Décembre 1936
— Dans Archiv Orientalni de Prague (vol. VII), M. Ananda K. Coomaraswamy a publié une note sur l’Ashwamêdha dans laquelle il fait admirablement ressortir l’erreur de ceux qui introduisent des idées et des sentiments tout modernes dans l’interprétation des textes vêdiques, attribuant ainsi, par exemple, leurs propres façons de penser « naturalistes » aux anciens à qui elles étaient étrangères, ce qui les amène à méconnaître complètement le vrai sens de symboles tels que les symboles sexuels qui se rencontrent dans certains rites sacrificiels. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que, « dans un ordre social traditionnel, ce qui est correct ou non n’est pas déterminé par le sentiment, comme il l’est dans notre milieu antitraditionnel, mais par la connaissance », et que « la règle y est établie métaphysiquement par ce qui fut fait par les Dieux au commencement » et dont les rites sont une image analogique. Le symbolisme de l’Ashwamêdha, contrairement à ce qu’ont prétendu divers orientalistes, se rattache très directement à la doctrine du Rig-Vêda et à celle des Upanishads, qui sont d’ailleurs en parfait accord avec toutes les autres traditions orthodoxes sur l’union ab intra des principes complémentaires dans l’« Identité Suprême », aussi bien que sur tout autre point essentiel.
— Le no de septembre d’Atlantis est intitulé Traditions celtiques et américaines ; en fait, c’est surtout un recueil de notes, d’extraits et de comptes rendus divers se rapportant plus ou moins directement à ces deux sujets. À propos d’un des extraits qui y sont reproduits, nous avons constaté, en ce qui concerne les monuments mégalithiques, une curieuse illusion que nous avions déjà remarquée d’autre part chez quelques-uns des « mesureurs » de la Grande Pyramide : on effectue les mesures en mètres, et, des nombres ainsi obtenus, on pense pouvoir déduire certaines conséquences, comme si l’on s’imaginait que le système métrique a dû être en usage de toute antiquité !
— Dans les Archives de Trans (no d’août-septembre), M. J. Barles, continuant les études sur Le schisme maçonnique anglais de 1717 dont nous avons déjà parlé, complète les indications qu’il avait données précédemment sur la biographie de Desaguliers. D’autre part, il publie un document qui, pense-t-il, est de nature à permettre de résoudre affirmativement la question controversée de l’initiation maçonnique de Napoléon Ier : c’est le procès-verbal d’une cérémonie qui eut lieu à la Loge d’Alexandrie (Italie) en 1805, et, effectivement, Napoléon y est qualifié de Maçon à plusieurs reprises ; mais nous connaissions déjà divers autres documents du même genre, et nous savons qu’ils ne suffisent point à convaincre certains historiens… — Dans le no d’octobre, M. Barles, reproduisant notre précédent compte rendu(*), soulève sur deux points des objections auxquelles nous devons apporter une réponse. D’abord, il est bien exact que de nombreux protestants français étaient réfugiés à Londres au début du xviiie siècle, mais, à l’exception de Desaguliers, rien n’indique qu’ils aient jamais été Maçons, et on ne voit pas en quoi la présence de milliers de profanes, quelle que soit d’ailleurs leur situation sociale, pourrait influer directement sur des événements qui relèvent proprement du domaine initiatique. Ensuite, en ce qui concerne l’incendie des archives de la Loge de Saint-Paul, il est vraisemblable que la responsabilité n’en doive pas être attribuée à Payne, ni peut-être même à Desaguliers ; mais est-il bien sûr qu’on puisse en dire autant d’Anderson, personnage beaucoup plus sujet à caution à bien des points de vue ?
— Dans le Speculative Mason (no d’octobre), la suite de l’étude intitulée Preparation for death of a Master Mason indique comme seconde source de connaissance le « Livre de la Nature », considéré comme symbolisant les réalités de l’ordre spirituel, avec des exemples empruntés au rituel. — Une notice historique est consacrée aux Hammermen d’Écosse, corporation qui comprenait tous les métiers ayant le marteau pour outil principal. — Notons également la fin de l’article déjà signalé sur la Mark Masonry, montrant que celle-ci n’est pas, comme on l’a souvent prétendu, un simple développement du grade de Compagnon ; et celle des « réflexions sur les Landmarks », dont l’auteur semble ne pas se rendre compte que ce qui est susceptible de modification ne saurait par là même être compté comme Landmark, ni que l’admission des femmes est interdite par le caractère même de l’initiation maçonnique, ou encore que l’existence des hauts grades n’a pas à être autorisée par des Landmarks qui concernent exclusivement la Maçonnerie symbolique, et qui par conséquent ne peuvent que les ignorer.
— Dans le Symbolisme (no d’octobre), Oswald Wirth intitule son article Soyons humains, ce qui, dans sa pensée, veut dire qu’il ne faut être que cela ; mais, de ce qu’il y a des « problèmes insolubles » pour lui, a-t-il le droit de conclure qu’ils le soient également pour tous ? Quant à son « adaptation » de la Trinité chrétienne au « Dieu-Humanité », comment ne voit-il pas que des choses de ce genre ne se prêtent que trop facilement à être exploitées par certains adversaires ? — « Diogène Gondeau » essaie de parler de La Râja-Yoga, qu’il ne connaît, hélas ! qu’à travers certaines élucubrations théosophistes, ainsi que le titre même suffirait d’ailleurs à le montrer. — Sur Les Mystères et les épreuves souterraines, G. Persigout expose des considérations qui ne sont pas sans intérêt, mais qui, par leur caractère trop « mêlé », pourraient donner lieu de nouveau aux mêmes critiques que nous avons déjà formulées à propos de ses précédentes études.