Avril 1933

— Dans le Symbolisme (no de février), Oswald Wirth se plaint d’un travail paru dans les publications de la Loge anglaise Quatuor Coronati, et qui, dépréciant les Constitutions d’Anderson, « sonne le glas de la Maçonnerie telle que nous la comprenons » ; nous souhaitons, quant à nous, qu’il marque le retour à une conception plus traditionnelle ! Mais nous ne pensons pas que lesdites Constitutions ne soient que le produit de la fantaisie d’une individualité sans mandat ; il n’est pas douteux, au contraire, que l’œuvre d’Anderson fut une « protestantisation » voulue et consciente de la Maçonnerie. — Un article de Marius Lepage, intitulé Le Cœur et l’Esprit, contient bien des confusions : nous ne voyons pas comment « esprit » peut être synonyme de « raison », et le « cœur », au sens traditionnel, n’a rien à voir avec le sentiment ; combien il y aurait besoin, de nos jours, de remettre un peu d’ordre dans les notions les plus simples !

— Dans le Grand Lodge Bulletin d’Iowa (no de février), exposé des multiples interprétations qui ont été proposées pour le « mot sacré » du grade de Maître : il s’agit incontestablement d’une phrase hébraïque, mais déformée de telle sorte qu’on ne peut être sûr de sa véritable signification.

— Dans Die Säule (no 1 de 1933), étude sur la peinture chinoise de paysages, et article nécrologique sur Gustav Meyrink.

— Dans la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (no du 15 février), M. Raymond Dulac, dans un article intitulé L’Unité des Sociétés secrètes, utilise largement nos livres et nos articles ; inutile de dire qu’il le fait d’une façon tendancieuse qui n’a rien de commun avec les intentions que nous avons eues en les écrivant. Faisons-lui observer encore une fois, sans nous illusionner sur le résultat, que les véritables organisations initiatiques ne sont ni des « sectes », ni des « groupes », ni même des « sociétés », toutes choses avec lesquelles nous n’avons rien à voir et vis-à-vis desquelles nous n’admettons pas la moindre compromission ; nous sommes, à cet égard, d’une intransigeance absolue. — Dans la « partie occultiste » (no de février), nous trouvons la suite de l’étude déjà signalée sur Les Sibylles et la Nativité, dont nous ne distinguons toujours pas le but précis, puis les Entretiens d’Œdipe, dont l’auteur a sans doute cru faire encore un trait d’esprit en se vantant, cette fois, d’« avoir collaboré au Voile d’Isis » (où ceux qui « cherchent de l’occultisme », comme il dit, seraient d’ailleurs bien déçus, tandis que, avec la R. I. S. S., ils sont servis à souhait, car nous ne croyons pas qu’il soit possible de faire mieux pour satisfaire le goût des amateurs de diableries !). Avec la finesse dont il fait preuve, cet Œdipe de « Café du Commerce » pourrait bien finir, « très vulgairement », par être dévoré, non pas même par le Sphinx (ce serait trop honorable pour lui), mais par… la « Cocadrille » ! — Dans le même numéro, un article de M. Raymond Dulac, intitulé Les superstitions de janvier (on est bien qualifié pour parler de « superstitions » à la R. I. S. S. !), n’est qu’un prétexte à épiloguer sur ce que nous avons dit en diverses occasions au sujet de Janus et des rapprochements qu’il y a lieu de faire entre ses attributs et ceux de saint Pierre(*). Il n’y a rien de « mystique » dans ce que nous écrivons ; nous laissons cela à d’autres… Et, si nous abandonnons bien volontiers le « syncrétisme » à notre contradicteur, nous devons lui déclarer que la « synthèse » n’est nullement un « jeu » ; mais ce qui en est un, et du plus mauvais goût, ce sont les plaisanteries auxquelles il se livre sur la Bible, notamment à propos de l’Arche de Noé : « Jahweh (sic) faisant passer la clef sous la porte », pendant que le patriarche « était occupé à caser les animaux » ! Le plus triste dans son cas, c’est que, paraît-il, il est prêtre ; prendrait-il à tâche de prouver par son exemple que, entre « clergé » et « sacerdoce », il y a plus qu’une nuance ? En tout cas, nous tenons à l’avertir charitablement qu’il a touché à un sujet défendu : celui du « pouvoir des clefs », que, dans son ignorance, il déclare « absolument propre au Christianisme » ; ne sait-il donc pas qu’il a été décidé naguère, en très haut lieu, qu’il fallait faire le plus complet silence sur cette question essentiellement « hermétique » et… plus que dangereuse ?

— On vient de rééditer L’Élue du Dragon, avec une nouvelle préface de « Roger Duguet », dans laquelle il est dit qu’« il se peut que certaines descriptions de scènes magiques, bien invraisemblables, soient à interpréter dans un sens plus allégorique que littéral », et aussi que certains noms propres « ne doivent pas être pris à la lettre » ; il y a là un recul des plus sensibles par rapport à la position ultra-affirmative prise lors de la première présentation ! Nous y lisons aussi cette phrase : « Il existe au Hiéron de Paray-le-Monial, – qui fut longtemps un centre occultiste à peine dissimulé, – un double manuscrit authentique de ces Mémoires, datés de 1885. » L’intention de la parenthèse n’est pas parfaitement claire ; mais ce qui l’est bien davantage, c’est que cela est en contradiction formelle avec la première version, d’après laquelle les manuscrits en question se trouvaient « dans une bibliothèque de couvent » ; qu’y a-t-il encore sous cette histoire ? — Par une coïncidence plutôt singulière, M. paul le cour, dans le dernier no d’Atlantis, annonçait l’ouverture d’une souscription pour essayer de publier, sous le titre : Lettres du Hiéron du Val d’Or, sa correspondance avec la dernière secrétaire dudit Hiéron… Et, juste en même temps, comme nous l’avons signalé, il tombait en extase devant le « dieu à la tête d’âne », parce que dans onagre il voyait Aor-Agni ! Où de pareilles imprudences pourront-elles bien finir par nous mener ?

P. S. — Nous prions nos correspondants de s’abstenir de nous poser des questions touchant de près ou de loin au domaine de la politique, que nous ignorons totalement et auquel nous entendons demeurer absolument étranger.