L’Église Catholique Française(*)(1)

D’une Correspondance Romaine parue dans la Semaine Religieuse de Montréal (numéro du 29 juin 1914), nous extrayons le passage suivant :

« Sous Pie X, le nombre des excommuniés vitandi (à éviter) est devenu plus considérable. C’est l’arme la plus redoutable que l’Église ait à sa disposition, et elle ne s’en sert que très rarement ; mais Pie X a dû l’employer, soit pour défendre la discipline, soit pour maintenir l’intégrité de la foi. C’est pour le premier but que le Pape a excommunié nommément trois Anglais, MM. Harris Mathew, Ignace Beale et Arthur Howorth, qui s’étaient fait ordonner évêques par un évêque janséniste et prétendaient jeter ainsi les bases d’une nouvelle Église anglicane, dans laquelle on observerait tous les rites de l’Église Catholique et on aurait la présence réelle de Notre-Seigneur, mais avec une vie indépendante de Rome. L’essai, commencé bruyamment avec des fonds fournis par les Protestants, ne dura pas longtemps. Les difficultés financières se firent jour et bientôt devinrent telles que les fauteurs de ce nouveau schisme, ne pouvant plus trouver de lieux de réunion, se dispersèrent, et on ne sait ce qu’ils sont devenus depuis. »

Nous savons, cependant, ce qu’est devenu M. Mathew, puisqu’il a jugé bon de reprendre ici la tentative qui a échoué en Angleterre, où, malgré les fonds fournis par des Protestants (c’est probablement ce qui a lieu aussi en France), l’« Église vieille-catholique » semble bien, d’après ce qui précède, n’exister plus guère que de nom.

Ajoutons ici une rectification de détail : M. Mathew seul a été sacré par l’archevêque janséniste d’Utrecht, et lui-même, à son tour, a sacré MM. Ignace Beale et Arthur Howorth, qui sont évidemment les deux prêtres dévoyés dont parlait notre correspondant (no 26, p. 301).

Après avoir cité, comme exemple du second des deux buts définis plus haut, l’excommunication des ex-abbés Loisy et Murri, l’auteur de la Correspondance Romaine écrit encore :

« L’abbé Kowalski, fondateur de la secte des Mariavites en Pologne, après s’être d’abord rétracté à Rome, est revenu à ses anciens errements et d’une façon tellement obstinée que le Pape a dû le frapper. Également, il a fulminé la même peine contre tous les prêtres polonais qui suivaient Kowalski et qui n’auraient pas fait, dans les vingt jours, leur soumission à leur Ordinaire respectif. »

On a vu dernièrement (no 28, p. 329) que cet ex-abbé Kowalski a fini par se faire pope orthodoxe ; peut-être verrons-nous de même, un jour ou l’autre, Mgr Mathew adhérer à l’Anglicanisme officiel (Established Church). Cela serait d’autant moins surprenant que nous pouvons rappeler encore un autre exemple analogue et récent : celui du Rév. Victor von Kubinyi, avec son « Église Nationale d’Amérique », se ralliant à l’Épiscopalisme protestant (no 9, p. 108) ; c’est ainsi que tous ces schismes se terminent normalement.

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Au sujet de l’abbé Volet, sur lequel nous demandions des renseignements à nos lecteurs, on nous signale un extrait du Catholique Français, cité dans la Religion Universelle (numéro de février-mai 1912) avec cette note :

« Nous pensons que cet article est de l’abbé Volet. Il lui fait vraiment honneur et mérite d’être reproduit par toute la presse chrétienne. »

L’article en question, intitulé Le second Avènement de Jésus-Christ, est un exposé assez fidèle (à part cependant quelques propositions hérétiques ou douteuses) de la doctrine de l’Église sur la fin des temps ; mais il est d’autant plus perfide, parce qu’on y trouve enveloppée la phrase suivante :

« Le mystère d’iniquité a commencé à s’opérer dans la Chrétienté dès le temps des Apôtres par les hérésies et les persécutions ; mais, quand l’Empire romain a été détruit, la Papauté s’est peu à peu substituée à lui, et, progressant de plus en plus dans l’orgueil, elle en est arrivée à se parer de l’infaillibilité ; le Seigneur la combat par le souffle de sa bouche, c’est-à-dire par l’Esprit-Saint, qui anime les Chrétiens fidèles à l’ancienne et immuable foi, qui luttent au nom de la vérité contre la Papauté ; mais celle-ci ne sera anéantie que par l’éclat de la présence du Seigneur. La Papauté a conduit la gentilité chrétienne qui lui a obéi à une véritable apostasie. »

Ici, la direction de la Religion Universelle (c’est-à-dire M. Verdad-Lessard) a ajouté en note :

« Cette opinion est celle du Catholique Français comme celle des Protestants : le Pape est, pour eux, l’Antéchrist. Ce n’est pas pour soutenir cette opinion que nous insérons cet article, mais pour son côté très élevé touchant le retour de Jésus sur la terre. »

On voit donc par là, une fois de plus, combien ces prétendus Catholiques indépendants ressemblent aux Protestants ; l’inspiration de ces derniers est assez visible dans tous les « mouvements » de ce genre.

Il semble bien que le Catholique Français soit l’organe de l’Église de l’abbé Volet ; nous espérons avoir là-dessus d’autres informations plus précises.