Notice sur les diverses Sociétés Secrètes américaines
qui ne sont pas officiellement rattachées à la Maçonnerie
(suite)(*)

(Voir La France Antimaçonnique, 26e année, nos 23, 24 et 26 ;
27e année, nos 25, 28, 30 et 32.)

Ancien Ordre Arabe des Nobles du Sanctuaire Mystique

(Voir 26e année, no 23, p. 246.)

Nous avons trouvé dans L’Acacia (avril 1913) des renseignements empruntés au Masonic Bibliophile (juin 1912) de Cincinnati, Ohio, et concernant l’A. A. O. N. M. S. (Ancient Arabic Order, Nobles of the Mystic Shrine)(1) ; nous en extrayons ce qui suit.

Qu’est-ce qu’un Shriner ? – En Maçonnerie, la section du Shrine représente le côté social de l’Ordre : cette Fraternité désire que ses membres soient de « bons garçons » (good fellows), en insistant sur le mot bon ainsi qu’il est employé par les Maçons dans ce sens ; mais ils doivent être en même temps « des hommes ayant subi l’influence sérieuse et ennoblissante de la Maçonnerie, et qui ne dédaignent pas le rire et l’amusement sains ». Un Shriner doit « croire en Dieu et l’honorer » ; il doit « être favorablement connu, de bonne réputation, et donner l’exemple de la vraie charité ». Pour être un Shriner, il n’est pas nécessaire d’avoir des principes puritains, mais il faut observer avec soin le code éthique formulé par le grand Ordre et accepté par toutes les communautés civilisées.

Le Congrès de 1912-1913. – Le 38e Congrès annuel du Conseil Impérial de l’Ordre pour l’Amérique du Nord a tenu ses assises solennelles à Los Angeles, Californie, du 5 au 11 mai 1912. Vingt mille fédérés étaient présents à ce Congrès ; le journal Examiner fit tirer des éditions spéciales au sujet de cette grandiose réunion et des fêtes dont elle fut l’occasion, et qu’il serait trop long de décrire en détail.

Historique de l’Ordre. – Les fondateurs de l’Ordre, en Amérique, furent le Dr Walter M. Fleming, 33e, et William J. Florence, 32e, tous deux de New-York.

Cet Ordre, d’après sa légende, fut fondé la 25e année de l’Hégire(2), à la Mecque, en Arabie ; ce fut d’abord un « Comité d’inquisition ou de Vigilance » chargé d’exercer la justice, de châtier les criminels qui, par suite de la lenteur des tribunaux, pouvaient échapper à une juste punition, enfin d’exalter la tolérance religieuse parmi les hommes cultivés de toutes les nations.

Le but principal de cette institution fut de grouper des hommes de toute valeur, chevaliers incorruptibles, sans peur et sans reproche, dont la mission était de juger et d’exécuter, si nécessaire, dans les formes les plus strictes de la légalité, tout criminel. Ils devaient naturellement prendre toutes les précautions voulues pour assurer le secret et la sécurité de l’Ordre. Peu à peu, les Nobles perfectionnèrent leur organisation ; leurs arrêts furent si prompts et si efficaces, qu’ils finirent par inspirer une profonde terreur dans les cœurs de tous les criminels.

Actuellement, cet Ordre passe pour un des meilleurs et des plus estimés parmi tous ceux qui abondent dans l’Amérique du Nord ; autour de sa bannière se groupent encore les hommes les plus éduqués des classes cultivées. Son objet ostensible est d’« accroître la foi et la fidélité de tous les vrais croyants en Allah » ; mais le but secret et réel ne peut être connu que de ceux qui ont pénétré à l’intérieur du Sanctuaire Mystique.

Les membres de l’Ordre, dans tous les pays, comprennent des Chrétiens, des Israélites, des Musulmans, et des hommes occupant une haute position par leur savoir ou par leur puissance sociale. Les Nobles se distinguent surtout par leur large tolérance universelle ; il leur suffit d’affirmer une croyance dans un Être Suprême ou Tout-Puissant, et il ne leur est jamais demandé de donner une définition de cette croyance.

