Mars 1948

With an Introduction by Robert Allerton Parker (« Asia Press », The John Day Company, New-York).

Ce livre, le dernier qu’ait publié notre regretté collaborateur avant sa disparition si soudaine et imprévue, est un recueil d’articles choisis parmi ceux qui sont susceptibles d’atteindre un public plus étendu que celui auquel pouvaient s’adresser la plupart de ses autres travaux, et concernant en grande partie, sous ses divers aspects, la question des rapports de l’Orient et de l’Occident. Comme nous avons déjà rendu compte de ces articles, nous nous bornerons, ainsi que nous l’avons fait pour ceux que contenait un précédent recueil, à en donner l’énumération en indiquant les numéros de la revue où nous en avons parlé : Am I my Brother’s Keeper ? (no de juin-juillet 1946) ; The Bugbear of Literacy (no de juin-juillet 1946) ; Paths that lead to the same Summit (no de janvier-février 1947) ; Eastern Wisdom and Western Knowledge (no de juin-juillet 1946) ; East and West (no de décembre 1946) ; « Spiritual Paternity » and the « Puppet Complex » (no d’octobre-novembre 1947) ; enfin, Gradation, Evolution, and Reincarnation, dont on a pu lire la traduction ici même (no d’octobre-novembre 1947). — Dans son introduction, M. R. A. Parker, après avoir esquissé la biographie de l’auteur, s’attache à définir le point de vue traditionnel auquel il s’est placé dans l’ensemble de son œuvre, et plus particulièrement dans ses études sur l’art ; il termine, à propos d’Eastern Wisdom and Western Knowledge, par quelques lignes à notre adresse et à celle des Études Traditionnelles, pour lesquelles nous devons lui exprimer tous nos remerciements.

Adwaita Ashrama, Mayavati, Almora, Himalayas.

Le titre de ce petit volume nous paraît plutôt malencontreux, car nous ne comprenons vraiment pas comment on peut songer à réduire le Yoga à la mesure de ce point de vue étroitement borné et purement profane qui caractérise ce qu’on est convenu d’appeler le « sens commun ». L’ensemble ne modifie d’ailleurs pas sensiblement l’impression que nous avions eue en lisant une traduction du premier chapitre, intitulée The « Mysteries » of Yoga, parue dans un numéro spécial des Cahiers du Sud sur l’Inde (voir à ce sujet no de décembre 1945). Ce n’est pas dire, sans doute, que tout soit mauvais là-dedans ; nous ne pouvons qu’approuver entièrement l’auteur quand il dénonce certaines idées fausses et certaines fantasmagories suspectes, et quand il proteste contre les trop nombreuses entreprises plus ou moins charlatanesques qui, de nos jours, se couvrent du nom usurpé de Yoga, et qui ne doivent d’ailleurs leur réussite qu’à l’ignorance complète de l’immense majorité des Occidentaux en ce qui concerne les choses de l’Inde (et nous pourrions même tout aussi bien dire de l’Orient en général) ; mais, si tout cela est assurément loin d’être inutile, ce n’est pourtant encore que « négatif » en quelque sorte. Les chapitres suivants envisagent successivement en particulier le Bhakti-Yoga, le Karma-Yoga, le Jnânâ-Yoga et le Râja-Yoga ; nous pensons pouvoir donner une idée suffisante de la façon dont ces sujets y sont traités en disant qu’elle est entièrement conforme aux conceptions de Vivêkananda, sous le patronage duquel le livre est d’ailleurs placé. L’auteur déclare expressément que son intention a été « d’exposer la science du Yoga d’une manière aussi simple et rationnelle que possible » ; la vérité est que ses vues paraissent un peu trop « simplistes », et qu’il ne semble pas se rendre bien compte qu’il y a des réalités qui sont d’ordre supra-rationnel. Ce que nous trouvons en somme de plus frappant dans tous les écrits de ce genre, c’est, comme nous l’avons déjà noté, qu’on n’y aperçoit rien du caractère initiatique du Yoga, caractère qui est pourtant, au fond, celui qui en constitue l’essence même, mais qui est évidemment incompatible avec la tendance moderne à tout « vulgariser ».