Mars 1939

John Stevens, Newport, Rhode Island.

L’auteur étudie la question de la nature et de la dignité du travail au point de vue chrétien, mais on pourrait dire que ces considérations sont, pour la plupart, facilement applicables au point de vue traditionnel en général ; ainsi, l’idée de la valeur propre du travail bien fait, parce que conforme aux aptitudes de celui qui le fait, et cela indépendamment de l’importance qu’il peut avoir en lui-même, pourrait être rattachée directement à la notion hindoue du swadharma. Le travail est « la grande vocation de l’homme », et il contribue à faire de celui-ci l’image de Dieu, considéré comme l’« Artisan » par excellence ; il est à peine besoin de faire remarquer que c’est là, au fond, le principe même des initiations basées sur l’exercice des métiers, à quelque forme traditionnelle qu’elles se rattachent d’ailleurs. Signalons à ce propos, comme particulièrement intéressante, l’idée que le rapport de l’homme aux matériaux qu’il utilise correspond analogiquement au rapport de Dieu à l’homme lui-même (et il est assez remarquable que les schémas de ces deux rapports aient été tracés suivant la loi du « sens inverse », bien que le texte même n’y fasse pas allusion) ; quelque chose de semblable se retrouve aussi toujours, plus ou moins explicitement, dans la transposition initiatique que nous venons de rappeler. Si certains, qui prétendent trop volontiers s’appuyer sur la doctrine chrétienne pour nier tout ce qui dépasse le simple exotérisme, voulaient bien méditer un peu sur de telles similitudes, cela pourrait peut-être contribuer à modifier sérieusement leurs idées préconçues, et à leur faire comprendre que les oppositions ou les incompatibilités qu’ils affirment si audacieusement n’ont aucune existence réelle et sont tout simplement un effet de leur propre ignorance ; mais malheureusement, suivant l’expression proverbiale, « il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre »…

John Stevens, Newport, Rhode Island.

Dans les deux conférences qui sont ici réunies, et qui sont respectivement intitulées Purpose and Pattern et Pattern and Appearance, l’auteur, après avoir rappelé la conception traditionnelle de la nature de l’art, s’attache à définir les relations existant entre la « fonction » d’une œuvre d’art, qui est son rapport à celui qui l’utilise, sa « forme » qui est son rapport à celui qui la produit en « matérialisant » en quelque sorte l’idée ou l’image mentale qu’il doit en avoir conçue tout d’abord, et enfin sa « figure », c’est-à-dire son aspect extérieur, qui est une réalisation de ce modèle idéal, mais nécessairement conditionnée à la fois par les particularités mentales de l’artiste lui-même et par la nature des matériaux qu’il emploie. Nous devons noter particulièrement ce qui est dit de la dégénérescence qui mène de l’art que l’auteur appelle « créatif », où le but de l’œuvre et son modèle sont parfaitement adaptés l’un à l’autre, à l’art « décoratif », où se rencontrent des complications sans utilité « fonctionnelle », ce qu’il explique par une sorte de besoin qu’un artiste en possession d’une certaine habileté technique éprouve d’ajouter des difficultés à son travail pour le plaisir de les surmonter ; cette explication peut être exacte « psychologiquement », mais elle n’est pourtant pas suffisante, car elle ne rend pas compte du fait que les motifs ornementaux proviennent de symboles dont la signification a été oubliée, ce qui implique que l’existence de l’art « décoratif » comme tel présuppose, dans une civilisation, la perte de certaines données traditionnelles. Quoi qu’il en soit, pour M. Graham Carey, la dégénérescence ne s’arrête pas à ce stade, et elle aboutit finalement à l’art « récréatif », c’est-à-dire à celui qui n’est plus qu’un simple « jeu » ne visant qu’à produire des œuvres dépourvues de toute utilité réelle ; c’est là la conception spécifiquement moderne, et il n’a pas de peine à faire ressortir les lamentables résultats de cette séparation radicale du « beau » et de l’« utile » dans la production de notre époque.

John Stevens, Newport, Rhode Island.

C’est, éditée en une brochure de la même série que les deux précédentes, la conférence qui avait été publiée tout d’abord dans le Journal of the Royal Society of Arts, et dont nous avons déjà parlé à cette occasion dans un de nos récents comptes rendus(*).

Union des Imprimeries, Frameries, Belgique.

La traduction française de The Mother, dont le dernier chapitre a été donné ici même(**), vient de paraître en un volume faisant partie de la même collection qu’Aperçus et Pensées et Lumières sur le Yoga, dont nous avons parlé précédemment(***) ; nous tenons à le signaler à ceux de nos lecteurs qui voudraient avoir connaissance de l’ouvrage tout entier.