Février 1932
— Le Lotus Bleu (no de novembre) publie la traduction d’un article assez bizarrement intitulé : Les Maîtres comme voyageurs, qui nous reporte aux fantasmagories du temps de Mme Blavatsky ; on se demande ce que toutes ces allées et venues de personnages fictifs ont bien pu servir à dissimuler…
— Dans Atlantis (no de novembre-décembre), nous relèverons seulement une nouvelle trouvaille linguistique de M. paul le cour : « Le mot Isthar est bien près du mot Christ » ; sans commentaires !
— Dans Psyché (no de novembre), M. Gabriel Huan s’appuie sur une répugnante description de Huysmans pour opposer au Symbolisme de la Croix ce qu’il appelle le Réalisme de la Croix ; il y a heureusement dans le Christianisme autre chose que ce bas sentimentalisme, même si les Chrétiens ne sont plus capables de le comprendre.
— Dans le Symbolisme (no de décembre), article d’Oswald Wirth sur L’Unité maçonnique, où sont critiquées une fois de plus les tendances de la Maçonnerie anglo-saxonne, et où nous trouvons une conception du « Maçonnisme » qui a le tort de méconnaître entièrement l’efficacité des rites en eux-mêmes ; il ne peut y avoir d’initiation, non seulement symbolique, mais réelle, sous quelque forme que ce soit, en dehors du rattachement effectif à une organisation traditionnelle. — Fin de l’étude sur L’Initiation chez les Yagans, en cours depuis plusieurs numéros. — Armand Bédarride essaie de donner une Définition de l’Œuvre ; il semble pressentir certaines choses, mais retombe presque aussitôt au point de vue « moral et humanitaire » ; s’il ne s’agissait que de cela, l’usage du symbolisme et du rituel serait vraiment bien inutile !
— La Revue Internationale des Sociétés Secrètes (no du 1er décembre, « partie occultiste ») annonce la mort de son collaborateur M. Henri de Guillebert des Essarts ; il est à souhaiter qu’il ait emporté dans la tombe son ténébreux secret.
— Le reste du numéro est occupé par un long article sur Richard Wagner et la mystique guerrière de l’Allemagne, signé « Le Capitoul » ; il s’y trouve un peu de tout, mais surtout des considérations extravagantes sur la « Cabale » (sic), avec une accumulation de citations hétéroclites qui vont du Dictionnaire de la Conversation à la Revue Spirite et au Bulletin des Polaires, pour finir par les Paroles d’un Croyant ; il s’agit, paraît-il, de prouver par là que « Richard Wagner est bien le chantre des “Protocols d’Israël” (sic), auxquels l’armée allemande sert de moyen d’exécution » ! Signalons une étrange hypothèse d’après laquelle le Baphomet, dont le nom « ressemble à Mahomet » (on oublie que celui-ci n’est que la déformation de Mohammed), aurait été « la représentation du dieu même des Égyptiens, Sérapis-Hélios (voyez le Larousse), un corps d’homme avec une tête de taureau » ; à la vérité, ce « dieu à la tête de taureau » nous semble plus phénicien qu’égyptien, à moins qu’il ne soit tout simplement le « Minotaure » figuré au centre du « Labyrinthe » que les constructeurs du moyen âge tracèrent sur le dallage de certaines églises ; mais ne serait-ce pas plutôt que l’auteur, plus averti que son confrère le « Dr G. Mariani » n’a pas osé reparler du « dieu à la tête d’âne » ?