Juillet 1935

— Après un retard dû à de multiples difficultés qui ne sont point pour nous surprendre, car c’est là, à notre époque, ce qui arrive presque toujours dès qu’il s’agit d’études traditionnelles, la revue roumaine Memra a fait paraître un no 2-5 (janvier-avril). Signalons-y un article fort opportun sur Quelques aspects du pseudo-spiritualisme moderne, une étude de notre collaborateur J.-H. Probst-Biraben sur le Dhikr, une notice sur Sri Aurobindo-Ghose, des traductions de Lie-Tseu d’après le no spécial du Voile d’Isis sur La Chine, d’un fragment du récent livre de notre collaborateur F. Schuon, Leitgedanken zur Urbesinnung, et de notre article sur Les conditions de l’initiation(*). Espérons que cette revue, si proche de la nôtre par son esprit, pourra désormais poursuivre sa publication régulièrement et sans obstacles.

— Le no de mars-avril d’Atlantis s’intitule L’Atlantide et la Paix ; en fait, ce n’est point de l’Atlantide qu’il s’agit, mais seulement de ce qu’il plaît à M. paul le cour d’appeler « l’Atlantisme », et qu’il veut opposer assez curieusement à l’« hitlérisme ». Nous avons souvent remarqué, d’autre part, la fascination qu’exercent sur certains esprits les inventions modernes ; ici, nous constatons en ce genre une nouvelle hantise bien singulière : celle des « forces hydro-électriques », mises en rapport avec la fameuse « ère du Verseau » ! — Beaucoup plus intéressante que tout cela est une note de M. L. Charbonneau-Lassay sur Les graffites symboliques de l’ancien monastère des Carmes à Loudun ; mais les réserves sur « les interprétations de certains symboles d’après des enseignements asiatiques », dont M. paul le cour a cru devoir la faire suivre, sont franchement amusantes…

— Dans le Speculative Mason (no d’avril), articles sur Les Mystères d’Éleusis, principalement au point de vue de ce qu’on peut connaître de leur rituel, et sur Le Plan de l’Œuvre, en relation avec l’installation des officiers d’une Loge ; suite de l’étude sur les Culdées que nous avons signalée précédemment.

— Dans le Symbolisme (no d’avril), Oswald Wirth, parlant de L’Avenir maçonnique, dénonce « l’erreur de 1717, qui nous a valu les gouvernements maçonniques, calqués sur les institutions profanes, avec contrefaçon d’un pouvoir exécutif, d’un parlement, d’une administration paperassière et de relations diplomatiques » ; là-dessus tout au moins, nous sommes assez de son avis, comme le prouve d’ailleurs tout ce que nous avons dit ici même de la moderne dégénérescence de certaines organisations initiatiques en « sociétés ». Armand Bédarride intitule son article Le Gnosticisme maçonnique ; mais, en réalité, il y est seulement question de « Gnose », ce qui ne veut dire rien d’autre que « Connaissance » et n’a absolument aucun rapport nécessaire avec la forme doctrinale particulière qu’on appelle « Gnosticisme » ; la parenté des deux mots donne souvent lieu ainsi à une confusion assez étrange et regrettable à divers égards. F. Ménard donne un aperçu du symbolisme de quelques Fêtes celtiques. Sous le titre Un Mahâtmâ occidental, « Diogène Gondeau », à propos d’un livre paru récemment en Amérique, parle du comte de Saint-Germain et des manifestations qui lui sont attribuées, à l’époque contemporaine, par les occultistes et les théosophistes, notamment en tant que soi-disant « chef suprême de la Co-Masonry ». — Dans le no de mai, sous le titre La double source des actions vitales, Oswald Wirth s’efforce bien vainement d’établir un rapprochement entre les théories philosophiques de M. Bergson et certaines données de l’hermétisme. Marius Lepage parle élogieusement d’un manuscrit de Sédir récemment édité, La dispute de Shiva contre Jésus ; mais, d’après tout ce qu’il en dit, il semble qu’il y ait là surtout, hélas ! le témoignage d’une effrayante incompréhension de la doctrine hindoue… « Diogène Gondeau » intitule Grands et Petits Mystères ce qui veut être une réponse au Voile d’Isis, c’est-à-dire, en réalité, à nos comptes rendus ; ses réflexions portent d’ailleurs entièrement à faux, car ce n’est certes pas nous qui avons jamais recommandé la « contemplation du subjectif » (sic), et nous ignorons même tout à fait ce qu’une telle expression peut bien signifier ; pour le surplus, nous le laissons bien volontiers au « fidèle accomplissement de sa mission terrestre » et à son ambition de « faire honneur à l’espèce hominale », mais nous ne pouvons nous empêcher de lui redire que le premier profane venu peut en faire tout autant !