En 1698, le célèbre orientaliste Luigi Maracci, de Padoue, Italie, qui venait de terminer ses plus belles œuvres, Le Koran en latin et en arabe, accompagné de documents et de notes, ainsi que La Bible en arabe, fut, dit-on, initié dans l’Ordre des Nobles et en traduisit le rituel en italien.

L’énorme importance de ce fait est facilement comprise lorsqu’on se reporte à l’histoire de la Société secrète italienne des Carbonari. L’unité de l’Italie, ainsi que la conquête de ses libertés civiques, eut pour fondateurs et champions les Nobles représentés par Cavour, Mazzini, Garibaldi et le roi Victor-Emmanuel(3).

Bien que Maracci fût confesseur du Pape Innocent XI pendant plusieurs années, il fut sévèrement blâmé par le Collège de la Propagande de Rome, pour s’être fait recevoir dans une Société secrète et avoir contribué à ses travaux. Son livre fut condamné et brûlé ; cependant, il fut possible d’en sauver quelques exemplaires, et l’un d’entre eux est pieusement conservé à la bibliothèque de la synagogue située à l’intérieur de l’ancienne porte romaine de Babylone, connue par les Arabes du moyen âge sous le nom de Fostot Fostot (?), et actuellement dénommée le vieux Caire(4).

La signification de l’Ordre. – C’est une société à principes philanthropiques, ayant une histoire et un rituel qui s’inspirent des traditions arabes, s’ils ne s’y rattachent pas réellement comme les fondateurs américains l’ont prétendu.

Ce n’est pas un Ordre maçonnique régulier, et il se trouve, vis-à-vis de la Maçonnerie, dans une position indépendante quant à son origine et à son organisation. Néanmoins, cet Ordre est associé avec la Maçonnerie, d’abord parce qu’il fut fondé par des Maçons éminents, et ensuite à cause des titres maçonniques exigés pour en faire partie.

L’origine du fez. – Lorsque les pèlerinages de la Mecque furent interrompus par les Croisades, les Musulmans établis à l’ouest du Nil se rendirent en pèlerinage à Fez, capitale marocaine qu’ils considèrent comme Cité Sainte. On fabriquait alors, dans cette cité, la coiffure rouge connue sous le nom de fez, à l’usage des étudiants d’une importante école de la métropole marocaine. Cette coiffure fut donc considérée comme une distinction, comme une preuve de savoir, et fut progressivement adoptée par tous. C’est en souvenir de l’origine orientale attribuée à leur Ordre que les Nobles portent le fez(5).

Le Temple le plus ancien des Shriners en Amérique est celui de Mecca, à New-York, qui reçut sa charte de constitution le 26 septembre 1872.

L’Ordre a pour organe une publication mensuelle intitulée The Crescent (Le Croissant), 194, E. Third Street, Saint-Paul, Minnesota.

Royal Arcanum

La Vérité de Québec nous a fourni quelques renseignements sur cet Ordre dans ses nos des 31 mai et 7 juin 1913.

Le Royal Arcanum est une société secrète fondée à Boston, le 23 juin 1877, par un groupe de Francs-Maçons ; ce sont les lois de Massachusetts qui régissent cette société. Elle est neutre, interconfessionnelle et mixte ; malgré cela, elle contient un bon nombre de Catholiques, surtout au Canada. Au 31 août 1911, le total de ses membres s’élevait à 247.570 ; elle comptait alors 30 Grands Conseils et 1939 Conseils subordonnés.

L’abbé Peter Rosen, dans son ouvrage The Catholic Church and Secret Societies, publie une partie du rituel de cette association. Le Royal Arcanum ne s’occupe pas seulement d’assurance et de mutualité, mais a pour objet tout particulier, d’après son rituel même, de « travailler à l’éducation et à la formation sociale, morale et intellectuelle de ses membres ».

