Juillet 1937

— Le no de mai d’Atlantis est consacré en grande partie aux Monnaies antiques ; M. P. Noël de la Houssaye y expose une hypothèse d’après laquelle les voyages d’Énée ne représenteraient rien d’autre que la diffusion du bronze dans le bassin de la Méditerranée, diffusion qui aurait été liée à celle de traditions venues de l’Atlantide ; cette théorie expliquerait, selon lui, la persistance de l’usage exclusif des monnaies de bronze en Italie, à cause de la valeur traditionnelle qui s’y attachait, à une époque où d’autres peuples se servaient de monnaies d’or et d’argent ; cette étude doit d’ailleurs avoir une suite qu’il convient d’attendre pour se rendre compte si les arguments invoqués sont pleinement convaincants. — Dans un article sur Les unités de mesure préhistoriques, M. Xavier Guichard montre qu’elles témoignent de connaissances géodésiques et astronomiques exactes, qu’on a coutume de regarder comme très récentes ; nous sommes bien d’avis aussi que ces connaissances ont réellement existé de tout temps, mais nous pensons que leur origine n’est pas plus occidentale qu’elle n’est orientale ; et nous nous demandons comment on peut croire que la précession des équinoxes était inconnue des peuples de l’Orient, alors qu’elle est précisément la base de toutes les périodes cycliques qui jouent en particulier un si grand rôle dans la tradition hindoue.

— Dans le Symbolisme (no de mai), Oswald Wirth parle du rituel du couronnement des rois d’Angleterre, d’après l’article du Speculative Mason que nous avons signalé précédemment ; mais le titre qu’il a choisi, L’Initiation royale, est tout à fait inexact, car, en réalité, il n’y a là rien d’initiatique ; que le sacre des rois ait été originairement la phase finale de leur initiation propre, c’est là une autre question, mais, présentement et sans doute depuis bien longtemps déjà, il se réduit à un rite purement exotérique, qui n’a pas plus de rapport avec l’initiation royale que l’actuelle ordination des prêtres n’en a avec l’initiation sacerdotale. — Sous le titre Le Secret mal gardé, Albert Lantoine fait ressortir les inconvénients de l’étrange « modernisation » par laquelle, dans la Maçonnerie française, les moyens de reconnaissance traditionnels ont été peu à peu remplacés presque entièrement par des « preuves d’identité » semblables à celles qui sont en usage dans des associations profanes quelconques. — François Ménard, dans une note assez brève, parle Du Geste au point de vue rituel ; il s’agit ici surtout de la correspondance des signes initiatiques avec les centres subtils de l’être humain, sujet auquel il nous est arrivé de faire incidemment quelques allusions, et qui mériterait certainement une étude plus approfondie.

— Nous avons reçu le premier numéro d’une revue paraissant à Lyon et intitulée assez étrangement Le Poids du Monde ; il contient la reproduction d’un texte publié dans le Journal Asiatique en 1852, « Tableau du Kali Yug ou de l’Âge de fer, par Wischnou-Das, traduit de l’Hindoui par M. Garcin de Tassy » ; et, à ce propos, la rédaction recommande la lecture de ce que nous avons écrit dans nos ouvrages sur cette question de l’« âge sombre », ce dont nous la remercions d’autant plus qu’aucun des collaborateurs n’est connu de nous. Seulement, nous avons le regret de constater que tout le reste, articles et dessins, est d’un « modernisme » extrême et, pour nous tout au moins, à peu près inintelligible ; il y a là une sorte de contradiction que nous ne nous expliquons pas très bien. Il est fort louable de reconnaître que « notre civilisation occidentale contemporaine, comparée aux civilisations occidentales du moyen âge et aux civilisations orientales de toujours, est lamentablement médiocre », et de déclarer qu’on veut « reprendre le fil des grands courants spirituels » ; mais ne faudrait-il pas que ce qu’on présente corresponde dans quelque mesure à ces excellentes intentions ?