Mars 1932

— Dans le Rayonnement Intellectuel (no de septembre-octobre), M. L. Charbonneau-Lassay termine son importante étude sur le symbolisme du Coq et du Basilic.

— Dans le Symbolisme (no de janvier), une « étude rituélique » de Marius Lepage sur l’Incinération du testament philosophique. Armand Bédarride, continuant son travail sur la Modernisation de la Maçonnerie, envisage la question des rituels et de leur adaptation ; il proteste avec raison contre l’intrusion de l’esprit « scientiste », que certains poussent jusqu’au point de vouloir faire des rituels quelque chose qui ressemblerait à des « manuels scolaires » ! Notons dans cet article l’affirmation, soulignée par l’auteur, que la philosophie maçonnique est « plus orientale qu’occidentale » ; cela est très vrai, mais combien sont ceux qui le comprennent aujourd’hui ?

— Dans le Grand Lodge Bulletin d’Iowa (no de décembre), un article consacré à Albert Pike montre en celui-ci, par des citations de ses œuvres, un esprit religieux aussi éloigné que possible du « Souverain Pontife luciférien » des légendes taxiliennes. Un autre article traite de la construction du Temple de Jérusalem et des « carrières de Salomon ».

— Les Cahiers de l’Ordre (no de novembre) exhument un livre sur les « messes noires » publié il y a une vingtaine d’années par un « néo-spiritualiste » pour qui il en serait résulté, dit-on, toutes sortes de mésaventures ; il paraît qu’on en prépare une réédition, autour de laquelle on s’efforcera sans doute de faire un certain bruit dans les milieux antimaçonniques ; un rappel de l’Élue du Dragon, à ce propos, n’est guère fait pour inspirer confiance… Signalons aussi, à titre de curiosité, une « prophétie » de 1553 qu’on interprète comme annonçant « l’avènement et l’anéantissement de la Maçonnerie ». — Le no de décembre de la même revue est occupé en grande partie par un Tableau de la Sociologie chrétienne où il y a certaines idées assez curieuses, mais bien mélangées ; pourquoi cette préoccupation de trouver des points d’appui dans la science moderne, alors que celle-ci change incessamment ? Viennent ensuite quelques articles extraits de publications maçonniques qu’on dit avoir été « trouvées dans un taxi-auto » ; comment se fait-il qu’il y ait toujours dans les organes antimaçonniques des histoires de ce genre, dignes des plus vulgaires romans policiers ?

— L’Albigéisme semble être actuellement « à la mode » : on en fait un sujet de romans, on entreprend des fouilles pour en retrouver les vestiges ; aussi la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (no de janvier, « partie occultiste ») publie-t-elle des Notes sur l’Albigéisme, qui n’apportent d’ailleurs rien de nouveau, et où l’énigme des origines, notamment, n’est aucunement éclaircie. Comme il y a encore, à la fin de cet article, une allusion au « Roi du Monde », nous poserons nettement une question à ce sujet : ces gens qui se disent catholiques considèrent-ils Melchissédec comme l’Antéchrist et l’Épître aux Hébreux comme d’inspiration diabolique, ou bien, tout simplement, ne savent-ils pas de quoi ils parlent ? — Dans le même no, le « Dr G. Mariani » lance encore contre nous des attaques qui veulent être méchantes, mais qui sont surtout grossières ; il nous est impossible de répondre à d’aussi basses plaisanteries… Et il ose prétendre qu’il « n’attaque jamais les personnes » ; que fait-il d’autre ? Comme il serait évidemment fort commode de pouvoir nous prendre à parti impunément et sans risquer aucune réponse plus ou moins gênante, il nous invite à « planer (sic) dans le pur domaine des idées » et à n’en pas sortir ; rien ne saurait nous être plus agréable, à nous qui entendons bien n’être ni d’un côté ni de l’autre d’aucune « barricade », si seulement nous avions affaire à des contradicteurs capables de se placer eux-mêmes sur ce terrain ; mais tel n’est malheureusement pas le cas. Pour le surplus, nous dirons au « Dr G. Mariani » : 1o qu’il fait confusion entre des… entités diverses, dont les activités plus ou moins extérieures n’eurent jamais aucun rapport entre elles, et dont certaines ont d’ailleurs cessé d’exister depuis fort longtemps ; 2o que l’infaillibilité, qui n’appartient du reste jamais aux individus comme tels, mais seulement en tant qu’ils représentent la doctrine traditionnelle, est loin d’être une chose extraordinaire et exorbitante, si bien que, comme nous l’avons écrit dans quelqu’un de nos ouvrages, ce qui est étonnant n’est pas que le Pape soit infaillible, mais qu’il soit seul à l’être dans tout le monde occidental ; 3o que tel « distingué philatlante » n’est nullement notre « condisciple », et que nous n’avons absolument rien à voir avec les pseudo-ésotéristes occidentaux, à quelque espèce qu’ils appartiennent ; cela, nous l’avons déjà dit maintes et maintes fois, et prétendre ou insinuer le contraire relève de la diffamation pure et simple ; le « Dr G. Mariani » doit savoir à quelles conséquences celle-ci expose son auteur… D’un autre côté, de nouvelles amabilités, pour ne pas dire plus, à l’adresse de M. G. Huan et du F/ Oswald Wirth confirment ce que nous notions il y a deux mois : décidément, c’est bien « l’union sacrée pour la défense de l’Occident », et les prétendus antimaçons ne sont en réalité que des « anti-orientaux » ; nous nous en doutions depuis longtemps, mais nous ne pouvons que leur savoir gré de nous le montrer avec une telle évidence !