Dans cet Ordre, il y a, comme dans la Maçonnerie anglo-saxonne, des Chapelains, qui récitent des prières modelées sur celles des Loges, adressées au Grand Architecte de l’Univers. Au cours de la Convention générale qui eut lieu à Québec en 1913, il y a eu, au Château Frontenac, un service funèbre pour les membres défunts.

Voici la liste des officiers de l’Ordre, élus à cette dernière Convention :

Suprême Régent : Frank B. Wickersham, Pennsylvanie ; Suprême Vice-Régent : Samuel W. Hoag, New-York ; Suprême Orateur : C. Arch. Williams, Illinois ; Suprême Secrétaire : Alfred T. Turner, Massachusetts ; Suprême Trésorier : A. S. Robinson, Missouri ; Examinateur des Réclamations : John H. Butler, Massachusetts ; Suprême Auditeur : William F. Mac-Connell, New-York ; Suprême Chapelain : C. E. Hoadley, Connecticut ; Suprême Guide : S. M. Brinson, Caroline du Sud ; Suprême Gardien : William T. Dauney, Virginie ; Suprême Sentinelle : Claude R. Zappone, District de Colombie (Washington) ; Suprêmes Syndics : H. K. Lathy, Pennsylvanie ; John J. Hogan, Massachusetts ; Charles G. Balmanuo, New-York.

Voici également la liste des officiers de la Branche canadienne du Royal Arcanum :

Président : Dr Frank E. Adams, Doyen de la Faculté des Sciences appliquées à l’Université Mac-Gill ; Vice-Président : Sir Adolphe B. Routhier, Québec ; Secrétaire : Duncan C. Scott, Ottawa ; Trésorier : Lawrence M. Lambe, Ottawa ; Bibliothécaire : D. B. Dawling, Ottawa.

Ordre de l’Étoile d’Orient

(Voir 27e année, no 25, pp. 295-296.)

Pour compléter les renseignements que nous avons déjà donnés sur cet Ordre féminin, qui est considéré comme l’équivalent d’une véritable Maçonnerie d’Adoption, voici quelques détails statistiques récents, empruntés à un journal maçonnique.

Il y a dans le monde entier 7.160 Chapitres de l’Ordre de l’Étoile d’Orient ; le nombre des membres s’élève à 559.810, soit, en 1912, 40.944 de plus qu’en 1911. L’Ordre compte 50 Grands Chapitres, dont 48 dépendent du Grand Chapitre Général des États-Unis ; deux Grands Chapitres, ceux des États de New-York et de New-Jersey, sont indépendants. Parmi les États de l’Union, le Delaware est le seul qui n’ait aucun Chapitre de cet Ordre. Enfin, le Grand Chapitre d’Écosse étend sa juridiction sur le monde entier, excepté l’Amérique du Nord.

En 1911-1912, les principales dignitaires de l’Ordre étaient les suivantes :

Grande Matrone : Mrs. Ella S. Washburn, Racine, Wisconsin ; Grande Secrétaire : Mrs. Lorraine J. Pitkin, Chicago, Illinois ; Grande Trésorière : Mrs. Harriet A. Ercanbrack, Anamosa, Iowa.

Ordre des Amazones

Le F/ Thory, dans ses Acta Latomorum (Tome Ier, p. 292), publiés en 1815, mentionne une Maçonnerie androgyne appelée Ordre des Amazones, qui aurait été instituée dans l’Amérique Septentrionale vers le milieu du xviiie siècle. Comme nous n’avons trouvé sur cet Ordre aucune indication de date plus récente, nous pensons qu’il a dû depuis longtemps cesser d’être en activité.

