Notice sur les diverses Sociétés Secrètes américaines
qui ne sont pas officiellement rattachées à la Maçonnerie
(suite)(*)

(Voir La France Antimaçonnique, 26e année, nos 23, 24 et 26 ;
27e année, nos 25, 28, 30 et 32 ;
28e année, nos 13, 15, 18, 20, 22, 24 et 25.)

Association Protectrice Américaine

(Voir 27e année, no 32, p. 375.)

On signale un nouveau retour offensif de l’organisation anticatholique connue sous la désignation d’A. P. A. (American Protective Association), et dont nous avons déjà parlé(1). Voici sa « Déclaration de Principes », qui a été publiée récemment par le New-York Times :

« 1o Nous nous unissons pour défendre les institutions et le gouvernement de notre pays contre les manœuvres de l’organisation politique de la hiérarchie catholique romaine, qui agit sous le déguisement des Chevaliers de Colomb (!) et autres sociétés papales (?).

« 2o Nous sommes résolus à maintenir la complète séparation de l’Église et de l’État par le moyen d’une législation qui frappe d’impôt toute propriété ecclésiastique, et empêche qu’aucune aide provenant de l’argent du public soit donnée aux orphelinats catholiques, aux écoles paroissiales, ou autres institutions sectaires (sic).

« 3o Nous nous proposons de veiller à ce que tous les emplois de la Nation, de l’État et de la municipalité soient donnés à des hommes capables, intègres, et d’un patriotisme pur. Les Catholique Romains jurent de mettre leur obéissance au Pape au-dessus de toute autre autorité terrestre ; en conséquence, il est impossible à de tels hommes d’être des patriotes américains.

« Tous les citoyens qui croient que l’organisation politique catholique romaine est la plus mortelle ennemie des libertés et de la civilisation américaines, sont invités à s’enrôler dans l’Association. »

Ce manifeste est à rapprocher de celui des Chevaliers de Luther, que nous, avons reproduit précédemment (28e année, no 18, pp. 215-216) ; l’identité d’inspiration est évidente.

Président : George P. Newmann ; Vice-Président et Directeur Général : John Parker ; Secrétaire et Trésorier : Daniel Kennedy. — Bureaux : à la résidence du Président, 3, Fifth Avenue, New-York.

Ligue Anticatholique

En dehors du mouvement dit « apaïste », dont nous venons de parler, les ennemis de l’Église Catholique, de plus en plus préoccupés de son progrès aux États-Unis et lui jurant une haine implacable, ont fondé, en 1912, une nouvelle Ligue uniquement destinée à combattre ce qu’ils regardent comme « un péril pour les libertés américaines ».

Le siège de cette Ligue Anticatholique est également à New-York, 50, West 24th Street.

Société Historique Maçonnique de New-York

Cette Société « a pour but d’étudier et de conserver l’histoire de la Maçonnerie, de rééditer des ouvrages rares et précieux sur la Maçonnerie, de donner des conférences sur des sujets maçonniques ». Elle a pour président le F/ William Sherer et pour secrétaire le F/ Ossian Lang.

Nous avons déjà parlé d’une autre association analogue, qui a aussi son siège à New-York, et qui s’est donné le titre de Société des Mages (28e année, no 15, p. 177).

Chevaliers de Pythias

(Voir 26e année, no 24, p. 257,
et 27e année, no 25, p. 296.)

L’Express, de Portland, Maine, dans son no du 18 février 1914, a donné sur cet Ordre les renseignements suivants :

La date du 19 février 1914 marque le cinquantenaire de la fondation des Chevaliers de Pythias par Justus Henry Rathbone. Treize autres personnes signèrent la charte ; deux des signataires vivent encore. Aujourd’hui, l’Ordre compte 715.000 membres, formant 8.000 Loges disséminées dans les États-Unis, le Canada, le Mexique, la Chine, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, Porto-Rico et la Zone du Canal de Panama. La fortune de l’Ordre est évaluée à plus de 18 millions de dollars ; un grand nombre de ses Châteaux (équivalents des Temples maçonniques) sont des édifices magnifiques.

