Mai 1936

— Dans les Acta Orientalia (vol. XIV), M. A. M. Hocart publie un article intitulé The Basis of Caste, où il déclare nettement que, pour comprendre une institution comme celle dont il s’agit, il est nécessaire, au lieu de s’en rapporter à certaines idées préconçues, de se placer au point de vue même du peuple auquel elle appartient ; cela nous change fort heureusement de l’attitude habituelle des orientalistes ! S’appuyant sur les observations qu’il a faites à Ceylan, il montre que la caste, quelle qu’elle soit, est surtout liée à des éléments d’ordre rituel ; mais peut-être, quand il parle à ce propos de « sacerdoce », y a-t-il dans cette explication quelque chose d’un peu inexact. La vérité est qu’il s’agit là du caractère « sacré » que revêt toute fonction et même tout métier dans une organisation sociale traditionnelle, ainsi que nous l’avons souvent expliqué ; et cela confirme bien encore que le « profane » n’est rien d’autre que le produit d’une simple dégénérescence.

Le Larousse mensuel (no de mars) contient un article sur La Religion et la Pensée chinoises ; ce titre même est bien caractéristique des ordinaires confusions occidentales. Cet article paraît inspiré pour une bonne part des travaux de M. Granet, mais non pas dans ce qu’ils ont de meilleur, car, dans un semblable « raccourci », la documentation est forcément bien réduite, et il reste surtout les interprétations contestables. Il est plutôt amusant de voir traiter de « croyances » les connaissances traditionnelles de la plus scientifique précision, ou encore affirmer que « la sagesse chinoise reste étrangère aux préoccupations métaphysiques »… parce qu’elle n’envisage pas le dualisme cartésien de la matière et de l’esprit et ne prétend pas opposer l’homme à la nature ! Il est à peine besoin de dire, après cela, que le Taoïsme est particulièrement mal compris : on s’imagine y trouver toute sorte de choses, excepté la doctrine purement métaphysique qu’il est essentiellement en réalité…

— Dans le Grand Lodge Bulletin d’Iowa (no de février), étude sur la Grande Loge d’Athol, dite des « Anciens », qui fut organisée en 1751, probablement par des Maçons irlandais résidant à Londres, et à laquelle se joignirent des membres des Loges anglaises demeurées indépendantes après la fondation de la Grande Loge d’Angleterre et opposées aux innovations introduites par celle-ci, qui fut dite des « Modernes » pour cette raison ; l’union des deux Grandes Loges rivales ne se fit qu’en 1813.

— Dans le Symbolisme (no de mars), Albert Lantoine écrit une assez curieuse Apologie pour les Jésuites, faisant remarquer que les accusations que certains lancent contre ceux-ci sont tout à fait semblables à celles que d’autres dirigent contre la Maçonnerie. — Sous le titre La flamme ne meurt pas, Marius Lepage fait quelques réflexions sur l’état présent de la Maçonnerie ; il y cite notamment un passage de ce que nous avons écrit à propos d’un article publié dans le Mercure de France(*), mais il ne semble pas qu’il en ait entièrement saisi le sens : pourquoi penser que la question que nous posions à la fin fasse nécessairement appel à « un homme » ? — G. Persigout étudie La Caverne, image et porte souterraine du Monde ; il signale très justement le caractère de sanctuaires des cavernes préhistoriques, et il y voit un rapport avec l’origine du culte des pierres sacrées ; mais il y aurait encore bien d’autres choses à dire sur ces questions, et peut-être aurons-nous à y revenir quelque jour(**).