Signalons à ce propos que, dans le même volume (p. 331), il est question d’une autre institution androgyne, la Société Secrète du Palladium, dont Fénelon aurait imaginé les rites et donné les statuts ; les uns et les autres seraient, tout au moins, inspirés de son Télémaque. On connaît d’ailleurs les relations de Fénelon avec le F/ chevalier Ramsay, qui voulut introduire à Londres, en 1728, un nouveau Rite dont il attribuait l’invention à Godefroy de Bouillon (ibid., Tome II, p. 368) ; il échoua dans ce projet, mais ses idées, reprises par d’autres, servirent, du moins en partie, de base au Rite de Perfection, qui devait à son tour donner naissance au Rite Écossais Ancien et Accepté. Or, le premier Suprême Conseil de celui-ci fut établi à Charleston, Caroline du Sud ; cela étant, nous nous demandons si l’Ordre du Palladium Nouveau et Réformé, qui entra en activité dans cette même ville vers 1884 (voir 27e année, no 25, p. 296), ne pourrait pas descendre plus ou moins directement de l’ancienne Société Secrète du Palladium dont parle le F/ Thory. C’est peut-être celle-ci qui aurait été instituée en 1730, ce qui ne permettrait pas d’en faire l’œuvre personnelle de Fénelon, mort en 1715. (Voir aussi la notice consacrée aux Filles de Pénélope : 27e année, no 30, p. 355.)

Société de l’Éden

Cette Société se propose « de favoriser le développement de la fraternité, de la bienfaisance, du progrès social, de l’industrie coopérative, et de mettre un terme aux inégalités qui divisent la famille humaine ». Son siège, où elle publie son organe officiel, est à Baxter Springs, Kansas.

Nous ignorons si cette organisation est mixte, mais son nom nous fait involontairement penser aux Jardins d’Éden de l’ancienne Maçonnerie d’Adoption.

Fraternité Éternelle et Universelle des Mystiques

Cette Fraternité publie une revue mensuelle, The Mystic Magasine, dont l’adresse est : Colonial Building, Boston, Massachusetts. Son but est « de conduire à une vie supérieure et plus progressive, à une vie de paix, de puissance et d’abondance, d’enseigner l’unité de toute vie, et de défendre tout ce qui est vrai, pur, élevé, utile et pratique, quelle qu’en soit la source ». Sa mission est « de répandre la pensée pure qui doit aider chacun à obtenir un réel succès dans les affaires spirituelles et matérielles, et de servir ainsi l’humanité tout entière ».

Ordre du Sanctuaire Blanc de Jérusalem

(Voir 27e année, no 25, p. 297.)

D’après divers renseignements de date assez récente, cet Ordre mixte s’est développé surtout dans les États de l’Est. Le Grand-Maître de la Grande Loge de l’État de Wisconsin a promulgué un acte ayant pour objet de refuser à cet Ordre le prêt de locaux maçonniques pour y tenir ses réunions.

Ce n’est pas le seul exemple d’hostilité de certaines autorités maçonniques à l’égard des Ordres féminins ou mixtes qui prétendent jouer le rôle de la Maçonnerie d’Adoption. C’est ainsi que l’Ordre de l’Étoile d’Orient lui-même est assez mal vu dans diverses régions, et notamment au Canada. Il semble d’ailleurs y avoir d’étroites relations entre ces deux Ordres, et il paraîtrait même que le Sanctuaire Blanc de Jérusalem ne recrute ses membres que parmi ceux de l’Étoile d’Orient, dont il prétendrait constituer ainsi un « degré supérieur ».

Ordre de l’Alhambra

The Fortnightly Review (no du 15 juillet 1913, p. 424) signale, d’après le Record de Toledo, Ohio, l’existence de l’Ordre de l’Alhambra, dont les groupements portent le nom de Caravanes, et dans lequel ne sont admis que des membres réguliers (in good standing) de l’Ordre soi-disant catholique des Chevaliers de Colomb, dont La France Antimaçonnique a déjà parlé à diverses reprises (voir notamment 26e année, no 24, p. 256).

