L’ARCHÉOMÈTRE
(suite)(*)

L’interprétation que nous avons donnée du nom d’Abraham(184), exprimant les finalités des âmes dans le trigone des Eaux Vives, comme ce que nous avions dit précédemment au sujet du nom de Brahmâ(185), se déduit immédiatement de sa formation dans ce trigone, par l’union des trois zodiacales précédées de la planétaire lunaire, et auxquelles est jointe la lettre du centre, A, placée en initiale dans la forme hébraïque (involution), et en terminaison dans la forme sanscrite (évolution)(186). Ce nom désigne la Puissance qui préside à la seconde naissance (initiation baptismale ou régénération par les Eaux)(187), celle de l’âme par la Foi, par la Grâce(188), le Père des Croyants(189). En lisant en sens inverse le nom aBRaHaM, il devient MaHâ-RaBa, la Grande Maîtrise(190) ; c’est aussi MaHâ-BaRa, la grande création par la Parole, et son résultat, l’Acte, le poème divin. En hébreu comme en sanscrit, la racine BRA exprime l’idée de création(191) : ces trois lettres forment le second mot de la Genèse, ברא, répétition de la première moitié du premier mot, בראשית, sur la formation archéométrique duquel nous aurons à revenir encore.

Nous devons faire remarquer ici que, en formant dans le Trigone de la Terre des Vivants le nom exactement homologue de celui de BRaHMâ (par l’union de la planétaire du sommet, qui est ici celle de Saturne, avec les trois zodiacales et l’a terminal), on obtient SOPhIa (Σοφία), la Sagesse Divine(192). Le serpent, qui est un des symboles de la Sagesse(193), est appelé en grec OPhIS (ὄφις), nom formé des mêmes lettres que celui de SOPhIa (moins l’a final), la lettre initiale S (ou Σ) devenant ici terminale(194). On sait, d’autre part, que OPhI, ou, lu dans l’autre sens, IPhO, est aussi l’un des noms du Verbe(195), et plus particulièrement du Verbe considéré sous son aspect de Rédempteur. Le même rapport symbolique est marqué par la figure biblique du Serpent d’Airain, image du Sauveur Crucifié(196) ; cette figure peut être représentée schématiquement par l’union des deux lettres S et T, dont les correspondantes hébraïques ש et ת, les deux dernières lettres de l’alphabet, forment le nom de שת (Sheth), et sur la signification hiéroglyphique desquelles nous aurons à revenir.

Le Serpent, pris dans cette acception, est l’Ἀγαθοδαίμων des Grecs, le Kneph égyptien, tandis que, dans sa signification inférieure et maléfique(197), il est le Καϰοδαίμων, l’Apap égyptien(198), le נחש biblique(199), le Vritra védique(200) ; il est l’Hydre des Ténèbres, Typhon ou Python, vaincu finalement et tué par le Héros solaire, Osiris, Apollon, Héraklès, Mikaël(201). Réunis, les deux Serpents symboliques représentent les deux courants ascendant et descendant (évolution et involution) de la Force Universelle, qui, s’enroulant autour de l’Axe du Monde, forment la figure du Caducée, dont on connaît l’importance dans le symbolisme gréco-romain(202). Nous aurons encore l’occasion de revenir sur ce symbole du Serpent, mais ce que nous venons d’en dire ici suffit pour faire comprendre que, pris dans son sens supérieur et bénéfique, il ait joué un grand rôle dans certaines traditions gnostiques, telles que, en particulier, celle des Ophites, à laquelle il a donné son nom(203).

(À suivre.)