Décembre 1947

Éditions Adyar, Paris.

Dans ce nouveau livre, l’auteur du Secret de la Grande Pyramide, dont nous avons parlé en son temps(*), revient tout d’abord sur certaines des considérations qu’il avait déjà exposées dans celui-ci ; il se montre d’ailleurs plus réservé dans ses affirmations, sans doute parce que, dans l’intervalle, rien de remarquable ne paraît s’être passé aux dates indiquées, tandis qu’il est survenu des événements importants auxquels ne correspond aucune de celles-ci. En général, quand des prédictions ne se réalisent pas, leurs auteurs ou leurs propagateurs ne sont pas très embarrassés pour trouver des explications à ce fait ; pourtant, nous devons dire que celles que donne M. Barbarin nous semblent plutôt confuses et peu satisfaisantes. Si l’on dit que c’est d’événements « intérieurs » et « non apparents » qu’il s’agit en réalité, cela rend assurément les choses plus difficiles à contrôler, mais du moins faudrait-il pouvoir trouver autour de nous quelque indice d’un changement d’orientation spirituelle ou mentale, alors qu’il n’en est rien et que, à ce point de vue, l’humanité n’a fait en somme que poursuivre de plus en plus vite sa même marche descendante. D’un autre côté, il est très bien de dire que « le Sphinx n’interroge pas l’histoire d’Israël, ni celle des Anglo-Saxons, ni même celle des Européens, mais bien toute l’histoire humaine » ; mais alors pourquoi continuer à faire comme s’il en était autrement, à se placer dans une perspective très exclusivement européenne, et à parler de « l’humanité biblique » comme si tout ce qui relève des autres traditions était quantité négligeable ? Dans les parties plus nouvelles de l’ouvrage, il y a encore bien des choses plus que contestables : ainsi, au sujet de l’obélisque de Louqsor (celui qui a été transporté à Paris et élevé sur la place de la Concorde), il paraît que certains l’ont attribué à… Nemrod ; cette hypothèse extravagante semble séduire M. Barbarin, qui s’imagine même retrouver dans les traits du Sphinx ceux de ce même Nemrod, qu’il considère, par une double erreur assez inexplicable, comme « le premier Pharaon nègre » ; par surcroît, si le Sphinx était contemporain de Nemrod, on ne voit pas bien comment il pourrait remonter, ainsi qu’il est dit par ailleurs, au début même du « cycle adamique » ! Quant à l’énigme même du Sphinx, nous ne croyons pas que l’auteur puisse se vanter de l’avoir résolue, car ce qu’il en dit demeure bien vague ; nous ne lui reprocherons pas, mais nous regrettons qu’il ne l’ait pas tout au moins formulée en termes plus nets. Au fond, ce qui est le plus intéressant dans tout cela, comme signe de certaines tendances actuelles, c’est l’obstination, qui est loin d’être particulière à M. Barbarin, à annoncer l’avènement d’une « nouvelle ère spirituelle » et celui d’une « Église intérieure sans hiérarchie et sans théologiens »…

Librairie Astra, Paris.

Le titre de cet autre ouvrage du même auteur est quelque peu ambitieux, mais le contenu en est plutôt décevant ; le sous-titre lui-même, « cycles historiques », n’est pas entièrement justifié, car, en fait, il n’y est traité que de simples points de détail. Il s’agit surtout d’une sorte de parallélisme constaté entre les vies de certains souverains, ou dans l’histoire de différents peuples, avec des dates se correspondant à des intervalles plus ou moins nettement déterminés, semblant indiquer que certaines périodes ramènent des événements ou des situations similaires. Tous ces rapprochements ne sont d’ailleurs pas également frappants ; un chapitre assez curieux, à cet égard, est celui où sont comparées la carrière de Napoléon et celle de Hitler ; mais pourquoi avoir éprouvé le besoin d’introduire à ce propos, même en ne la présentant que comme une hypothèse, une explication « réincarnationniste » ? À part cela, ce n’est assurément pas dépourvu de tout intérêt, mais, en définitive, tout cela ne va pas bien loin et ne paraît pas susceptible de contribuer dans une bien large mesure à restaurer la connaissance des lois cycliques traditionnelles, si complètement perdue dans l’Occident moderne.

La Nouvelle Édition, Paris.

L’auteur examine d’abord diverses prophéties relatives à la « fin des temps » et aux signes qui doivent l’annoncer, notamment celles qui sont contenues dans l’Évangile même, puis celle de Daniel, les oracles de la Sibylle et la révélation de saint Paul ; mais la partie principale de son travail est celle qui est consacrée à l’Apocalypse, dont il a cherché, après tant d’autres, à découvrir la véritable interprétation. Ce qu’il y a de particulier dans celle qu’il propose, c’est surtout que le texte y est divisé en plusieurs parties constituant autant de « visions » distinctes qui reprendraient en quelque sorte, sous des aspects différents, le récit symbolique des mêmes événements devant se dérouler au cours de sept âges successifs ; ce n’est là assurément qu’une hypothèse, mais qui du moins ne présente rien d’invraisemblable. Malheureusement, comme il arrive souvent, c’est quand les préoccupations d’« actualité » interviennent que les choses se gâtent quelque peu : ce livre a été écrit avant la fin de la guerre, et, comme la suite l’a montré, c’était faire à Hitler un honneur vraiment excessif, si l’on peut dire, que de vouloir voir en lui l’Antéchrist !