D’une explication publiée dans la même revue (no du 1er août 1913, p. 449), il résulte que le Corps Suprême des Chevaliers de Colomb ne reconnaît pas officiellement cet Ordre de l’Alhambra, qui se trouve par conséquent, à son égard, dans une situation analogue à celle des Nobles du Sanctuaire Mystique pour les Chevaliers Templiers et les 32e du Rite Écossais (voir 26e année, no 23, p. 246), ou de l’Ordre Impérial des Moscovites pour les Odd Fellows (voir 27e année, no 25, pp. 296-297).

C’est d’ailleurs ce qui ressort également de la note suivante :

« Le Conseil des Directeurs des Chevaliers de Colomb, dans sa réunion d’avril, a adopté cette résolution : — “Attendu que l’attention du Conseil des Directeurs a été attirée sur le fait que certaines associations, se posant comme rattachées aux Chevaliers de Colomb, confèrent des degrés sous l’autorité prétendue de ceux-ci ; – Il est résolu que les membres de cette organisation seront mis en garde contre de telles sociétés et informés que les 1er, 2e, 3e et 4e degrés sont les seuls degrés reconnus par l’Ordre.”

« Le Conseil des Directeurs aurait dû nous donner les noms de ces “certaines” associations qui se posent comme rattachées aux Chevaliers de Colomb ».

« Nous sommes, quant à présent, quelque peu incertains sur ce “certaines”. Nous connaissons deux associations qui recrutent leurs membres parmi les Chevaliers de Colomb exclusivement : ce sont l’Ordre de l’Alhambra et les Nobles Mystiques de Grenade. Toutes deux ont franchement pour but d’être pour les Chevaliers ce qu’est le Sanctuaire Mystique pour les Maçons : une sorte d’à-côté plaisant. La première fait connaître que, étant organisée avant tout dans un but d’amusement, elle ne « travaille » pas les dimanches et fêtes d’obligation. Ces deux organisations ne sont pas officiellement reconnues par les Chevaliers, ni officiellement réprouvées ; nous nous demandons si ce sont celles-là que visait la résolution du Conseil des Directeurs. » (Sacred Heart Review, citée dans The Fortnightly Review, no du 15 septembre 1913, p. 534.)

Ordre des Filles d’Isabelle

Nous extrayons ce qui suit de La Vérité de Québec (no du 16 août 1913) :

« On nous écrit : Est-il vrai que les Chevaliers de Colomb ont pour complément féminin une société qui a nom les Filles d’Isabelle ? Cette société s’est-elle implantée chez nous ?

« Il existe en effet aux États-Unis une société, sous le nom de Filles d’Isabelle, qui fait très bon ménage avec les Chevaliers de Colomb. Nous avons déjà signalé des bals où figuraient les K. of C. (Knights of Columbus) et les Filles d’Isabelle.

« Cette association est considérée comme une société secrète catholique de femmes. C’est donc tout naturellement le pendant féminin des Chevaliers de Colomb. De plus, il y a des comités généraux qui servent d’intermédiaires entre les Filles d’Isabelle et les K. of C.

« Nous ne croyons pas qu’il existe des Cours de Filles d’Isabelle dans notre province.

« Voici quelques notes sur cette société, qui se développe très rapidement aux États-Unis.

« Elle a été fondée en 1903, et compte actuellement plus de 200 Cours et 200.000 membres. Dans certaines villes, les Filles d’Isabelle se signalent surtout, à l’instar des K. of C., par leur amour de la danse. »

À ce propos, nous relevons encore dans le même journal l’information suivante :

« Une dépêche de Boston à la presse a annoncé que, le 7 août 1913 au soir, les Knights of Columbus ont terminé leur Convention annuelle par un grand bal, une grande fête mondaine.

« Nous avons dénoncé à maintes reprises cette manière, pour une société qui se dit catholique, de couronner une Convention.

