Mars 1936

Extrait du Journal of the American Oriental Society, vol. 55, no 4.

Cette importante étude fait suite à The Darker Side of Dawn, dont nous avons rendu compte précédemment(*) ; l’idée principale que l’auteur y développe est que les Dêvas ou « Anges » et les Asuras ou « Titans », respectivement puissances de Lumière et puissances de Ténèbres dans le Rig-Vêda, bien qu’opposés dans leur action, n’en sont pas moins d’une même essence, leur distinction portant en réalité sur leur orientation ou leur état. L’Asura est un Dêva en puissance, le Dêva est encore un Asura par sa nature originelle ; et les deux désignations peuvent être appliquées à une seule et même entité suivant son mode d’opération, comme on le voit par exemple dans le cas de Varuna. D’autre part, tandis que les Dêvas sont représentés habituellement sous des formes d’hommes et d’oiseaux, les Asuras le sont sous celles d’animaux et particulièrement de serpents ; de là une série de considérations du plus grand intérêt sur les divers aspects du symbolisme du serpent, principalement au point de vue cosmogonique. Bien d’autres questions sont abordées au cours de ce travail, et nous ne pouvons les énumérer toutes en détail : citons seulement la nature d’Agni et ses rapports avec Indra, la signification du sacrifice, celle du Soma, le symbolisme du Soleil et de ses rayons, de l’araignée et de sa toile, etc. Le tout est envisagé dans un esprit nettement traditionnel, comme le montreront ces quelques phrases que nous extrayons de la conclusion : « Ce qui doit être regardé du dehors et logiquement comme une double opération de sommeil et d’éveil alternés, de potentialité et d’acte, est intérieurement et réellement la pure et simple nature de l’Identité Suprême… Ni l’ontologie vêdique ni les formules par lesquelles elle est exprimée ne sont d’ailleurs particulières au Rig-Vêda, mais elles peuvent tout aussi bien être reconnues dans toutes les formes extra-indiennes de la tradition universelle et unanime. »