L’ARCHÉOMÈTRE(108)
(suite)(*)
Au précédent exposé de l’institution des castes, envisagée comme la base essentielle de l’organisation synarchique, on ne doit pas objecter, comme certains le font, que le Christianisme supprime ces distinctions et leur enlève leur raison d’être, car il n’a évidemment pas fait disparaître les différences de nature individuelle entre les hommes, différences desquelles résultent précisément les distinctions dont nous parlons(109). D’ailleurs, si le principe Christos, c’est-à-dire le Verbe Rédempteur (aspect de Vishnou)(110), s’est manifesté aux hommes il y a dix-neuf siècles(111), c’est, d’après les paroles mêmes de l’Évangile, « pour accomplir la Loi, et non pour la détruire ». Or cet accomplissement de la Loi consiste dans son universalisation pour les Mlechhas de l’Occident(112), parmi lesquels les Juifs seuls étaient alors chargés de sa conservation ; les applications de la Loi doivent sans doute varier suivant les circonstances, mais la Loi elle-même n’en est pas moins une, et, s’il est vrai que les prescriptions spéciales au peuple juif n’auraient aucune raison d’être chez d’autres peuples(113), il ne peut en être ainsi des principes fondamentaux qui constituent l’essence même de la Loi.
Une autre remarque importante, que nous devons encore faire ici, c’est que l’investiture royale, conférée par les représentants directs de la Tradition, c’est-à-dire par la caste sacerdotale(114), constitue à proprement parler le Droit divin(115), sans lequel il ne peut y avoir aucune royauté régulière. Si cette idée du Droit divin a subi en Occident, à des époques récentes, certaines déviations d’autant plus regrettables qu’elles tendent à légitimer les abus de l’absolutisme, la faute en est, non à la Tradition, mais à l’incompréhension d’individus qui, n’étant pas les possesseurs immédiats de cette Tradition, s’attribuent cependant le droit de l’appliquer, et naturellement l’appliquent mal(116) ; ceci est d’ailleurs vrai dans tous les cas où il s’agit d’une atteinte quelconque portée à l’orthodoxie.
Mais il nous faut maintenant quitter ce sujet, sur lequel beaucoup de choses resteraient encore à dire, pour revenir à des considérations se rapportant plus directement à l’Archéomètre. On verra cependant par la suite que les indications que nous venons de donner étaient nécessaires, et nous devrons encore y ajouter plus tard d’autres notions générales sur la Doctrine traditionnelle et sa conservation à travers les différentes périodes successives de l’humanité terrestre, jusqu’à l’époque actuelle.
La première question que nous ayons à étudier maintenant se rapporte à l’arithmologie des XXII lettres de l’alphabet watan ; nous donnons ici la figure synthétique résumant cette arithmologie, et montrant comment les nombres, envisagés qualitativement, prononcent le critérium divin de la constitution de IEVE(117). Au centre sont indiquées les valeurs numériques des XXII lettres, réparties en trois catégories, comme nous l’avons indiqué précédemment(118) : les III lettres extraites, qui sont les lettres mères ou constitutives(119), et les XIX lettres figurant dans l’Archéomètre, ces dernières comprenant elles-mêmes la Gamme des VII planétaires et le Mode des XII zodiacales(120). Ce nombre 19, égal à 12 + 7, donne 10 par réduction, c’est-à-dire par addition des chiffres dont il est formé(121). Au-dessous des lettres sont inscrites leurs valeurs numériques(122), avec la somme des valeurs des lettres de chacune des trois catégories, et la somme totale : 461 + 469 + 565 = 1495(123), nombre qui donne encore (ainsi, d’ailleurs, que son second élément 469) 19 par une première réduction, et 10 par une seconde. Nous n’avons pas à revenir sur ce point, l’ayant déjà expliqué, ainsi que la signification des mots sanscrits qui sont formés par les lettres correspondant aux chiffres respectifs de ces quatre sommes, et qui, dans la figure, sont écrits au-dessous de ces chiffres, transcrits eux-mêmes dans l’alphabet watan(124). Rappelons seulement que ces mots sont : Dêva, divinité ; Dêvata, déité ; Jîva, vie universelle, ou vie absolue (envisagée en principe, indépendamment de ses manifestations individualisées) ; Aditî, indivisible vie. Enfin, 469, somme des valeurs des VII planétaires, se réduisant à 10, nombre de la lettre י, et les chiffres de 565, somme des valeurs des XII zodiacales, correspondant respectivement aux trois lettres הוה, on a ainsi le Tétragramme divin יהוה, qui, dans la figure, est écrit dans les alphabets watan et hébraïque, et est interprété par « Moi, la Vie absolue », ou « Je suis la Vie absolue ».