« Nos lecteurs savent aussi que la presse catholique et bien inspirée de Rome approuve et encourage la campagne que nous avons entreprise contre la danse.

« Comme nous le disions tout récemment, l’éveil est donné à Rome.

« Et, grâce à l’Agence Internationale Roma, des journaux catholiques de France et de Belgique font écho à nos protestations contre le scandale de la dancing Church (Église dansante).

« Nul doute que les intéressés tenteront, comme ils l’ont déjà fait il y a deux ou trois ans, par des influences de toutes sortes, d’obtenir le silence des journaux hostiles aux charity balls et aux dancing parties.

« Nous avons pleine confiance qu’ils ne réussiront pas à museler la presse vraiment catholique. »

Chevaliers de Colomb

Pour compléter les informations précédentes en ce qui concerne les Chevaliers de Colomb(6), voici d’intéressants détails sur les rapports « fraternels » que cette organisation qui se prétend catholique, et qui a pour mot de passe « The Pope is King » (Le Pape est Roi), entretient avec diverses Sociétés secrètes d’un tout autre caractère :

« Récemment, à Poughkeepsie, New-York, d’après la News Press de cette ville, les Chevaliers de Colomb, par un vote formel des membres du Florentine Council, offrirent “les privilèges du Columbus Institute” aux Odd Fellows pour la “Convention” de leur Grande Loge.

« À Denver, Colorado, vers la même époque, le Denver Council no 539 adressait au comité d’organisation du “Conclave” des Chevaliers Templiers, une invitation officielle qui fut publiée dans les journaux locaux, et dont nous citerons un ou deux passages caractéristiques : — “Comme comité désigné dans ce but par le Conseil local des Chevaliers de Colomb, nous nous faisons un plaisir de vous offrir nos salles de club et de loge pour tel usage que votre comité désire en faire durant la semaine prochaine… Notre comité a l’autorisation et la mission de coopérer avec vous de toutes les façons possibles, pendant la semaine du Conclave, pour que cette invitation ait son plein effet de bien-être et de satisfaction pour vous et vos hôtes. Vous nous trouverez toujours à vos ordres, et nous espérons que vous n’hésiterez pas à user de toute l’hospitalité que nous pouvons vous offrir en cette occasion. Nous nous assurerons le concours de gens compétents pour divertir vos hôtes de la façon la mieux appropriée à l’usage que votre comité désire faire des locaux.”

« Les Odd Fellows sont une Société secrète nominalement interdite par l’Église Catholique. Les Chevaliers Templiers sont des Maçons de hauts grades, et il n’est pas nécessaire de rappeler ici l’attitude de l’Église à l’égard de la Maçonnerie.

« Les Chevalier de Colomb se prétendent loyaux Catholiques ; comment justifient-ils l’action de certains de leurs “Conseils” fraternisant ainsi et “coopérant” dans une certaine mesure avec des ennemis déclarés de l’Église ? »

(The Fortnightly Review, no du 15 septembre 1913, pp. 531-532.)

Rappelons à ce propos que les Sociétés secrètes nominalement interdites par l’Église (à part la Maçonnerie) sont les Odd Fellows mentionnés ici (voir La France Antimaçonnique, 26e année, no 23, pp. 246-250), les Chevaliers de Pythias (26e année, no 24, p. 257) et les Fils de la Tempérance (27e année, no 28, pp. 334-335).

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Nous ajouterons ici quelques renseignements sur l’organisation des Chevaliers de Colomb, empruntés à un article de M. Ar. Manet, paru dans La Croix (no du 20 décembre 1913), et qui, d’ailleurs, est nettement favorable à cette organisation pourtant si suspecte.

L’Ordre compte des membres assurés et des membres simplement associés ; au 30 juin 1913, les premiers étaient un peu moins de 100.000 sur un total de 302.074 membres.

