Mai 1938

— Dans le Rayonnement Intellectuel, M. L. Charbonneau-Lassay étudie différents symboles végétaux : les arbres « cruciaux » (no de janvier-février 1937), dont il rappelle le rapport avec l’« Axe du Monde » ; les arbres à concrétions éclairantes et médicinales, gommes et résines (no de mars-avril) ; les plantes et fleurs diverses qui ont été, à un titre quelconque, mises en relation avec la Passion du Christ (no de mai-juin). — Dans les nos de septembre-octobre et novembre-décembre, il examine les représentations « lenticulaires » de la blessure du côté du Christ.

— Dans le Mercure de France (no du 15 mars), M. Ludovic de Gaigneron, dans un article intitulé Ignorance et Sagesse, fait une excellente critique du prétendu « progrès » et de l’existence tout artificielle à laquelle il aboutit ; il estime bien préférable la soi-disant « ignorance » d’autrefois, laquelle, en réalité, était seulement « l’ignorance des illusions particulières à une propagande matérialiste qui exploite les exigences accrues d’une sensibilité de surface pour masquer le déterminisme inflexible et barbare des forces aveugles qu’elle multiplie ». Où il y aurait peut-être quelques réserves à faire, c’est lorsqu’il considère l’Église catholique, non seulement comme victime, mais aussi comme responsable en un certain sens de ce « progrès », c’est-à-dire en somme de la déviation moderne ; nous comprenons bien que ce qu’il lui reproche à cet égard, c’est d’avoir négligé les « sciences sacrées », à l’exception de la seule théologie, mais la faute en est peut-être plutôt à l’esprit occidental en général. Quoi qu’il en soit, il est malheureusement vrai que, dans le Christianisme, les rapports entre les deux domaines exotérique et ésotérique semblent n’avoir jamais été établis en fait d’une façon parfaitement normale comme ils l’ont été dans d’autres traditions ; il faut reconnaître qu’il y a là une sorte de « lacune » assez singulière, qui tient sans doute à des raisons multiples et complexes (l’absence d’une langue sacrée propre à la tradition chrétienne, par exemple, pourrait bien en être une), et dont l’explication pourrait d’ailleurs mener assez loin, car, au fond, c’est là ce qui fait que, à aucune époque, la « Chrétienté » n’a jamais pu se réaliser complètement.

Action et Pensée (no de mars) contient la fin d’un intéressant extrait de Shrî Aurobindo, L’Énigme de l’Univers, dont le début avait été donné dans le no précédent. Ensuite vient la traduction de deux conférences du Swâmî Vivêkânanda, dont la première est intitulée La Philosophie du Vêdânta, ce qui implique déjà une équivoque ; l’exposé de quelques considérations assez élémentaires, et même visiblement simplifiées à l’usage d’un auditoire américain, où sont notamment présentées en termes de « croyance » des choses qui en réalité ne peuvent être qu’objet de pure connaissance, aboutit à une conclusion surtout « moraliste » et à une conception plus qu’insuffisante de la jîvan-mukti. La seconde conférence, Ce que l’Inde peut donner au monde, débute par un emprunt assez fâcheux aux théories de la moderne « histoire des religions » ; la suite vaut cependant mieux : si, dans l’Inde, toutes les sectes différentes vivent en parfaite harmonie, c’est qu’on y est conscient de cette vérité : « Ce qui existe est Un ; les sages L’appellent de noms divers », tandis qu’ailleurs elle n’est généralement reconnue que par une élite plus ou moins restreinte ; cela du moins est exact, et nous ajouterons que, en somme, cette vérité n’est autre que l’affirmation de l’unité fondamentale qui se dissimule sous la diversité des formes traditionnelles particulières. — Nous avons noté un défaut dont nous ne savons, en l’absence du texte, s’il doit être attribué à l’auteur ou au traducteur : c’est l’emploi extrêmement confus qui est fait des mots « âme » et « esprit » ; nous savons bien qu’il y a là une difficulté qui tient au vague habituel des langues occidentales, mais, malgré tout, il n’est pas impossible d’y échapper, à la condition de ne pas se laisser influencer par les abus du langage courant.

— Dans le Speculative Mason (no d’avril), la suite de l’étude intitulée The Preparation for Death of a Master Mason est consacrée à la conception « cyclique » de la vie, envisagée plus spécialement dans la correspondance analogique avec le cycle annuel. — Signalons aussi un article sur les allusions maçonniques contenues dans les œuvres de Rudyard Kipling, et un autre sur le symbolisme de la truelle dans la Mark Masonry.

— Dans le Grand Lodge Bulletin d’Iowa (no de février), un article est consacré au rôle joué, dans la Maçonnerie, par le « Livre des Constitutions » et par les Old Charges qui l’ont précédé. — Dans le no de mars, à propos de l’expression de « Loge bleue », qui est employée couramment comme synonyme de « Loge symbolique » (c’est-à-dire travaillant aux trois grades d’Apprenti, de Compagnon et de Maître), le symbolisme de la couleur bleue est étudié, ainsi que sa connexion historique avec le Tabernacle et le Temple de Salomon.