Notice sur les diverses Sociétés Secrètes Anglaises
qui sont rattachées à la Maçonnerie Anglaise
ANGLETERRE
(suite)(*)

(Voir La France Antimaçonnique, 27e année, nos 31, 37 et 38.)

Societas Rosicruciana in Anglia (suite)

« Voici l’histoire de cette Rose-Croix anglaise(1) :

« 1830. – Godfrey Higgins établit dans son Anacalypsis ce que sont à cette époque en Angleterre les Rose-Croix et leur œuvre.

« 1867. – La Société est réorganisée par R. W. (le F/ Robert Wentworth Little), Suprême Mage pour l’Angleterre. Il meurt en 1878.

« 1868. – Le premier numéro de la revue The Rosicrucian est publié en juillet.

« 1876. – Le 19 septembre, la Société Rosicrucienne est établie.

« 1878. – Le Dr William Robert Woodman devient Suprême Mage pour l’Angleterre. Il meurt en 1892.

« 1879. – En décembre, un Collège est établi dans l’État de Pennsylvanie.

« 1880. – Fondation de Collèges : en avril, dans l’État de New-York ; le 9 mai, dans l’État de Massachusetts(2) ; le 10 mai, dans l’État de Maryland. – Le 21 septembre, création du Suprême Conseil de la Société Rosicrucienne des États-Unis d’Amérique. – Charles F. Myer, de Philadelphie, Suprême Mage pour les États-Unis.

« 1892. – Dr W. Wynn Westcott, Suprême Mage pour l’Angleterre. »

Un peu plus loin (pp. 124-125), Sédir reproduit une lettre adressée au directeur de la revue théosophique Lucifer, en juillet 1889, par le F/ Mac-Gregor Mathers, alors Secrétaire du Collège Métropolitain, et membre du Haut Conseil d’Angleterre ; nous y lisons ce qui suit :

« Cette Société (la Societas Rosicruciana) étudie la tradition occidentale.

« Le grade le plus inférieur, Zélateur, est donné dans des assemblées où les Frères lisent et discutent des sujets mystiques.

« Des connaissances de pratique sont le privilège de plus hauts initiés, qui les tiennent secrètes ; tous les Frères tiennent secret leur grade.

« La Société Théosophique est en relations d’amitié avec eux(3).

« Les Étudiants hermétiques de la G. D. (Golden Dawn) Rosicrucienne(4) en seraient, pour ainsi dire, les représentants à l’extérieur (in the outer).

« Les chefs du second ordre, craignant que les procédés de certaines personnes du Nord de l’Angleterre, exhibant de prétendus pouvoirs et dignités rosicruciens(5), ne détournent les étudiants des hauts sentiers du mysticisme vers les pratiques goétiennes, désirent que tous les Frères et Sœurs de la G. D.(6) informent d’après cela les étourdis et les non-initiés, qu’aucune personne ne tient mandat de nous, ni ne possède notre ancienne et secrète connaissance. »

Cet avis officiel, « donné du M/ A/ (?), et publié par ordre du Supérieur Sapere Aude, Cancellarius in Londinense »(7) se termine par les devises suivantes : « Sapiens dominabitur Astris. — De duce, comite ferro. — Non omnis moriar. — Vincit omnia Veritas(8). »

Il porte en post-scriptum cette phrase quelque peu énigmatique : « Sept adeptes qui possèdent l’élixir de longue vie, vivent actuellement et se réunissent chaque année dans une ville différente. »

L’Imperator de la G. D. et de Mme Blavatsky(9) était-il l’un de ces sept adeptes mystérieux ? C’est bien possible, mais le Supérieur Sapere Aude n’a sans doute pas autorisé de révélations plus explicites à cet égard.

Ordre de la Rosée et de la Lumière

Dans la lettre que nous venons de citer, le F/ Mac-Gregor Mathers, parlant au nom de la Societas Rosicruciana et de la G. D. in the Outer, dit encore ceci :

« Il y a dans le Nord de l’Angleterre une Société de Ros-Crux. (sic) Fratres(10), ou Ordre de la Rosée et de la Lumière, prétendant être les descendants de la Rose-Croix médiévale. Le scripteur les désavoue. »

Sur cet Ordre (Ordo Roris et Lucis), nous trouvons, dans la même Histoire des Rose-Croix de Sédir (pp. 122-123), les quelques détails suivants :

« Dans le Lucifer du 15 juin 1889, il est parlé d’une Société de Rose-Croix anglais, ou Ordre de la Rosée et de la Lumière(11), dont le quartier général est à Keightley, et qui a des membres dans presque toutes les villes d’Angleterre.

« On y est admis sur l’examen de l’horoscope.

« On y enseigne l’alchimie, la philosophie de la vie, l’art divin de l’astrologie, les herbes(12) et leur valeur thérapeutique, les influences astrales.

« Une lettre adressée au Lucifer dit que les membres (de cet Ordre) ne savent presque rien, qu’ils font attendre, pour enseigner, que l’on soit développé.

« Un homme qui est plus instruit en magie noire qu’en autre chose, peut se projeter en astral et créer des enfants astraux(13). »

« Leurs guides sont des Élémentaires(14) : Francisco le Moine, M. Sheldon, et Abdallah ben Yusuf, ce dernier ancien adepte arabe (?). Ils(15) sacrifient des chevreaux ; ils ont voulu former un cercle pour obtenir des informations d’une manière défendue (?).

« Ils sont pour la plupart spirites ; il y a aussi (parmi eux) des astrologues et d’autres sectateurs aveugles d’Hiram Butler, d’Amérique(16).

« Au commencement de 1888, ils publièrent un périodique mensuel : The Lamp of Thoth (La Lampe de Thoth)(17), prix 1 shilling pendant 6 mois. — Il ne contenait que de la copie de magie noire et des non-sens. »

Il est juste d’ajouter, comme le fait d’ailleurs remarquer Sédir, que « ces appréciations ne sont peut-être pas exemptes de partialité », étant donné qu’elles sont empruntées à un organe théosophiste, donc « en relations d’amitié » avec la Societas Rosicruciana, adversaire de l’Ordre dont il s’agit. Il est d’usage courant, entre écoles occultistes rivales, de s’accuser réciproquement de « faire de la magie noire » ; il se peut que ce ne soit pas toujours sans quelques raisons, mais, si nous ne craignions d’être indiscret, nous demanderions à l’Hiérophante Ramsès Mac-Grégor si, parmi les « Frères et Sœurs de la G. D. », il ne s’en trouve pas aussi de particulièrement experts dans ces « pratiques goétiennes » que son frère aîné, au nom du Cancellarius, dénonçait si énergiquement en 1889(18).

(À suivre.)