CHAPITRE XIII
Rapport des deux
représentations précédentes

Dans notre seconde représentation à trois dimensions, où nous avons considéré seulement un être dans sa totalité, la direction horizontale suivant laquelle se développent les modalités de tous les états de cet être implique, ainsi que les plans verticaux qui lui sont parallèles, une idée de succession logique, tandis que les plans verticaux qui lui sont perpendiculaires correspondent, corrélativement, à l’idée de simultanéité logique(1). Si l’on projette toute l’étendue sur celui des trois plans de coordonnées qui est dans ce dernier cas, chaque modalité de chaque état d’être se projettera suivant un point d’une droite horizontale, dont l’ensemble sera la projection de l’intégralité d’un certain état d’être, et, en particulier, l’état dont le centre coïncide avec celui de l’être total sera figuré par l’axe horizontal situé dans le plan sur lequel se fait la projection. Nous sommes ainsi ramené à notre première représentation, celle où l’être est situé tout entier dans un plan vertical ; un plan horizontal pourra alors de nouveau être un degré de l’Existence universelle, et l’établissement de cette correspondance entre les deux représentations, en nous permettant de passer facilement de l’une à l’autre, nous dispense de sortir de l’étendue à trois dimensions.

Chaque plan horizontal, quand il représente un degré de l’Existence universelle, comprend tout le développement d’une possibilité particulière, dont la manifestation constitue, dans son ensemble, ce qu’on peut appeler un « macrocosme », c’est-à-dire un monde, tandis que, dans l’autre représentation, qui ne se rapporte qu’à un seul être, il est seulement le développement de la même possibilité dans cet être, ce qui constitue un état de celui-ci, individualité intégrale ou état non individuel, que l’on peut, dans tous les cas, appeler analogiquement un « microcosme ». D’ailleurs, il importe de remarquer que le « macrocosme » lui-même, comme le « microcosme », n’est, lorsqu’on l’envisage isolément, qu’un des éléments de l’Univers, comme chaque possibilité particulière n’est qu’un élément de la Possibilité totale.

Celle des deux représentations qui se rapporte à l’Univers peut être appelée, pour simplifier le langage, la représentation « macrocosmique », et celle qui se rapporte à un être, la représentation « microcosmique ». Nous avons vu comment, dans cette dernière, est tracée la croix à trois dimensions ; il en sera de même dans la représentation « macrocosmique », si l’on y détermine les éléments correspondants, c’est-à-dire un axe vertical, qui sera l’axe de l’Univers, et un plan horizontal, qu’on pourra désigner, par analogie, comme son équateur ; et nous devons encore faire remarquer que chaque « macrocosme » a ici son centre sur l’axe vertical, comme l’avait chaque « microcosme » dans l’autre représentation.

On voit, par ce qui vient d’être exposé, l’analogie qui existe entre le « macrocosme » et le « microcosme », chaque partie de l’Univers étant analogue aux autres parties, et ses propres parties lui étant analogues aussi, parce que toutes sont analogues à l’Univers total, ainsi que nous l’avons déjà dit précédemment. Il en résulte que, si nous considérons le « macrocosme », chacun des domaines définis qu’il comprend lui est analogue ; de même, si nous considérons le « microcosme », chacune de ses modalités lui est aussi analogue. C’est ainsi que, en particulier, la modalité corporelle de l’individualité humaine peut être prise pour symboliser, dans ses diverses parties, cette même individualité envisagée intégralement(2) ; mais nous nous contenterons de signaler ce point en passant, car nous pensons qu’il serait peu utile de nous étendre ici sur les considérations de ce genre, qui n’ont à notre point de vue qu’une importance tout à fait secondaire, et qui, d’ailleurs, sous la forme où elles sont présentées le plus habituellement, ne répondent qu’à une vue assez sommaire et plutôt superficielle de la constitution de l’être humain(3). En tout cas, lorsqu’on veut entrer dans de semblables considérations, et alors même qu’on se contente d’établir des divisions très générales dans l’individualité, on ne devrait jamais oublier que celle-ci comporte en réalité une multitude indéfinie de modalités coexistantes, de même que l’organisme corporel lui-même se compose d’une multitude indéfinie de cellules, dont chacune aussi a son existence propre.