Cet Ordre a été fondé pour faire revivre dans les faits la légende si connue de Damon et Pythias ; il a pour devise : « Amitié, Charité, Bienveillance ». Sa « Déclaration de Principes » contient ce passage : « De même que le Chevalier idéal des temps jadis était la personnification de toutes les vertus les plus hautes, des attributs les plus nobles de l’homme, le candidat doit se montrer digne d’être admis par ceux qui attachent quelque prix à l’amitié, à la bravoure, à l’honneur, à la justice et à la loyauté. »

Un des traits qui distinguent la Chevalerie de Pythias consiste dans l’existence d’une section militaire, qui a été organisée pendant la période de 1870 à 1880, où l’ordre social semblait fortement menacé. Au cours de la guerre hispano-américaine, le général James R. Carnahan, organisateur et commandant de cette section, offrit ses services au Gouvernement ; cette aide n’était pas nécessaire, mais elle eût fourni des milliers de volontaires. La section se sert des règlements militaires en usage dans l’armée fédérale.

Aux Chevaliers de Pythias se rattachent aussi deux organisations auxiliaires distinctes. L’une est l’Ordre féminin des Sœurs Pythiennes, qui reçoit les mères, femmes, sœurs et filles des Chevaliers, pour lesquels il est ainsi ce qu’est celui de l’Étoile d’Orient pour les Maçons ; il compte 145.000 membres. L’autre est l’Ordre des Chevaliers du Khorassan, qui se présente comme une sorte de « degré supérieur », mais qui paraît n’être en somme qu’un « à-côté » plaisant, plus ou moins imité du Mystic Shrine et des autres Ordres analogues ; il compte 18.688 membres.

Société des Good Fellows

Sous le nom de Good Fellows (Bons Compagnons), qui ressemble singulièrement à celui de la société secrète des Odd Fellows, il existe aux États-Unis une organisation qui se déclare catholique, mais qui présente certaines particularités plutôt suspectes. Ainsi, ses membres vont jusqu’à arborer le fez rouge que portent les Shriners, c’est-à-dire les Maçons de hauts grades appartenant à l’Ordre des Nobles du Sanctuaire Mystique.

Chevaliers d’Honneur

(Voir 28e année, no 22, p. 263.)

Cet Ordre, comme plusieurs autres dont nous avons déjà parlé, semble avoir pour objet principal d’assurer à ses membres certains avantages financiers. Un schisme s’y est produit récemment, comme en témoigne cette information publiée, au cours de l’année dernière, par un journal maçonnique de Laredo, Texas : « Attendu que le Grand Conseil des Chevaliers d’Honneur a refusé de présenter le compte des frais et l’emploi des fonds, un grand nombre des membres de cet Ordre s’en sont séparés et ont formé un groupe nouveau et prospère, qui, nous dit-on, expédie des polices de mille pesos or (monnaie mexicaine) à chacun de ses membres pour une cotisation mensuelle très faible. »

Ordre de la Vraie Parenté

C’est un Ordre mixte de création toute récente, mais qui se développe rapidement et possède déjà de nombreux Conclaves, tous très prospères. Cet Ordre, comme celui de l’Étoile d’Orient, se rattache étroitement, quoique non officiellement, à la Maçonnerie, car il n’admet comme membres que des Maîtres Maçons et leurs femmes, veuves, mères et sœurs. Il y a trois grades ; le second n’est conféré qu’au bout de six mois ; le troisième, un an après avoir reçu le premier. Le rituel contient, dit-on, un symbolisme d’un grand prix pour le chercheur de la vérité, et une philosophie utile et encourageante pour quiconque admet que tous les hommes sont frères.

D’après une autre information, fournie par le Masonic Chronicler, de Chicago, mais qui nous paraît quelque peu singulière, cet Ordre « se déclare en mesure de faire communiquer ésotériquement ses initiés avec les Maçons ». Étant donné son mode de recrutement, nous nous demandons ce que cela peut signifier.

Ligues de Bonté

Les Ligues de Bonté ou de Pitié (Bands of Mercy) ont vu le jour en Amérique, d’où elles se répandent un peu partout ; elles s’adressent surtout aux jeunes gens, et même aux enfants. Chaque ligueur doit signer cette formule : « Je veux m’efforcer non seulement d’être bon pour toutes les créatures vivantes, mais d’empêcher qui que ce soit de les molester ou de leur nuire. » On espère, dit-on, que cet engagement d’honneur, cette initiation à la valeur du serment, élèvera très vite l’enfant à la dignité d’homme ; c’est à peu près ce que prétendent aussi les promoteurs du Scoutisme.

D’après Le Théosophe (no du 1er octobre 1913), c’est M. Jérôme Périnet, de Genève, qui a fait connaître ces Ligues en Europe ; en Amérique, elles comprendraient actuellement 7 millions d’enfants. Le même journal, dans son no du 16 septembre 1913, a publié sur ce sujet un « Rapport présenté par Mme Eugène Simon et M. H. Durot, directeur de l’École de Perfectionnement (?) à Paris ».

