Juillet 1931

— Dans le Symbolisme, les articles d’Oswald Wirth intitulés Le Rôle éducatif de la Franc-Maçonnerie (no de mai) et Le Pouvoir créateur (no de juin) reflètent de plus en plus une conception « rationaliste » qui, quoique leur auteur parle à chaque instant de l’« Initiation », est fort loin d’être véritablement initiatique. Nous préférons de beaucoup un petit article sur l’Initié, par F. Ménard (no de mai), qui laisse entrevoir de tout autres horizons. Une étude sur La Modernisation de la Maçonnerie, par A. Bédarride (no de mai et de juin), contient des vues en partie justes, mais fort mélangées ; bien rares sont ceux qui savent faire comme il convient la distinction du point de vue initiatique et du point de vue profane.

— La Revue Caodaïste (no de mars) fait de plus en plus de place au vulgaire spiritisme occidental, tout en s’efforçant par ailleurs de moderniser le « culte des ancêtres ».

— Une brochure intitulée Le Mystère de la Vallée des Rois, publiée aux « Éditions de la Flèche » par M. Jean de Villodon, nous donne un échantillon d’une égyptologie ultra-fantaisiste : noms déformés et interprétés par l’hébreu, prétendue assimilation de l’histoire égyptienne avec les récits de la Bible, tout cela n’est pas sérieux, et nous nous demandons ce que l’auteur a voulu prouver par là.

— Dans la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (no du 1er mai, « partie occultiste »), M. Henri de Guillebert, sous le titre Bons et mauvais procédés, nous prend encore à parti, en prétendant nous opposer le Symbolisme de l’Univers de M. Hoyack, à quoi nous répondrons simplement que les vues de celui-ci n’ont que l’importance de conceptions individuelles sans aucun caractère traditionnel, et qu’elles sont d’autant moins susceptibles de « détruire » ce que nous avons écrit que, pour notre part, nous ne croyons nullement à la valeur des « visions intuitives » ; la véritable intuition intellectuelle n’a rien de « visionnaire ». D’autre part, M. de Guillebert semble fort mécontent de ce que nous avons dit à propos de Le Chartier, et il voudrait bien nous faire passer pour un « nouveau venu » dans cette histoire, qu’il croyait sans doute perdue dans la nuit du passé ; mais il ne s’agit ici ni d’intuition ni même de raisonnement, il s’agit de faits, tout simplement. Les questions que notre contradicteur nous pose sur un ton qu’il veut rendre impertinent ne nous embarrassent pas le moins du monde ; si nous n’y répondons pas dès maintenant, c’est qu’il ne nous convient pas d’être questionné par qui n’a aucune qualité pour le faire ; nous entendons être seul juge de ce que nous avons à dire et du moment opportun pour le dire. Nous ferons donc seulement savoir à M. de Guillebert que nous avons en notre possession un important manuscrit de Le Chartier, intitulé Le Gennaïth-Menngog de Rabbi Eliézer ha-Kabir, qui est bien ce qu’on peut imaginer de plus extraordinaire dans le genre « pornographie érudite » et qu’il nous a suffi de rapprocher de certains articles parus dans les tout premiers numéros de la R. I. S. S., il y a à peu près vingt ans, pour identifier aussitôt les origines intellectuelles, si l’on peut dire, de l’auteur desdits articles, qui se dissimulait alors sous l’étrange et « antéchristique » pseudonyme d’Armilous. Nous avons aussi quelques lettres du même Le Chartier, dont une contient la traduction (?) du véritable Gennaïth-Menngog, celui de Taxil-Vaughan, et dont une autre, avec signature en hébreu rabbinique, renferme une bien curieuse allusion à un mystérieux personnage qu’il appelle « son Maître » ; et tout cela ne date pas d’hier… Quant au « vintrasianisme » de Jules Doinel, quoique celui-ci ait effectivement passé par beaucoup de doctrines diverses, nous continuons à n’y pas croire, d’autant plus que les explications données ne concordent nullement avec la réalité des faits et des dates. Ajoutons que, si nous avons parlé d’« aveux », c’est que ce mot, dans le style spécial de la R. I. S. S., est employé à chaque instant pour qualifier les déclarations les plus naturelles, quand elles proviennent d’adversaires ; notre intention ironique n’a pas été comprise. Enfin, si « la R. I. S. S. n’a aucune théorie spéciale », M. de Guillebert en a sûrement, et dont il pourrait être fort instructif de rechercher la provenance ! — Dans le même numéro, suite de l’étude du Dr Mariani intitulée L’Islam et l’Occultisme, où une assez bonne documentation, en dépit de quelques erreurs et confusions, est gâtée par des interprétations d’une révoltante partialité. — Un autre no (10-17 mai), est occupé entièrement par un article intitulé Les Missionnaires du Gnosticisme ; en réalité, il s’agit de l’O. T. O. et de son fondateur, feu Théodore Reuss ; cela n’a rien à voir avec le Gnosticisme, mais il y a des mots qui sont toujours d’un effet sûr quand il s’agit d’impressionner certains esprits, et celui-là en est un, comme celui d’Illuminisme en est un autre. Justement, l’auteur anonyme de l’article voudrait faire prendre au sérieux les nouveaux « Illuminés » de Léopold Engel, dont la prétention à se rattacher à Weishaupt ne reposait absolument sur rien. Et le Dr Mariani, de son côté, n’écrit-il pas que « le soufisme n’est que le nom arabe de l’illuminisme », ce qui ne veut rien dire du tout ?