Mars 1936

— Le no de décembre d’Atlantis a pour sujet principal L’Allemagne et l’Atlantide ; on y trouve un aperçu des principaux ouvrages publiés récemment en Allemagne et dont les auteurs veulent rattacher la civilisation de leur pays à des origines tantôt nordiques, tantôt atlantéennes, car tout cela est plein de confusions, qui montrent bien que les partisans les plus déterminés de la prétendue « race âryenne » ne savent pas trop eux-mêmes ce qu’ils doivent entendre par là. Bien entendu, M. paul le cour ne manque pas d’agrémenter son exposé de quelques fantaisies sur Aor-Agni et sur le swastika « symbole de la force » ; signalons-lui, à ce propos, que ce n’est pas un swastika que le dieu Thor tient à la main, mais un marteau, ce qui n’a aucun rapport, quoi qu’en puissent dire certains ; nous ne voyons pas du tout en quoi le swastika peut ressembler à un marteau, non plus d’ailleurs qu’à un instrument pour produire le feu…

— Dans le Speculative Mason (no de janvier), signalons spécialement un intéressant article sur les découvertes archéologiques faites à Ras Shamra, et qui semblent destinées à renverser les assertions de l’« hypercritique » moderne contre l’antiquité des textes bibliques. Les rapprochements linguistiques de l’auteur appellent parfois des réserves, et certains d’entre eux paraissent dus uniquement à une transcription fautive ou insuffisante ; la confusion des lettres aleph et aïn, entre autres, y joue un certain rôle. Nous ne voyons pas non plus comment le nom d’El-Khidr (qui n’est certes pas « adoré par les Musulmans », mais seulement vénéré comme un prophète) pourrait être dérivé de celui du Xisuthros chaldéen, sans compter qu’El n’y est point le nom divin hébraïque, mais tout simplement l’article arabe ; mais tout cela, bien entendu, n’affecte pas l’essentiel, c’est-à-dire la comparaison des tablettes de Ras Shamra avec l’Ancien Testament. — Notons aussi la reproduction d’un curieux manuscrit maçonnique portant la date de 1696.

— Dans le Grand Lodge Bulletin d’Iowa (nos de novembre et décembre), étude historique sur la « Grande Loge d’York », dont l’existence est connue de façon certaine de 1725 à 1792, mais qui paraît remonter plus haut, et qui prétendait même rattacher son origine à l’assemblée tenue pour la première fois à York en 926 ; les documents établissant une filiation aussi lointaine font naturellement défaut, mais ce n’est sans doute pas là une raison suffisante pour la rejeter comme purement légendaire, quoi qu’aient pu en dire des historiens imbus de la superstition du document écrit.

— Dans le Symbolisme (no de décembre), article de G. Persigout sur Le Savoir et la Vie, qui sont en somme pour lui la spéculation et l’action, et qu’il voudrait « réconcilier en les “intériorisant” selon les règles de l’ésotérisme traditionnel ». Il examine la question du recrutement et de la sélection, sur laquelle il exprime des vues assez justes, bien que l’idée de la « qualification » initiatique n’y soit pas nettement dégagée ; mais il est douteux que la préparation des candidats puisse être réalisée de façon bien efficace par de simples conférences, fussent-elles de « propagande initiatique », deux mots dont l’assemblage constitue d’ailleurs une véritable contradiction.