Janvier 1935

— La revue Art et Médecine a consacré la plus grande partie de son numéro de février 1934 à des études sur le « nombre d’or », question qui est, comme l’on sait, d’une grande importance au point de vue de l’esthétique traditionnelle. Les principaux articles sont celui de M. Matila C. Ghyka sur Le nombre d’or et la mystique pythagoricienne des nombres (nous devons faire toutes réserves sur cet emploi du mot « mystique », ainsi que sur l’idée d’une origine pythagoricienne de la Kabbale numérique), et celui du Dr Funck-Hellet sur L’optique du peintre et le nombre d’or, où se trouvent de curieux schémas géométriques de quelques tableaux célèbres de la Renaissance italienne.

— Le Mercure de France (no du 15 novembre) publie le résumé d’une enquête internationale de M. Léon de Poncins sur Machinisme et Civilisation, sur laquelle nous reviendrons lorsqu’elle paraîtra intégralement en volume(*) ; en attendant, nous noterons seulement que, d’après l’ensemble des réponses, l’enthousiasme pour le machinisme semble avoir considérablement baissé un peu partout…

— Dans le Grand Lodge Bulletin d’Iowa (no d’octobre), suite de l’étude sur les organisations rivales de la Maçonnerie en Angleterre au xviiie siècle ; sur celles dont il est question cette fois : Antediluvian Masons, Honorary Masons, Apollonian Masons, Real Masons, Modern Masons, on a si peu de données qu’on ne peut pas même savoir de façon certaine s’il s’agit de formations maçonniques dissidentes et irrégulières ou de simples imitations « pseudo-maçonniques ». — Dans le no de novembre, article faisant ressortir la signification maçonnique de quelques passages de la Bible.

— Dans le Symbolisme (no d’août-septembre), Oswald Wirth, sous le titre Constructivisme et Franc-Maçonnerie, parle de ce qu’il appelle le « Maçonnisme », qui est pour lui « l’esprit de la Maçonnerie », et qu’il affirme être « devenu viable après deux siècles de gestation » ; nous nous demanderions plutôt, hélas ! ce qu’il en reste au bout de deux siècles de dégénérescence… Quelques notes sur L’Initiation des Maoris sont reproduites d’une étude parue dans une revue maçonnique néo-zélandaise. Un dialogue intitulé Pratique occulte et signé « Diogène Gondeau » recommande le Pater comme la « grande formule magique » contre la sorcellerie ; c’est très bien, mais tout de même un peu « simpliste »… W. Nagrodski applique à La Rose et la Croix des constructions basées sur la « proportion harmonique » ; à vrai dire, il faut un peu de bonne volonté pour identifier le schéma ainsi obtenu au « signe de la Rose-Croix ». — Dans le no d’octobre, Oswald Wirth explique comment il conçoit L’Enseignement des Maîtres, selon les vues d’une « sagesse » bien étroitement profane ; nous sommes pourtant d’accord avec lui sur l’emploi du symbolisme là où le langage ordinaire serait insuffisant, et aussi sur le pouvoir de la pensée indépendamment de toute expression ; mais, précisément, tout cela va beaucoup plus loin qu’il ne peut le supposer. Armand Bédarride veut « laïciser les vertus théologales », en commençant naturellement par La Foi ; a-t-il réfléchi qu’alors, ramenées à n’être que purement « humaines », elles ne peuvent plus être « théologales » par définition même, mais tout simplement « morales », et qu’ainsi, si l’on garde les mots, ce ne sont plus les mêmes choses qu’ils désigneront en réalité ? « Diogène Gondeau » effleure Le Problème spirite d’une façon qui laisse, comme il dit, « la porte ouverte aux suppositions », et même un peu trop ouverte, car tout peut y passer… — Dans le no de novembre, Armand Bédarride essaie de « laïciser » cette fois L’Espérance. « Diogène Gondeau » revient encore sur Les Esprits ou soi-disant tels, et il y trouve prétexte pour professer un invincible attachement à l’humanité terrestre ! Dans une note intitulée Les Croix symboliques, W. Nagrodski indique l’application de la « section dorée » au tracé de la croix de Malte, de la croix teutonique et de la croix de la Légion d’Honneur. Enfin, Oswald Wirth conclut ses Notions élémentaires de Maçonnisme en affirmant que « la conception constructive s’adresse à tous les esprits ouverts », ce qui, à ce qu’il nous semble, revient à peu près à nier la nécessité de toute « qualification » initiatique.

— La Revue Internationale des Sociétés Secrètes (no du 15 novembre) publie un article de M. J. de Boistel intitulé Les Satellites de la F/-M/ ; on ne se douterait peut-être pas qu’il s’agit là des multiples variétés d’organisations « néo-spiritualistes » où « la Maçonnerie » n’est assurément pour rien, même s’il leur arrive souvent d’avoir des Maçons parmi leurs membres, sans compter qu’il ne faudrait pas prendre au sérieux les titres « pseudo-maçonniques » dont aiment à se parer certains personnages. Il y a là des notions invraisemblables sur la Kabbale et sur la Gnose (c’est-à-dire le Gnosticisme), puis une énumération de toutes sortes de choses qui, si elles présentent bien quelques caractères communs (et encore ne sont-il pas exactement ceux qu’on indique), ne peuvent pourtant pas être mises sur le même rang comme si elles étaient à peu près d’égale importance ; le sens des proportions fait ici complètement défaut… Enfin, l’auteur a éprouvé le besoin de nous consacrer un passage dans lequel il s’est contenté de copier mot à mot, sans d’ailleurs l’indiquer, une bonne partie de l’ignoble note anonyme d’allure policière publiée originairement dans un supplément des Cahiers de l’Ordre et déjà reproduite jadis par la R. I. S. S. dans sa défunte « partie occultiste » ; après la réponse que nous y avons faite en son temps(**), nous pouvons laisser à chacun le soin de juger un tel procédé, que nous préférons nous abstenir de qualifier !