En effet, la lettre י et ses équivalentes marquent l’affirmation de l’Être : Ya, Je ; elles appellent le Verbe. En hébreu, le nom Iah (יה) désigne Dieu s’affirmant, entrant en acte par son Verbe, c’est-à-dire la Puissance divine se manifestant(125). En sanscrit, Ya indique la Puissance unitive, la Puissance donatrice, la Puissance de la Méditation sacrée, l’Émissive de l’Aller et la Rémissive du Retour. C’est aussi la Puissance principielle féminine, et, dans un sens inférieur, la désignation du sexe féminin (symbolisé par la Yoni), car cette lettre (équivalente à Y ou I consonne)(126) est, comme nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises, un signe féminin : elle correspond à la Sagesse divine, à la Reine du Ciel des anciens Patriarches et des Litanies de Marie Assomptionnée. Nous avons dit aussi que la lettre י est la Royale des alphabets archéométriques, solaires et solaro-lunaires(127), et ceci est rendu manifeste par la figure arithmologique que nous étudions actuellement. C’est la première lettre des noms du Père et du Fils : ils sont consubstantiels en elle. Sa note est sol fondamental, sur lequel sont constitués toute la sonométrie et tout le système musical de l’Archéomètre, que nous aurons à étudier dans la suite. Sa couleur est le bleu(128), son signe zodiacal la Vierge(129), sa planète Mercure, son Archange Raphaël Trismégiste, nommé aussi Hamaliel par les Kaldéens. Dans l’année liturgique, elle correspond à l’époque de l’Assomption (15 août)(130).
La lettre י a pour antagoniste la lettre מ, la Royale des alphabets lunaires et désarchéométrés ; c’est là la clef du Livre des Guerres de IEVE, « guerres de la Royale I ou Y contre l’usurpatrice M »(131). Cette lettre מne répond plus au Ya, au Je, qui commande le Verbe, mais au Me, au Moi, qui se replie sur lui-même. Elle correspond, non plus au Principe divin ni à la Biologie divine où toute vie immane pour l’Éternité, mais à l’Origine naturelle et à la Physiologie embryogénique du Monde, d’où toute existence émane temporellement. Elle ne se rapporte plus à la Sagesse de Dieu, en qui toute pensée est un être principiel, mais à la Mentalité humaine, en qui toute conception est abstraite(132) : c’est la Pallas de la doctrine orphique(133), la Menerva ou Minerva, le Manou féminin de la doctrine étrusque(134). En sanscrit, Ma indique le Temps, la Mesure, la Mère (en hébreu אם), la Passivité, la Lumière réfléchie, la Réflexion, la Mort. Mâ(135) exprime la négation(136) ; comme racine verbale(137), il signifie mesurer, distribuer, donner, façonner, produire, résonner, retentir. En hébreu, la lettre מ indique la Puissance embryogénique, le développement dans le Temps et dans l’Espace ; cette même lettre exprime aussi la possibilité, l’interrogation(138) ; enfin, nous avons vu qu’elle représente l’élément eau (מים)(139). Sa note est ré, sa couleur le vert de mer, son signe zodiacal le Scorpion(140), sa constellation complémentaire le Dragon des Eaux Célestes, sa planète Mars. Son Ange est double : Kamaël(141), l’Amour physique de l’Espèce, présidant à la Génération ; Samaël, présidant à la Mort qui en est la conséquence(142). Dans l’année liturgique, elle correspond à l’époque de la Toussaint et de la célébration des Âmes désincarnées (1er et 2 novembre).
Après cette digression, revenons à la figure qui résume toute l’arithmologie qualitative, et dont nous n’avons encore considéré que la partie centrale(143).
(À suivre.)