Mars 1933
— Dans le Rayonnement Intellectuel (no de juillet-août 1932), intéressant article de M. L. Charbonneau-Lassay sur le symbolisme des œufs des oiseaux.
— Atlantis (no de novembre-décembre) publie plusieurs discours sur L’Immortalité : des choses vagues, beaucoup de littérature… — M. paul le cour revient sur la question des figurations de saint Christophe avec une tête animale : tête de chien ou tête d’âne ? Nous avons lu jadis, dans nous ne savons plus quel vieux livre, que ce saint était parfois représenté avec une tête de chien, pour indiquer qu’il était du pays des Cynocéphales, qui ne serait autre que l’Éthiopie ; encore faudrait-il savoir de quelle Éthiopie il s’agit… D’autre part, la figure reproduite dans le numéro précédent paraît bien être une tête d’âne, ce qui est vraiment bizarre (d’autant plus que l’âne fut effectivement christophoros lors de l’entrée du Christ à Jérusalem) ; il se peut d’ailleurs qu’il y ait quelque rapport entre les deux représentations : Anubis, après tout, n’était-il pas fils de Set ? Quoi qu’il en soit, M. paul le cour veut que l’âne en question soit l’onagre, parce qu’il s’imagine trouver dans ce mot des choses merveilleuses (l’Aor-Agni de Paray-le-Monial !) ; et, là-dessus, il évoque le fameux « graffite du mont Palatin », où il croit voir un sens sublime… Hélas ! avertissons-le charitablement que, sans s’en douter, il touche là, au contraire, à un des plus hideux mystères du monde infernal !
— The Speculative Mason (no de janvier) contient des études sur l’Âne d’Or d’Apulée et sur le Nom divin et la Lumière d’après les manuscrits bardiques ainsi que de nombreuses notes intéressantes sur des questions variées.
— Dans le Grand Lodge Bulletin d’Iowa (no de décembre), une étude sur le symbolisme du Nom divin dans la Bible et les Apocryphes (continuée dans le no de janvier), et plusieurs articles sur la « Parole perdue » ; un de ceux-ci, à propos des allusions à la « queste » chez les poètes, signale l’importance du symbolisme du voyage et de la navigation. Il est fâcheux que, par ailleurs, on ait eu l’idée de reproduire un vieil article qui présente sérieusement la funambulesque découverte du nom de Jehovah dans le Tao-te-king !
— Dans la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (no de janvier, « partie occultiste »), le premier article est intitulé : Pour la « Défense de l’Occident » : on se plaint amèrement que le « beau livre » (!) de M. Henri Massis n’ait pas rencontré dans tous les milieux catholiques une admiration sans mélange. Il est vraiment difficile de garder son sérieux en voyant affirmer que « l’Occident est, en fait, profondément chrétien », alors qu’aujourd’hui il est exactement le contraire, et que « ce n’est pas en Occident que la xénophobie anime les foules » ; où donc le « nationalisme » a-t-il été inventé ? — Dans les Entretiens d’Œdipe, les vipères continuent à distiller leur venin ; fort heureusement, nous sommes à l’épreuve de la morsure des serpents et de la piqûre des scorpions… Comme d’ailleurs il n’est pas toujours possible d’imaginer du nouveau, nous retrouvons là quelques histoires qu’il nous souvient d’avoir déjà vues (ne serait-ce pas dans les articles de « feu Mariani » ?), et aussi l’infâme calomnie qui consiste à nous présenter comme un « occultiste », nous qui sommes, et pour cause, le seul que redoutent les occultistes ! Ajoutons que, s’il y a (ou s’il y a eu) une « affaire Mariani », il ne saurait y avoir d’« affaire Guénon-Mariani », car nous ne nous abaissons pas à ce niveau-là ; au surplus, en admettant qu’il nous convienne parfois de feindre d’être « dupe » des histoires de certains pour les amener où nous voulons, c’est notre affaire ; mais les véritables dupes, ce sont les malheureux qui servent inconsciemment de jouet à certaines « puissances »… dont la suprême habileté est de leur faire croire qu’elles n’existent pas. — Dans les chroniques de M Raymond Dulac, nous nous bornerons à relever sommairement ce qui nous concerne de la façon la plus directe ; et, tout d’abord, nous pouvons l’assurer que le « subjectivisme oriental » n’existe que dans l’imagination des Occidentaux, que nous sommes bien autrement « réalistes » que ceux-ci, et que ce n’est certes pas nous qui nous satisferions de billevesées « psychologiques » et autres « jeux de pensée » ; la rêverie n’est point de notre goût, et le symbolisme, aussi bien que le rituel, est pour nous une science exacte. Quant aux objections qu’il soulève à propos de nos articles sur l’initiation, il nous suffira de lui demander : 1o s’il considère les sacrements catholiques comme « physico-chimiques » parce qu’ils ont un support matériel ; 2o s’il assimile purement et simplement aux forces physiques, en raison de ses effets d’ordre sensible, l’« influence » qui foudroyait ceux qui touchaient imprudemment à l’Arche d’Alliance, ou encore, pour ne pas remonter si loin, celle qui produit les guérisons de Lourdes. 3o enfin, si, sous prétexte que « l’esprit souffle où il veut », l’Église catholique admet à l’ordination des individus affligés de n’importe quelle infirmité corporelle. Encore une fois, il ne s’agit pas là de morale ni de sentiment, mais de science et de technique ; nous ne savons d’ailleurs pas au juste ce qu’il veut dire par ses « deux formalismes », mais ce qui est sûr, c’est qu’il parle bien légèrement de ce qu’il ne connaît pas : alors que l’Église a des registres pour les baptêmes, ce qui du reste est parfaitement normal pour une organisation exotérique, l’« immatriculation », sous quelque forme que ce soit, est chose totalement inconnue des organisations initiatiques orientales. Nous sommes d’autant plus à l’aise pour parler de ces choses que nous les envisageons d’une façon entièrement désintéressée, n’ayant point mission de conférer la moindre initiation à qui que ce soit. Enfin, en ce qui concerne les rapports de la… boutique où il est fourvoyé avec certaine organisation d’espionnage « tentaculaire », M. Raymond Dulac ne nous apprend certes rien ; mais nous ne sommes pas fâché d’en trouver sous sa plume l’aveu à peine déguisé !