L’Ordre, comme on l’a vu plus haut, comprend quatre degrés ; il a pour directeur un grand-maître, assisté de six vice-grands-maîtres et d’un secrétaire général. Chaque vice-grand-maître est préposé au gouvernement d’une province ; les six provinces sont : la province Champlain, comprenant le Canada et Terre-Neuve ; la province Cabot, qui renferme les États de la Nouvelle-Angleterre ; la province Calvert, formée des États américains de l’Est et des États bordés par l’Atlantique ; la province de Soto, constituée par les États américains du Sud, plus le Mexique, Cuba et Porto-Rico ; la province Marquette, constituée par les États américains de l’Ouest ; enfin, la province La Salle, qui comprend les Montagnes Rocheuses, les États bordés par le Pacifique, l’Alaska et les Philippines. Chaque province se divise en districts, et chaque district est gouverné par un maître qui est toujours choisi parmi les membres du quatrième degré et est nommé par le grand-maître pour une période de deux ans. Il y a, dans les États-Unis et le Canada seuls, 56 de ces districts, qui se subdivisent eux-mêmes en conciles (ou conseils), ces derniers étant les organisations locales.

Ordre des Forestiers Catholiques

« L’Ordre des Forestiers Catholiques est une société essentiellement irlandaise, fondée en 1883, dans la paroisse de Sainte-Famille, de Chicago, et issue d’une association de jeunesse catholique fondée en 1878 par le R. P. Thanahain, curé de cette paroisse. — On nous demande quelquefois si cette société est une de nos sociétés nationales. » (La Vérité de Québec, no du 13 septembre 1913.)

Il est permis de se demander s’il ne s’agit pas, là encore, de quelque société demi-secrète dans le genre des Chevaliers de Colomb.

Filles de Sainte-Marguerite

The Morning Star, de la Nouvelle-Orléans (no du 13 septembre 1913), mentionne une société des Filles de Sainte-Marguerite, qui serait analogue à celle des Filles d’Isabelle (voir plus haut), mais sur laquelle il ne fournit pas de détails.

Fraternité de l’Acacia

(Voir 27e année, no 30, p. 358.)

Cette organisation, fondée à l’Université de Michigan en mai 1904, possède aujourd’hui des Chapitres dans une vingtaine d’établissements d’enseignement supérieur des États-Unis. Elle est organisée sur le même plan que les Fraternités de la Lettre Grecque (27e année, no 30, pp. 357-358), mais elle emploie l’alphabet hébraïque pour distinguer ses différentes sections. Comme son nom l’indique, elle est basée sur les principes de la Maçonnerie, et nul ne peut en être reçu membre s’il n’est Maître « in good standing ». Elle a pour organe l’Acacia Journal, et pour insigne un triangle rectangle orné de gemmes et de triangles plus petits.

En 1911, cette Fraternité avait à sa tête le F/ Francis W. Shepardson, professeur d’histoire à l’Université de Chicago.

Ordre Loyal de l’Élan

Cet Ordre (Loyal Order of Moose) est différent de l’Ordre Bienfaisant et Protecteur des Elks (ce mot signifie aussi Élans), dont nous avons déjà parlé (27e année, no 28, pp. 332-333). Son existence a été révélée, sous un jour plutôt fâcheux, par le Globe Democrat de Saint-Louis, qui a publié, dans son no du 25 juillet 1913, une dépêche de Birmingham, Alabama, d’après laquelle, dans cette ville, deux hommes ont été tués par un choc électrique administré au cours de leur initiation dans cet Ordre. Ce choc « faisait partie de la cérémonie », mais les deux candidats « reçurent trop de courant ». Il paraît, d’ailleurs, que des accidents semblables se produisent assez fréquemment, ce qui n’empêche pas les Sociétés secrètes de ce genre de continuer à attirer des milliers de dupes. (The Fortnightly Review, no du 15 août 1913, p. 468.)

