ; mais que cette déclaration fait donc une étrange figure dans un organe de polémique ! Pour le surplus, nous nous bornerons à faire remarquer : 1o que nous avons relevé le caractère suspect de La Flèche avant même la R. I. S. S. ; 2o qu’une malpropreté, de quelque côté qu’elle vienne, ne change pas pour cela de caractère à nos yeux, qu’étant entièrement indépendant, nous n’éprouvons aucune gêne à le dire, et que ce n’est certes pas nous qui avons pu qualifier de « faits de connaissance » (sic) une élucubration pornographique comme celle que notre contradicteur ose reproduire ; 3o que nous répudions hautement toute solidarité avec les théosophistes, occultistes et autres « néo-spiritualistes » de tout genre et de toute école, qui ne présentent que des contrefaçons de l’ésotérisme, que tous nos écrits le prouvent d’ailleurs surabondamment, et que prétendre le contraire ne peut être qu’ignorance ou mauvaise foi ; 4o enfin, que nous ne nous connaissons point de « frères en initiation » dans le monde occidental, où nous n’avons d’ailleurs jamais rencontré le moindre initié authentique. Nous prions M. de Guillebert et ses collaborateurs de prendre bonne note de ces observations une fois pour toutes, car la patience a des bornes, et il est des rapprochements dont le caractère diffamatoire ne saurait être contesté.