Janvier 1932

— Dans le Rayonnement Intellectuel (no de juillet-août), M. Charbonneau-Lassay continue son étude sur le symbolisme du Coq.

— Dans Atlantis (no de septembre-octobre), il est question du Pythagorisme, du Druidisme… et de Glozel.

Psyché (no d’octobre) publie un article de M. Gabriel Huan intitulé Orient et Occident ou le conflit des métaphysiques (ce pluriel est admirable) : d’un résumé fort confus de quelques-unes des idées exposées dans nos ouvrages, et aussi dans ceux de Matgioi, l’auteur prétend tirer des conclusions diamétralement opposées à ce que nous affirmons nous-même (sans doute pense-t-il savoir mieux que nous ce que nous avons voulu dire), et cela pour arriver à trouver une soi-disant contradiction entre les doctrines orientales et le Christianisme ; il est à peine besoin de dire qu’il se fait de ce dernier la conception la plus exotérique et la plus sentimentale qu’on puisse imaginer.

— Dans le Symbolisme (no de novembre), article d’Oswald Wirth sur La Vérité maçonnique, avec ce sous-titre : « Travail d’adhésion à l’Académie des Philalèthes » ; il s’agit de la Philalethes Society, de San Diego (Californie), ainsi intitulée sans doute par allusion au rite de ce nom qui, au xviiie siècle, adressa, à tous ceux qu’il invitait à participer à son Convent, un questionnaire fameux montrant à quel point, à cette époque déjà, « la Parole était perdue » même pour les Maçons des hauts grades ; d’ailleurs le présent travail n’est qu’un exposé de quelques idées très élémentaires, tant au point de vue historique qu’au point de vue symbolique. — Une note sur des Symboles isiaques découverts jadis à Pompéi n’éclaircit guère la signification des dits symboles. — Dans la suite de l’étude sur La Modernisation de la Franc-Maçonnerie, par Armand Bédarride, nous relevons une distinction très juste entre « initiation » et « instruction » rapportée assez ingénieusement à celle de la qualité et de la quantité ; mais l’initiation, au vrai sens de ce mot, est encore bien autre chose que ce qu’envisage l’auteur ; et celui-ci fait preuve d’un éclectisme vraiment excessif en donnant aux spéculations profanes une place qui ne saurait légitimement leur appartenir.

— Le no du 1er octobre de la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (« partie occultiste ») débute par une étrange lettre provoquée par les insinuations lancées dans le no du 1er août au sujet des « Éditions Véga » et dans laquelle, sous prétexte de « mise au point », on répond par d’autres… contre-vérités un peu fortes ; il ne nous convient pas d’y insister présentement, mais, en raison du préjudice qui nous est causé en tout cela (car il va de soi que c’est toujours nous qui sommes visé), nous faisons toutes réserves sur les suites que pourra comporter cette singulière affaire. Dans une série de comptes rendus qui vient ensuite, une nouvelle diatribe contre les doctrines orientales voisine, comme par hasard, avec des compliments à M. Paul Le Cour et un éloge dithyrambique du F/ Oswald Wirth ; cela est assurément peu banal ; est-ce l’« union sacrée » pour la « défense de l’Occident » ? Ce qui donnerait encore à le croire, c’est que, dans le no suivant, M. Gabriel Huan, dont il a été question ci-dessus, reçoit à son tour les félicitations du « Dr G. Mariani »… — Le no du 25 octobre reproduit des informations concernant une bizarre histoire de sorcellerie qui s’est passée en Finlande, et dont on attribue la responsabilité à une secte anglaise appelée Panacea Society. Nous avons sous les yeux une brochure émanant précisément de cette société, et dans laquelle il est dit qu’elle « a pris naissance dans l’étude des œuvres de huit Prophètes modernes par un groupe de personnes qui découvrirent ainsi qu’une Visitation de Guérison et de Secours (sic) devait être attendue en Angleterre, à peu près entre les années 1923 et 1927 » ; la liste des « Prophètes » en question commence par le nom de Jane Leade ; parmi les sept autres, beaucoup moins connus, figure au second rang Joanna Southcott, du Devonshire, morte en 1814. Or, dans les informations citées par la R. I. S. S., Joanna Southcott se trouve transformée en « Joanna Scout », et il est dit qu’elle est enterrée au cimetière d’Helsingfors, alors qu’il paraît certain que, en fait, elle n’a jamais quitté l’Angleterre ; que peuvent bien signifier ces anomalies ? — Dans le no du 1er novembre (« partie occultiste »), sous le titre Lumières suspectes, le « Dr G. Mariani » publie un article documentaire sur les « Polaires », assez exact dans l’ensemble ; mais pourquoi l’histoire des préfaces d’Asia Mysteriosa, dont il a déjà été question ici(*), est-elle présentée de telle façon qu’il est impossible de comprendre que la nôtre fut retirée par nous avant la publication du volume ? Il y a aussi, vers la fin, une note dans laquelle on met au présent ce qui devrait être au passé… et même au « passé antérieur » ; c’est là une manière un peu trop commode de présenter les faits à sa convenance ! Dans les comptes rendus de revues, également du « Dr G. Mariani », nous signalerons seulement une assez longue note sur le freudisme, à propos d’un article de M. Robert Desoille dans Action et Pensée : « la partie du freudisme, y est-il dit, qui nous paraît la plus intéressante, la plus vraie, en son principe du moins, est celle relative à la symbolique » ; voilà une bien fâcheuse concession… Enfin, une chose tout à fait amusante pour terminer : nous avons, dans notre récent article sur Sheth(**), fait allusion aux mystères du « dieu à la tête d’âne » ; là-dessus, mais sans d’ailleurs s’y référer, le « Dr G. Mariani » se met à parler à son tour du « dieu à la tête d’âne » dans la R. I. S. S. ; quelle imprudence ! Le « savante dottore » semble vraiment un peu trop jeune encore pour le rôle qu’il veut jouer… ou qu’on veut lui faire jouer.

— Le « diabolisme » de la R. I. S. S. paraît être contagieux : les Cahiers de l’Ordre, autre publication antimaçonnique qui avait semblé jusqu’ici assez raisonnable, publie (no spécial d’octobre) des « instructions des chefs secrets de la Franc-Maçonnerie Luciférienne en 1870 », qui semblent venir en droite ligne de l’officine de feu Léo Taxil, bien qu’on prenne soin de nous affirmer que certains (qu’on ne désigne d’ailleurs que par des initiales) en auraient eu connaissance antérieurement aux « révélations » de celui-ci, de sorte « qu’on peut même penser que cette pièce fut parmi les textes authentiques dont Taxil s’inspira et sur lesquels il travailla » ; comme réponse anticipée aux objections possibles, cela est assez bien trouvé… Ce « document » est suivi d’un « commentaire » au cours duquel sont dénoncés quelques prétendus agents d’exécution du « plan luciférien » : d’abord les « surréalistes », ce qui est faire beaucoup d’honneur à un petit groupe de jeunes gens qui s’amusent à des facéties d’un goût douteux ; puis les « Polaires », auxquels on donne décidément, dans les milieux antimaçonniques, bien plus d’importance qu’ils ne le méritent ; et enfin La Flèche, qui, elle du moins, se déclarait effectivement « luciférienne » et même « sataniste », ce qui n’est pas une raison pour la prendre au sérieux ; nous avions d’ailleurs prévu que cette dernière affaire serait exploitée en ce sens, mais, à vrai dire, ce n’est pas aux Cahiers de l’Ordre que nous pensions alors.