Novembre 1934

— Le numéro de juillet-août d’Atlantis a pour titre Hélios et Hellade, rapprochement de mots qui correspond encore à une des habituelles fantaisies linguistiques de M. paul le cour. Celui-ci, dans le récit d’un voyage en Grèce, signale quelques « graffites » anciens et modernes qu’il y a relevés ; parmi les modernes, il y a, dit-il, « un symbole fort peu connu, difficile à tracer, et qui appartient à la religion sumérienne (plusieurs milliers d’années avant notre ère) » ; or il s’agit simplement du « nœud de Salomon », symbole d’usage tout à fait courant dans tous les pays islamiques… Notons une autre méprise vraiment amusante : une monnaie antique de Posidonia porte les trois lettres ΠΟΣ (c’est-à-dire, en caractères latins, POS), abréviation du nom de la ville, ou, si l’on veut, de celui du dieu Poséidon ; or notre archéologue a pris le Σ pour un M, et il écrit imperturbablement : « Les trois lettres POM de cette monnaie semblent l’abréviation du mot pompos, “celui qui conduit, qui guide”, titre qui convient parfaitement à notre dieu. » Il y a déjà longtemps que nous savons que M. paul le cour déchiffre les inscriptions, non avec ses yeux, mais avec son imagination,… témoin celles du donjon de Chinon ! — Plus intéressante est une conférence de l’émir Kamuran Bedir-Khan sur Le culte du soleil chez les Kurdes ; en fait, il s’agit des Yézidis, et l’auteur rectifie l’opinion vulgaire qui veut en faire des « adorateurs du diable » ; mais c’est certainement une autre erreur que de les présenter, ainsi qu’il le fait, comme de purs « Zoroastriens » ; il se peut sans doute qu’il y ait chez eux quelques influences mazdéennes, mais ils n’en sont pas moins proprement une secte hétérodoxe de l’Islam, et d’ailleurs, dans les citations qui sont données de la « Bible Noire », leur livre sacré, l’inspiration islamique est manifestement prédominante ; il est vrai que le trop fameux comte de Gobineau a bien voulu retrouver le Mazdéisme… jusque dans le Bâbisme !

— Dans Gringoire, un obscur littérateur a publié, sous le titre Le Mystère à Paris, une sorte d’« enquête romancée », où il est surtout question de sorcellerie et d’autres choses connexes, passablement répugnantes pour la plupart. Dans le numéro du 24 août, il a cru utile de mettre en cause notre personne, qui doit cependant intéresser fort peu les lecteurs de son ténébreux roman-feuilleton. Ce qu’il écrit sur nous témoigne d’une manifeste hostilité, dont nous ne nous attarderons pas à rechercher la cause ; mais il nous plaît de constater que cette hostilité ne trouve rien de mieux à nous opposer que des racontars d’une pareille pauvreté. Nous traiter d’« esprit destructif », prétendre que nous avons « attaqué certaines doctrines hindoues », ceux qui connaissent tant soit peu notre œuvre ne peuvent que hausser les épaules devant de semblables assertions ; passons… Mais ce qui est véritablement inquiétant, c’est la publicité donnée à toutes ces histoires de sorcellerie, d’espionnage et de basse police, qui vont sans cesse en se multipliant, soit dans les journaux, soit en volumes, et qui se ressemblent toutes étrangement par la « présentation » et même par le style ; qui donc inspire et dirige cette campagne de détraquement de la mentalité publique par l’exploitation des plus malsaines curiosités ?