Ordre des Bnaï Berith

(Voir 26e année, no 24, p. 253.)

Ordre des Bnaï Berith (Fils de l’Alliance, en hébreu), ou Bne Bris, comme on l’écrit quelquefois, est exclusivement composé de Juifs. Nous extrayons les renseignements historiques qui suivent d’un article tiré de l’Encyclopédie Juive (T. III, pp. 275 et suivantes ; New-York et Londres, 1902) et signé Ellinger, directeur du journal officiel des Bnaï Berith, The Menorah (nom hébreu du candélabre sacré à sept branches).

Cet Ordre fut fondé en 1843 à New-York par un certain nombre de Juifs allemands sous l’impulsion de Henry Jones, dans le but de faire pénétrer la moralité parmi les fidèles de la religion mosaïque, en les suivant sur un terrain où tous pourraient s’entendre, en écartant les discussions politiques et religieuses, et d’inculquer la charité, la bienveillance et l’amour fraternel comme étant les vertus les plus hautes.

La première Grande Loge fut établie en 1851 dans la Cité de New-York, et d’autres Grandes Loges de District furent ensuite fondées successivement dans un certain nombre d’États. L’autorité suprême fut confiée à un corps central qui tenait une réunion par an et était composé d’un représentant par Loge. En 1857, on retoucha la Constitution, en lui donnant un caractère plus démocratique et plus représentatif, et on institua un nouveau rituel, œuvre du Dr David Einhorn, inspirée par l’esprit progressif de ce temps.

Une ère nouvelle de développement commença en 1868, année où, dans une session tenue à New-York, fut adoptée la Constitution actuelle. Celle-ci donna pour chef suprême à l’Ordre un Président élu pour cinq ans, créa un comité exécutif et une cour d’appel ; chacun de ces corps comptait un représentant de chaque Grande Loge de District, élu pour cinq ans. Le premier Président fut Julius Bien, de New-York, qui avait été l’inspirateur de la nouvelle Constitution ; il resta en fonctions jusqu’en 1900, et demanda alors, à raison de son âge, à ne pas être réélu. Un vote unanime lui donna pour successeur Léo N. Levi, de New-York. Le Président actuel est le Dr Adolph Kraus.

Une nouvelle sphère d’action s’ouvrit pour l’Ordre en 1882, époque où Moritz Ellinger, en qualité de député du comité exécutif, institua la première Loge européenne. La Grande Loge d’Allemagne fut formée en 1885 ; Julius Bien se rendit alors dans ce pays pour en faire l’inauguration. D’autres Grandes Loges furent également établies en Roumanie et en Bohême. L’Ordre publie à Vienne une revue trimestrielle, et à Berlin un rapport mensuel.

Aux États-Unis et dans les divers autres pays où il s’est développé, l’Ordre a créé et soutient de nombreuses institutions de bienfaisance et d’enseignement. En ces derniers temps, il s’est mis en relations avec les grandes associations juives d’éducation et de secours qui existent en Europe, comme l’Alliance Universelle de Paris, l’Association de Colonisation Juive de Londres, et l’Alliance Israélite de Vienne. De plus, il s’occupe activement de trouver de l’emploi pour les Juifs d’Europe, qui émigrent si nombreux en Amérique.

L’Ordre a fait présent aux États-Unis d’une statue de la Liberté, œuvre de Moses Ezechiel, natif de Cincinnati. Plus récemment, il a remis une médaille d’or au Président Taft, « en reconnaissance de la sympathie toujours grandissante qu’il a témoignée aux Israélites, et en particulier aux victimes de la persécution qui se sont réfugiées aux États-Unis ».

Sur la suggestion de l’Ordre, Benjamin F. Peixotto fut choisi comme commissaire pour représenter les États-Unis en qualité de consul en Roumanie, afin d’agir sur le gouvernement roumain et d’obtenir sa protection pour les Juifs de ce pays. L’Ordre s’imposa les frais des appointements d’un consul en Roumanie, aucune dépense n’ayant été prévue pour cet objet au budget des États-Unis.

D’autre part, une Ligue s’est formée récemment en Amérique, sous les auspices de l’Ordre, dans le but de combattre, partout où elle se produirait, la diffamation contre les Juifs.

En dehors de The Menorah, l’Ordre possède encore un autre organe, intitulé Bnaï Berith News.

(À suivre.)