Ajoutons que cet Ordre, fondé en 1888, comptait, en 1911, 850 Loges subordonnées et 250.000 membres. — Dictateur : A. H. Jones, Indianapolis, Indiana ; Secrétaire : Rodney H. Brandon, Anderson, Indiana ; Trésorier : D. F. Crawford, Pittsburgh, Pennsylvanie.

Sororité d’Achoth

La Sororité d’Achoth (dont le nom constitue un singulier pléonasme, car le mot Achoth, en hébreu, signifie Sœur) se compose d’étudiantes des Universités, comme les Sororités de la Lettre Grecque (voir 27e année, no 30, pp. 357-358) ; mais elle n’admet que des membres de l’Ordre de l’Étoile d’Orient (voir 27e année, no 25, pp. 295-296). Cette Sororité d’Achoth a été organisée à Lincoln, Nebraska, le 5 mars 1910. En juin de la même année, un Chapitre a été établi dans l’Université d’Iowa ; depuis lors, plusieurs autres y ont été formés, et l’Ordre, à en juger par ses débuts, paraît devoir se développer assez rapidement.

Chevaliers du Travail

Les Chevaliers du Travail (Knights of Labor) forment une société secrète ouvrière qui eut une très grande vogue aux États-Unis ; beaucoup de Catholiques se laissèrent même prendre aux allures de pacification sociale qu’elle affectait.

Les groupements de cette organisation s’appelaient Chantiers ; leurs officiers étaient le Chef de Chantier, le Coadjuteur, l’Inspecteur et l’Enquêteur. Le Grand-Maître portait le titre de Maître Ouvrier (Workman Master). Les principaux symboles en usage dans les Chantiers étaient un globe et une lance.

D’Amérique, la Chevalerie du Travail se répandit, il y a une vingtaine d’années, en Belgique et en France, où elle prit un caractère plus manifestement révolutionnaire ; elle n’y existe plus aujourd’hui.

La branche française, qui était dirigée par le F/ Parmentier, Vén/ de la L/ Le Lien des Peuples et les Bienfaiteurs Réunis, compta parmi ses membres les plus éminents le « camarade » Aristide Briand.

Ordre des Macchabées

La Vérité de Québec a reproduit, dans son no du 30 août 1913, les renseignements publiés par La France Antimaçonnique (27e année, no 28, p. 331) sur l’Ordre des Macchabées, « très connu au Canada »(7). Notre confrère les fait suivre de cette note, qui complète nos informations en ce qui concerne l’expansion de cet Ordre dans ce dernier pays :

« Nous tenons à ajouter que cette société neutre et suspecte pour les Catholiques a pénétré depuis plusieurs années dans notre province (de Québec). Elle paraît surtout s’implanter fortement dans les cantons de l’Est. »

Ancien Ordre Égyptien des Sciots

L’information suivante nous est donnée par un journal de San-Francisco :

« L’Ancien Ordre Égyptien des “Sciots” (nous ne savons ce que peut signifier cette dénomination), qui forme la Loge “la Pyramide” no 1 à San-Francisco, a inauguré sa vingt-cinquième réunion annuelle par une fête à la chinoise (chose plutôt bizarre pour un Ordre qui se dit égyptien) dans le Hall de la Commanderie de la Porte d’Or (Ordre du Temple), le 26 mai 1913. (La fondation de l’Ordre doit donc remonter à 1889.)

« Les avis étaient imprimés sur papier de Chine, les murs étaient richement ornés de décorations orientales ; le banquet se composait de mets chinois servis à la façon chinoise, l’orchestre était composé de mandarins, les chants, les danses, les chanteurs et danseurs étaient chinois. Puis a eu lieu l’initiation de cinquante candidats ; ils ont été, suivant le jargon spécial à l’Ordre, “menés sur la route âpre et rocailleuse qui conduit au Palais du Roi”. En la circonstance, cette route était censée passer par Pékin. Les membres de cette Loge funambulesque sont au nombre de plus de 700. »

(À suivre.)